Les meilleurs avis sur les Romans érotiques
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Les plus : Une qualité historique et littéraire certaine.
les moins : L'horreur absolue du récit, torture, inceste, pédophilie, viol, meurtre, nécrophilie, zoophilie, etc.
Difficile de parler de ce livre sans le replacer dans son contexte.
Sade, libertin et esprit libre de son époque, virevolte d'une prison à l'autre, d'une condamnation à l'autre. Du donjon du château de Vincennes à la Bastille en passant par un hôpital psychiatrique, il passera 27 années de sa vie enfermé du reste du monde. C'est dans la fameuse prison parisienne que l'auteur rédige "Les 120 Journées de Sodome" sur un petit rouleau qu'il cache de ses geôliers. L'ouvrage ne sera pas terminé et disparaîtra peu après sa sortie de la Bastille, à son grand damne. Ce n'est que bien plus tard qu'il sera retrouvé puis publié, non sans avoir à subir la censure jusqu'à récemment.
Il est important de notifier que Sade, déjà très déséquilibré mentalement, n'a que son imagination pour seule échappatoire cellulaire. Du délire, il passe clairement à la psychose, allant jusqu'à se parler à lui-même par écrit, à la deuxième personne du pluriel. Ce livre est donc le discours fantasmatique d'un psychopathe total, gangréné par la folie héritée d'une éducation, d'un environnement et d'un isolement qui l'on rapidement ruiné.
"Les 120 Journées de Sodome" raconte les pratiques sexuelles d'un groupe de personnes, hommes et femmes, issus de différentes couches de la société. Leur but, un peu à la manière du film "La Grande Bouffe", est de se cantonner dans un lieu et d'assouvir leur pires instincts durant 120 jours.
Ces personnages enlèvent, torturent, mutilent, tuent, viols, massacrent tout et tout le monde, d'un nouveau-né dans le berceau aux personnes âgés en passant par des animaux. Je ne rentrerai pas dans le détail, mais je tiens à insister sur le caractère absolument horrible et criminel de ce livre.
Il n'y a rien à ajouter de plus, si ce n'est que j'en déconseille très fortement sa lecture à toute personne censée, et en redoute celle réalisée par des personnes dangereuses. Clairement, si je devais jeter un livre au feu, ce serait celui-là.
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Les plus : très belle écriture, procédées très efficaces de séduire le lecteur
les moins : je n'y trouve pas (si c'est un fantasme, que pourrait-on lui reprocher alors ?)
Ce roman, j'ai longtemps voulu le lire. A cause de son renom. Mais je n'ai pas été préparée pour le grand plaisir que cette lecture est à même d'octroyer. Je ne connaissais pas le CDS quand j'ai reçu et lu ce roman (je voulais le lire en français). Je l'ai relu récemment pour rafraîchir ma mémoire avant de laisser l'avis. Le plaisir éprouvé n'a perdu rien de sa force à une seconde lecture.
Le charme de cette écriture a eu grand empire sur moi. Je pense que le fait d'adhérer aux comportements répertoriés dans ce texte ne devrait pas influer sur l'effet que les éléments formels font naître. La plume de Dominique Aury est d'une beauté renversante. Elle construit ses phrases avec la maîtrise d'un bijoutier qui épouse créativité à un sens étonnant de l'harmonie. Ce texte est une collection des bijoux syntagmatiques, chaque page semble un petit écrin rempli de pierres précieuses.
Le roman en soi n'est pas ni dérangeant, ni choquant. C'est une histoire d'amour, un peu à part. Mais une histoire d'amour tout de même. Et une très belle, qui plus est. O ne m'a pas semblé une poupée sans volonté : elle participe activement à toute étape de son évolution. Pour paradoxal que cela pourrait sembler, elle est active en étant passive. Elle accepte de se soumettre. Elle peut dire oui ou non. C'est un choix comme le sien ce qui rend ses maîtres maîtres. Sans sa volonté à elle, ils restent que les supports vivants d'une esquisse de volonté ou fantasme.
C'est cette optique qui, à mon avis, explique pourquoi l'amour de O se dirige ensuite vers Sir Stephen. Il est sa pierre de touche, son eau régale. C'est lui qui fait briller l'or dans O. René était un entraînement, Sir Stephen est le jeu final. O et Sir Stephen se complètent magistralement.
Ce qui me dérange en fait c'est la tendance de définir le roman à travers trois ou quatre bribes qui peuvent bousculer les esprits plus délicats. Ce sont effectivement des bribes qui ont leur rôle, mais présentées ainsi elles sont mises dans un autre contexte que celui où elles brillent dans la symbolique plus proche du ton du roman. En fait, ce qui subit le corps d'O me rappelle un fragment d'un roman de Michel Tournier : Gaspard, Melchior et Balthazar. Le roi "esthète", Balthazar médite sur les tatouages. Il parle du corps humain qui devient un bijou lui-même une fois orné de cette "amulette permanente", ce "bijou vivant [...] qui fait partie de notre corps." La peau tatouée devient "logos". L'idée a déjà été exploitée par Garcia Marquez dans son célèbre Cent ans de solitude, où un des personnages retourne de son tour du monde entièrement couvert des tatouages. Il ne raconte pas ses péripéties, mais tout le monde les connaît car il suffit de "lire" son corps.
Or donc, O, avec son corps marqué devient le document vivant de son histoire, de sa conception de la vie, de l'amour. Il y en a qui se contentent d'une alliance, d'autres d'un certain type de vêtement, d'une coupe de cheveux pour signaler ou exprimer leur crédo. D'autres gardent un journal intime ou rédigent des mémoires. O est plus graphique que cela. Son propre corps assume le rôle de narrateur de son histoire. Qui - je prends plaisir à le répéter - est une histoire d'amour. Son histoire est vivante.
Une autre aspect que j'ai aimé : le manque de fin. L'auteur en propose deux. Le lecteur est invité à faire travailler son propre imagination. C'est un coup réussi de l'auteur, car ainsi elle parvient à lier le lecteur à ce texte, à l'impliquer dedans.
Un must littéraire. Et en ce qui me concerne, un coup de cœur.
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Les plus : on rève tous de mener la vie de l'héroine et de son compagnon
les moins : style, psychologie des personnages, absence d'histoire...
Diane, jeune trentenaire à qui tout réussi, se lasse de son job et s'octroie donc une année sabbatique, pendant laquelle elle part rejoindre son compagnon Etienne qui vit en France. Au cours de l'été, ils accumulent les belles rencontres et expériences.
Le récit se fait à la première personne, du point de vue de Diane. Elle raconte, comme elle le ferait dans un journal intime, ses expériences et détaille ses ressentis.
J'ai trouvé le style de ce récit tout à fait déplorable : j'avais l'impression de lire un livre pour enfant, dans lequel on aurait glissé des pages d'un scénario de film porno. Le ton naïf, l'émerveillement constant de cette jeune femme ne cadrent pas du tout avec les passages "érotiques" (pornographiques): Diane est sans arrèt abasourdie, tout est merveilleux, unique, incroyable...les superlatifs guettent à tous les coins de ligne. Quand elle ne s'extasie pas sur les sensations qu'elle ressent, Diane nous décrit avec beaucoup de délicatesse comment elle s'est fait b***** toute la nuit, jusqu'au petit matin et après le petit déjeuner (diable, ne souffrent-ils pas d'irritations?), avec des q***** et des ch***** s'entremêlant dans tous les sens. A tel point qu'il m'a fallu une fois relire à plusieurs reprises la phrase pour comprendre de quoi il était question. Le vocabulaire passablement cru, dénué de toute finesse, est en plus répétitif ( en moyenne deux mots pour chaque partie du corps ou acte, d'une correction discutable ) .
Les rencontres de Diane et son compagnon tournent vite en histoire d'un amour unique, spécial, beau, émouvant...à vous en mettre la larme à l'oeil. Au risque de passer pour une cynique, j'accroche assez mal à cette vision du sexe comme une "communion", "une force qui nous guide et nous pousse à nous dépasser[...]qui n'a pas de nom, pas de forme". "La communion de nos corps et de nos sentiments me paraissait être la plus belle chose du monde, la forme la plus parfaite de l'amour." (rien que ça.) Les personnages sont lisses et superficiels : lointains, ils ne semblent connaitre ni colère, ni jalousie, ni fatigue. Ils ne sont qu'émerveillement et bienveillance. (et endurance) Diane me fait l'effet d'une ravissante idiote, une adolescente qui croit qu'elle a découvert les secrets du sexe parce que les hommes la trouvent désirable et ont envie de la "b*****". Elle prétend maîtriser sa vie, mais se laisse en fait porter par le courant, trouvant que tout ce qui lui arrive est fantastique et que son homme est formidable de lui faire découvrir tant de choses, n'évoquant en moi que l'impression d'une jolie poupée de film porno, toujours d'accord, toujours émerveillée, même si ça fait mal, au nom de la communion ultime qu'est le sexe.
L'incongruité des rencontres fait penser à un film porno de base. On s'attend à ce que le réparateur de machine à laver se trouve derrière la porte avec son physique de bodybuider et sa salopette négligeamment dégraffée. Mais il peut paraitre naturel à certains de dormir nue avec ses amies dans un lit, d'inviter ses collègues de bureau, ou le monsieur qui a gentiment accepté de nous offrir des cigarettes à partager sa femme. Je n'en doute point. Evidemment, on voit arriver les scènes de sexe grosses comme des bateaux, introduites avec la subtilité d'un élève de CM1 s'appliquant sur la rédaction des péripéties de ses vacances.
En point positif, je dirais que ce livre nous fait prendre conscience du fait que ça doit être bon d'être beau, jeune et fortuné, de pouvoir vivre une vie loin des préoccupations matérielles, dans la simplicité, l'émerveillement, la jouissance et les bons sentiments.
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Les plus : Excitant, troublant, intense
les moins : Pervers, violent, cruel (mais dans le monde décrit par le livre, j'ai vaguement l'impression que les points négatifs et les points positifs s'inversent, se mêlent et se confondent...)
Elle s'appelle Blanche et vit semble-t-il dans la région de Bordeaux. Elle est profondément amoureuse de son maître, l'aime-t-il aussi fort ? Peu importe, car "donnez-moi d'aimer une seule fois plutôt que d'être aimée dix fois." Il l'entraîne, l'enchaine, la livre, dans un tourbillon d'aventures extrêmes. Blanche éprouve l'âpreté de la douleur et l'exaltation de la réussite, elle semble s'épanouir et (paradoxalement ???) devenir meilleure en étant par moments réduite à la simple fonction d'objet de plaisir.
Vanessa Duries montre que le soumis n'est peut-être pas celui qu'on croit, ou, dit autrement, que le rôle le plus difficile est probablement celui du dominateur. Elle conspue au passage les faux dominateurs sans autorité, et cette partie du monde des échangistes qui, sous couvert de libertinage, ne font que recycler les poncifs les plus éculés et reproduire les schémas de domination sociale et sexuelle dominants.
Longtemps j'ai cru qu'elle s'était suicidée (un grand hebdomadaire français qui avait publié quelques un de ces textes le disait, alors je l'ai cru...) J'avais interprété son "suicide" en imaginant qu'elle avait perdu le lien fort qu'elle avait noué avec son maître et que cela l'avait détruite. Sa mort accidentelle alors qu'elle était très jeune en fait un mythe, truisme : comme James Dean. Et elle était tellement belle !
A mon avis, la lecture du Lien est une expérience particulière et intéressante pour quiconque aimerait comprendre quelque chose des relations SM. Si le texte me semble insuffisamment abouti et trop descriptif sur l'alchimie de la relation entre le S et le M, je n'ai en revanche lu nulle part encore de si parfaite description sur le vécu de la personne dominée, notamment sur les relations entre plaisir et douleur.
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Les plus : Absolument tout est beau!
les moins : Je n'y trouve aucun.
Tristesse et Beauté, écrit en 1964, est le dernier roman de Yasunari Kawabata. Quatre plus tard, Kawabata sera le premier écrivain japonais à recevoir le prix Nobel pour la littérature.
Ce roman peut se résumer, à mon avis, dans un seul mot : TROUBLANT !
Oki, écrivain, à l’aube de la trentaine et père de famille, a une liaison avec Otoko, une splendide adolescente de 16 ans. Oki choisit pourtant de retourner avec sa famille et se sépare d’Otoko. Cette liaison sera le sujet du roman qui apportera la célébrité à Oki. 25 ans plus tard. Oki se rend à Kyoto, sur l’invitation d’Otoko, pour la fête de la veille du Nouvel An. Mais Otoko, désormais une peintre appréciée, ne le reçoit pas seule : une fille d’une beauté démoniaque l’accompagne : Keiko, son apprentie et amante. Et l’histoire peut commencer.
Par rapport aux autres romans de Kawabata que j’ai lus, ce roman se distingue par le fil épique plus manifeste et la présence d’une intrigue qui assemble les images élaborées dans le style pictural/photographique de Kawabata. C’est un peu inattendu, mais la surprise est de plus agréable.
Là où Kawabata reste fidèle à ses thèmes c’est l’érotisme suggéré, mais qui s’insinue dans chaque page traversée par une présence féminine engendrée par l’imagination de cet écrivain.
La beauté d’Otoko, sublimée par la tristesse, qui inonde ses peintures en faisant éclore une autre beauté. (D’ailleurs, la peinture y joue son rôle dans le roman : instrument d’expression personnelle, elle est a la fois instrument de séduction, de convalescence et rédemption. C’est, au demeurant, un léger cours de peinture japonaise…)
La beauté de Keiko est évoquée de façon obsédante, hypnotisante. Elle est comme une toile d’araignée : éthérée, fascinante, irrésistible, inévitable! Elle absorbe le lecteur et d’une certaine façon, met en marche l’intrigue du roman.
La relation des deux amantes se reconstitue des fragments que l’auteur semble de leur dérober comme des petites bribes précieuses : le regard dont l’amante qui veille enveloppe l’amante plongée dans ses rêves, la toilette intime (rasage du front, épilation…), les courtes conversations a demi-mot…
Les rapports femme-homme sont gouvernés par une intimité touchante, charnelle et parfois douloureuse.
Bref, sans être un roman érotique dans l'acception occidentale, l’œuvre est bercé par l’érotisme dégagé par ses héroïnes. Au fil des pages, on flotte entre le paradis perfide de la beauté et le purgatoire rédimant de la tristesse, comme les îles qui sont la patrie de Kawabata flottent dans l’océan.
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Les plus : invite à la réflexion sur la condition de la femme des bas milieux sociaux
les moins : pas le moindre effort de captatio benevolentiae envers le lecteur
Sans avoir un souvenir précis du quand et où j'ai appris de ce roman pour la première fois, il me fut offert il y a un an par partner in crime. C'est une lecture qui ne m'incite pas trop à publier un avis dessus. Parce que je n'aime pas trop poster d'avis très critiques.
Le sujet est apparemment censé d'être scandaleux. Pourtant aucun élément ne m'a pas fait trébucher. Nonobstant, j'ai avancé péniblement, mais ce n'était pas à cause de quelque difficulté de comprendre le texte. Par contre, je m'arrêtais souvent tout bonnement parce que le texte ne parvenait pas à me captiver.
Le roman se découpe en 3 parties: - présentation des deux héroïnes et du concours d'évènements qui aboutit dans leur rencontre; - leur aventure commune; - le dénouement assez prévisible - il y a que deux issues et - pratique - l'auteur en accorde une à chacune de ses deux héroïnes!
A chaque fois, l'auteur aurait pu exploiter ce qu'en narratologie s'appelle le "code herméneutique" : jouer avec les éléments de façon à appâter le lecteur en attisant son curiosité et provoquant l'impatience de poursuivre avec entrain cette lecture. Dans mon cas, rien de tout cela, même s'il s'agit des faits qui ont malheureusement lieu dans le monde et contre lesquels il faut entreprendre quelque chose - ne serait-ce que les dénoncer pour que les gens en soient conscients...
L'auteur orne quelques chapitres avec des citations de Bukowski. Ayant en commun le style (très) trash, ces deux auteurs ne sont pas à approcher pour autre raison. La mélancolie poétique qui danse entre les lignes et l'humour noir que l'on rencontre chez Bukowski, et qui prêtent à la réflection, sont absentes dans les pages du roman de Despentes. (Ou bien, ai-je omis quelque chose? ) Bref, dans mon cas, ce fut une lecture barbante.
Niveau érotisme, je suis d'accord avec Eddie75. Qui cherche de l'érotisme dans ce roman, risque - à mon avis - d'être déçu. La présence de scènes très explicites (et passablement fréquentes) n'a pas comme but d'agrémenter un tableau destiné à toucher les sens. Elles s'accordent par contre aux tonalités ternes et étouffantes qui composent cette peinturlure à son propre détriment: si l'auteur tente d'y transmettre un message, celui-ci n'arrive plus à s'imposer. Ou, pour le moins, j'étais trop vannée pour en avoir encore envie.
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Les plus : portrait généreux d'une époque,souvenirs dans un ton serein, humour savoureux
les moins : c'est plus cher, mais je préfèrerai toujours une reliure cartonnée
1981, Roumanie : Aretina avait 5 ans et vivait le très important moment de tout scion de la patrie : elle devenait "faucon de la patrie", la première étape du parcours de tout futur architecte de l' "époque d'or". Et la chevelure d'Aretina commençait le calvaire auquel la condamnait l'admiration démesurée de son père pour la coupe de cheveux de Mireille Mathieu.
Même année, en France : Étienne Liebig a 20 ans, mène une existence aux vagues échos de Hank Chinaski, mais moins trash, beaucoup plus sociable et plus friand de lectures. Le 10 mai 1981, François Mitterand devient président de la république. La gauche arrive au pouvoir. Ce qui remplit le jeune Étienne d'espoir. En fait, il est persuadé que désormais tout ira vers le mieux. Le compte-rendu de cette période est le roman Je n'ai jamais rencontré Mitterrand, ni sa femme, ni sa fille...
Etienne Liebig espère, attend et a confiance. Il rêve de croiser François Mitterand. Et lorsqu'il soigne cet objectif - avec des efforts et "sacrifices" parfois très hilarants - il vit. La vie ne se fait pas attendre - amis, famille, travail, lectures, soucis divers - et l'occupe pleinement. Tout comme les filles - car on aura beau à être citoyen, on est humain avant tout - qui, avec leur charme, beauté, folies, extravagances et générosité, savent enrichir et embellir ce bazar d'idées et émotions que sont les 20 ans. Filles qui, avec leur volupté, bizarreries et les éternelles petites stratégies féminines le font découvrir, l'apprennent et effacent l'arrière-gout pas toujours joyeux laissé par le train-train quotidien.
Étienne Liebig a une plume désopilante : les 251 pages où il égrène ses péripéties amènent souvent le sourire sur les lèvres. En l'accompagnant sur son scooter ou dans son vieux Audi 80 "reloaded" par l'auteur même, on traverse une époque, que l'auteur fait revivre ... pas avec de l'eau de rose, mais avec une fraiche gorgée de cordial, flanqué d'une bonne dose d'humour. Le texte rappelle la structure du journal intime : les dates qui se succèdent marquent les évènements divers de la scène sociale et politique... Le parallélisme dissymétrique (évènement politique résumé en quelques mots, journée du protagoniste retracée avec des détails) est évocateur quant à l'incidence des actions des dirigeants et les faits qui remplissent les jours des des "dirigés". La vraie vie est ici et maintenant.
Son discours est savoureux, Liebig garnit le texte avec des comparaisons succulentes et ses reparties decontractantes. Le style est fringant, le ton est franc, la structure est fluide.
Bref, une lecture délassante, qui instruit et reconstruit un époque. Et le mérite principal : la voix n'est pas ni celui du victorieux, ni celui du défait, mais tout simplement un témoignage livré sans amertume, sans mièvrerie et sans rancune.
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Les plus : langue soignée, cohérence du texte, narration élégante, inventaire surprenant de pratiques
les moins : le censure qui guette comme une éminence grise et qui est à l'origine de certaines réticences de la part de l'auteur, réticences qu'il évoque par le truchement de sa héroïne
"Fanny Hill" musardait sur l'étagère de la plus grande libraire de ma ville, parmi une foule d'autres tomes d'une célèbre maison d'édition anglaise. Il est important de préciser que j'ai lu ce roman anglais, donc une partie de mes points positifs sont à jauger de cette perspective.
Le roman en soi est le premier de son genre en Angleterre. Publié en 1749, il valut à John Cleland et à son éditeur des ennuis juridiques qui le forcèrent d'en rédiger une version mitigée en 1750. Malheureusement, ce livre sera anathématisé jusqu'à la seconde moitié du XXe siècle, quand il fut enfin exempté de l'accusation d'être un livre obscène. "Fanny Hill", réhabilitée, trône dès lors dans d'élysée de la littérature érotique.
Ce roman suit la mode des romans épistolaires, très courants à l'époque. Frances (apellée Fanny) Hill relate son parcours en deux amples lettres à une dame dont l'identité reste mystérieuse (et elle n'intéresse point). Notre héroïne retrace son chemin d'orpheline désemparée qui tente sa chance dans la grande ville jusqu'à son état actuel d'épouse et mère comblée. La description de ce trajet est une liste qui présente mœurs et pratiques d'alcôve de la société anglaise du XVIIIe siècle. Presque toute pratique et philie connue à l'époque y est répertoriée: homosexualité féminine et masculine, amour pluriel, fétiches, sado-masochisme... Les seules pratiques absentes sont celle inconnues pour des raisons purement chronologique.
On peut observer l'ascension de Fanny au fur et à mesure qu'elle découvre les pratiques: les plus communes et faciles à obtenir, vers le début, les "raffinements" quand sa réputation commence à prendre des contours et sa situation financière à devenir de plus en plus prospère: destinée à faire compagnie galante aux messieurs qui fréquentent des bordels, elle finit par avoir des clients privilégiés (un féru de flagellation, un trichophile autumnal) qui récompensent royalement son temps et participation.
Il serait d'ailleurs très prudent de ne pas se précipiter à cataloguer ce livre comme lecture légère: abstraction faisant du genre, le texte est parsemé de considérations philosophiques qui permettent de le classifier également comme tableau social et invitent à réfléchir sur la condition des femmes nées hors des sphères où une ombre de protection leur était assurée.
Un livre qui mérite d'avoir sa place dans chaque bibliothèque. A recommander chaleureusement.
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Les plus : style et qualité de l'écriture, rareté de ces textes
les moins : certains passages du second textes sont vraiment très dérangeants
Ce livre est assez intriguant. Il rassemble deux textes dont les noms évoquent des plumes féminines. Ce n'en est pas ainsi : Jeanne d'Asturie fut le pseudonyme choisi par Jean Cau, alors que l'identité réelle de Nicole Autrain restera un mystère.
De par leur contenu, ces textes étaient pur explosif à l'époque de leur première parution, la fin des années 1940 : La couleur des draps vers 1948, Carnet d'une invertie entre 1949-1950. Il vaut peut-être mentionner que Histoire d'O parut à la même époque. Ce détail peut avoir son importance ou pas.
Un autre point partagé par ces deux textes : l'écriture. On devine deux styles, deux imaginaires et deux vocabulaires distincts. Mais l'écriture est tout aussi raffinée, élégante, épurée dans un cas comme dans l'autre.
Sinon, les deux textes empruntent des chemins séparés.
Jeanne d'Asturie : La couleur des Draps Il s'agit du journal d'une jeune femme de 23 ans, avec un penchant (post-adolescent ou pré-midlife crisis ?) au spleen : elle fixe beaucoup sur l'inévitable de la routine - de la vie, du couple -, sur le passage du temps, sur le déclin physique, surtout celui féminin. La fin du journal est un peu brusque, même si le cours des pensées de la jeune femme conduit le lecteur vers cette issue : elle arrête au moment ou elle se sent prise sans possibilité d'échapper au concret, au quotidien.
Ce qui peut froisser les principes de bienséance de son époque ? Sa vie érotique qui dans les années 1940 peut être définie comme légère et désordonnée. Et sa révolte contre l'uniforme de l'existence considérée décente pour une femme : une vie délimitée par la condition d'épouse et mère. Son ironie et manque d'enthousiasme par rapport à ce type d'existence est une sorte de révolte. C'est aussi une introspection du besoin de la femme d'être perçue et reconnue comme un être avec pleins droits à l'autonomie, sur tous les niveaux.
Ses réflexions sont agréables à parcourir, les dialogues avec son amoureux ont un ton intime, sans trace de sucre ou pathétisme. Les dialogues ne servent pas à ponctuer des moments critiques, et c'est un aspect que j'apprécie. Les scènes érotiques joignent la farandole des réflexions d'une façon à part : elles se construisent autour d'un detail qui s'est figé dans la mémoire de la jeune femme. Un coup d'œil dans la glace où elle contemple sa nudité, méditation sur le 69, une marque amoureuse sur sa peau... voici les choses qui déclenchent des pensées et des souvenirs décrits ensuite.
Nicole Autrain : Carnet d'une Invertie Le second texte de ce volume est un dérapage graduel dans le fantastique. C'est une fantaisie érotique où le sadisme est poussé a l'extrême. Le Paris huppé d'après-guerre semble la scène d'une pièce absurde aux personnages fabuleux s'adonnant aux comportements et pratiques sexuelles extrêmes. Une jeune femme très belle, très riche nous introduit dans son existence très peu conventionnelle : celle une lesbienne expérimentale, temperamentale, qui ne se contente pas de passions vécues à moitié.
La violence semble d'être la force motrice de ce court roman : tomber amoureuse incite à l'agressivité, faire l'amour donne envie de détruire, vivre l'orgasme va main en main avec la mort. Je me suis surprise à essayer de retrouver les correspondants des contes de fées traditionnels ! Parce qu'il ne faut pas se leurrer : chaque personnage est plutôt un symbole, ou figure archétype : le parcours de Florence, la protagoniste, rappelle les aventures initiatiques des héros de contes. La fin ne surprend pas si on choisit d'aborder le texte sous cet angle.
Les comportements sont des métaphores, les sentiments sont des hyperboles. Les images violentes, les codes de comportement sembleront peut-être familiers à ceux qui ont lu l'Histoire d'O. Ce qui fait penser que l'on a affaire en fait a ce que l'on appelle en littérature les topoi, c'est a dire des lieux communs, des images dont la présence est nécessaire dans un texte pour qu'il soit défini comme appartenant à un certain genre.
Avec ces idées en tête, je pense que ce texte est plutôt dérangeant en forme qu'en fond. Quoi que...
Pour conclure : un petit volume pour les fans de curiosa, pour les fans de l'Histoire d'O, et pour tous ceux qui aiment la bonne littérature dans tous ces avatars.
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Les plus : humour, philosophie facétieuse
les moins : texte sans trop de sève
Venus dans le cloître est un texte qui m’a longtemps intriguée : la passion dans la réclusion est un motif qui s’est installée dans mon imaginaire depuis un certains vers du Cantique des cantiques…
Ce texte me semble la contribution de l’abbé de Prat à la vogue des ouvrages de « pédagogie galante » sous forme des dialogues. En fait, sans être carrément ennuyeux, ce petit texte souffre un peu du poids des convenus.
Sans être érotique (en tout cas, pas selon la sémantique contemporaine…), c’est un petit texte leste. Sous un ton pondéré, la jouissance physique est équivalue à l’extase de l’esprit. Les mortifications imposées par le régime monacal sont honnies comme marques de la perversité de l’Eglise. Celle-ci se base sur l’ignorance et naïveté des gens (aspects qu’elle cultive soigneusement) afin de les pouvoir contrôler par le biais de la culpabilisation et le spectre menaçant de l’enfer après la mort et des malheurs durant la vie.
C’est la philosophie de la légèreté que l’on prône: du corps, qui ne doit pas connaitre le poids de la souffrance, de la conscience qui ne doit pas crouler sous le fardeau des remords, de l’âme qui ne doit pas être chargée de peine.
D’ailleurs, le choix des noms m’a provoqué un sourire malicieux : Angélique (référence qui se passe d’explications !) et Agnès (dont l’étymologie et l’assonance renvoient à la pureté) ! La première se charge d’apporter des connaissances à la seconde. Ca fait un peu Annonciation, n’est-ce pas ? Drôle d’abbé de Prat !
A titre d’anecdote : Ce fut un des romans préfères de Diderot. Qui sera à son tour, l’auteur de La religieuse.
Le texte contient des mentions fort dépréciatives des divers écrits galants de l’époque : L’école des filles et L’Académie de Dames ou les sept entretiens satyriques d’Aloïsia. (Ironie : de nos jours, Venus dans le cloître est habituellement citée en compagnie de ces deux textes comme maille qui unit les œuvres licencieuses du XVIe siècle avec les écrits libertins du XVIIIe siècle ! ? )
Venus dans le cloître a connu peu après sa première publication une traduction en anglais en 1724, qui est mentionnée dans le roman parodique [/b]Shamela de Henry Fielding. (source : Roman et censure ou La mauvaise foi d'Eros de Maurice Couturier, Editions Champ Vallon, 1996)
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Les plus : les avant-mots des dialogues, les anecdotes et situations, la "justification" des mots crus lors de l'acte amoureux ("plus" selon moi)
les moins : aucun
« L'École de filles ou la Philosophie des Dames » est une œuvre en prose datant du milieu du XVIIe siècle. La paternité de cette œuvre est très controversée: il y en a des sources qui l'attribuent au poète libertin Paul Scarron, le premier époux de la future Mme. de Maintenon. D'autres sources, indiquent Michel Millot et Jean L'Ange (ami de Scarron) comme auteurs, puisque ce furent eux à amener le manuscrit à l'imprimerie. Le livre est en général référencé avec auteur anonyme.
Des 350 exemplaires imprimes en 1655 il n'en existent plus des copies, car elles furent toutes brulées. Si l'œuvre peut être connue aujourd'hui c'est grâce à une édition de Fribourg (1668) qui servit comme support pour une réédition deux siècles plus tard, en 1865. On doit ces références historiques à Pascal Pia, qui préface l'édition de 1959 de « L'École des filles ».
Sinon, une particularité de « L'École de des filles » serait qu'il s'agit du premier ouvrage érotique en prose en langue française. Si autres genres littéraires ont fourni un ample trésor de compositions érotiques, la prose en débute ici. L'exemple le plus marquant qui vient à l'esprit sont les « Ragionamenti » de l'Aretin, les dialogues licencieux et goguenards qui lui valurent une impitoyable censure et un renom infâme à peine il fut mort. Et l'explication de l'amour comme "recherche de réunion l'homme et la femme, deux moitiés qui formaient jadis un entier, mais furent séparées" rappelle la célèbre histoire présente dans « Le Banquet » de Platon.
« L'École de Filles » consiste en deux dialogues, chacun occupant un volume. Chaque dialogue marque une étape de l'apprentissage en matière des affaires de la chair d'une jeune fille. Le second volume s'étend sur presque le double de pages par rapport au premier, puisque le second dialogue est plus ample. Une explication serait que la "maitresse" lève le voile selon les progrès de l'élève, dont les questions montrent en quelle mesure elle est prête pour des nouvelles découvertes.
Les cousines Fanchon et Susanne s'entretiennent sur les "mignardises et délicatesses de l'amour". Susanne partage son savoir récemment acquis en compagnie de son ami avec l'innocente Fanchon, qui est pourtant très avide d'apprendre. Courtisée par un certain M. Robinet, Fanchon aura bientôt l'occasion de mettre en pratique les conseils de son experte cousine. Le premier dialogue s'achève juste avant la première expérience érotique de Fanchon. Les détails de cette expérience sont étalés dans le second dialogue.
On peut effectivement affirmer que les leçons de Susanne servent à déniaiser Fanchon, car les applications qu'en fait cette dernière avec M. Robinet (quel nom... approprié! ;) ) ne l'incitent pas exclusivement à la satisfaction de ses pulsions. Elles engendrent une série de réflexions et considérations sur l'organisation sociale, sur la division des privilèges et droits au plaisir et à ses manifestations entre les deux sexes. Susanne dépeint un tableau de mœurs, certes, assez sommaire, mais suffisamment instructif.
Un joli petit bouquin, idéal pour les élevés enthousiastes. Surtout maintenant que les vacances approchent! Cela prévient la fainéantise de l'esprit et du corps également! (Ben, ne faut pas oublier les TP ! Après la théorie il y a la pratique! :) )
Bonne lecture! :)
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Les plus : ceux déjà indiqués dans l'avis de Lavax sur ce roman, peut-être que dans mon cas, mettant les notes explicatives en tête de la liste! :)
les moins : la façon de "punir" les prédécesseurs en offrant à la postérité un image tel que les successeurs estiment approprié. (Enfin, cet aspect me dérange toujours!)
Nuages et pluie au palais des Han est le second roman érotique chinois que j’ai lu.
Apres l’incursion dans le monde chavirant des bas-fonds, ce roman nous conduit dans un autre monde, celui de l’aristocratie. En compagnie des jumelles Feiyan et Hede, on arpente les luxueux logements des empereurs de la dynastie Han.
Ce texte qui nous parvient du XVIIe siècle, relate des faits et évènements qui eurent lieu dans l’Antiquité : plus précisément pendant le règne de l’empereur Cheng Di (32 – 7 a. C.)
La lecture est très fluide, très délassante et avec une touche documentaire qui fixe l’attention. En fait, les personnages ont existé. Les éléments fantastiques essaimés dans le texte sont l’œuvre du temps, de l’empreinte que l’existence des personnages ont laissé dans l’imaginaire collectif grâce aux chroniques, le tout retravaillé par la perception que les nouvelles générations de régnants préféraient avoir des prédécesseurs…
Les scènes érotiques, un peu répétitives, sont entrainantes, avec toutes leurs petites taquineries, piquanteries, ruses. Parfois elles relèvent du spectaculaire, comme la « bataille » organisée par l’impératrice Feiyan !
Un autre aspect qui vaut d’être rappelé serait l’aperçu dans le monde des harems, qui n’est pas forcement cet endroit bercé par la sensualité et l’harmonie que le sexe féminin est censé de savoir créer autour de soi. Par contre, la rivalité, les ambitions et les intrigues sont à l’ordre du jour.
Aussi, grâce a cette lecture, j’ai pu enrichir ma culture des notions et expressions portant sur l’imaginaire et la mentalité chinoise… Et je n’oublie pas l’agréable qu’est de découvrir le rapport si différent envers la sexualité tel qu’il est manifesté chez les chinois. Beaucoup des us et comportements qui auraient intrigué un occidental semblent naturellement intégrés dans la vie privée des chinois.
Un livre à découvrir.
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Les plus : un classique, beauté et qualité de l'écriture (en allemand, mais j'imagine que c'est aussi valable pour la traduction française), maniement des techniques narratives
les moins : aucun, lorsqu'on prend le texte tel qu'il est
Venus à la fourrure est un de ces classiques dont la notoriété est telle qu’il est une référence voire pour ceux qui ne l’ont pas lu. Ce qui a son cote obscur, cette œuvre étant perçue sous la lumière artificielle de la médiatisation et du sensationnalisme.
Venus à la fourrure est la version romancée d’une expérience personnelle de l’auteur. Le roman fait partie d’un plus ample cycle d’écrits, Le legs de Caïn. Malheureusement, Sacher-Masoch n’a jamais mené ce projet à son but. En 1869 il reçoit les écrits d’une certaine duchesse Bogdanoff, alias choisi par Fanny Pistor. Elle voulait l’avis de Sacher-Masoch sur quelques textes qu’elle avait composés. En décembre 1869, Sacher-Masoch s’engage par contrat aux services de la « duchesse » pour une durée de 6 mois. Il accompagne Pistor à Venise où ils vivent cette aventure. De ce période date la photo de l’auteur agenouillé aux pieds de Pistor, majestueusement allongée sur un sofa, drappée d’une fourrure et munie d’un fouet.
Cet épisode est développé, avec quelques différences, dans le roman. Severin de Kusiemski rencontre la jeune veuve Wanda de Dunajew dans une station thermale dans les Carpates. Unis par leur admiration de l’Antiquité, ils tombent amoureux et Severin dévoile ses fantasmes et son idéal féminin : une déesse cruelle et autoritaire, enveloppée d'une fourrure, entourée d’admirateurs qui sont ses esclaves prêts à subir le martyre pour et par elle. Wanda acceptera, à contrecoeur, d’assumer le rôle de cette Venus. Un contrat est rédigé, Wanda et Severin partent à Florence. Un peintre allemand immortalise le couple dans un tableau identique à la photo sus-citée. Mais au fur et à mesure Severin, qui dès le debut s’affuble lui-même de dilettante, s’avère d’être aussi un dilettante en tant qu’esclave. Wanda le quitte, après l’avoir « guéri » de son fantasme.
Severin a toutefois l’excuse de l’influence de la civilisation moderne : un enfant de l’age moderne se sentira assurément dépaysé dans le monde riant des dieux anciens. Monde qui s’étayait sur les épaules écorches des esclaves. Peut-être parce que, pour citer Jean Paulhan dans sa préface à l’Histoire d’O : « Les seules libertés auxquelles nous soyons sensibles sont celles qui viennent jeter autrui dans une servitude équivalente. »
Le texte développe plusieurs idées qui occupaient l’auteur : La problématique des rapports femme-homme. Les deux sexes sont dans une permanente confrontation hostile. Seule l’égalité en droits entre les deux sexes peut mettre fin à cette hostilité. Jusqu’à ce point, il ne reste que le choix entre être le marteau ou être l’enclume.
L’esthétique de la douleur et de la soumission. Qui attend des descriptions crues et minutieuses à la Sade, sera déçu. Sacher-Masoch mise sur des procédées et techniques plus subtiles, imaginatives et expressives pour tracer le portrait de sa vision.
La reddition à la passion aveugle et inconditionnelle. En fait, elle n’est si inconditionnelle que ça : le contrat établi entre Wanda et Severin est en fait une «réglementation» de la reddition de la raison à la passion.
A niveau formel, je ne peux pas m’étendre trop : j’ai lu ce roman en allemand. Qui choisira de lire Sacher-Masoch en allemand, sera aisément séduit par sa plume. Le style est d’une remarquable élégance, très plastique et très clair. Les phrases sont précises, le succinct s’alliant au poétique. Ajoutez à cela le charme de l’orthographe de l’allemand du XIXe siècle, avec ses t aspirées, ses formules à la patine de l’antan, et vous avez une idée sur le comment des écrits de Sacher-Masoch.
L’œuvre de Sacher-Masoch est emprunte de la mentalité, de l’imaginaire et de la symbolique slave, voire orientale. Il suffit de penser à l’omniprésence du fouet, par excellence l’instrument de discipline et l’apanage d’autorité dans le périmètre slave : il a sa place très visible dans la maison des tout seigneur russe qui s’en sert pour les corrections sur les servants qui ont mis à épreuve sa patience ou satisfaction. Dans la vieille Russie, le jeune marié applique quelques coups de fouet symboliques sur le dos de la jeune mariée, afin que le rapport de force et autorité soit bien clair à la jeune épouse.
Se prosterner, se jeter aux pieds est un geste qui traduit la déférence du au supérieur. Si l’Occident à graduellement banni ce geste du à sa charge d’humilité, se contentant de codifier d’autres gestes et attitudes pour exprimer la révérence, l’Orient l’a perpétué précisément pour cette raison. A l’Orient, la révérence maintient sa direction verticale. Chez Sacher-Masoch on retrouve souvent l’idée que l’on ne peut adorer que ce vers quoi il faut lever les yeux.
Un autre symbole : la fourrure. Portée comme vêtement ou accessoire, c’est un status symbol par excellence. C’est l’apanage des potentats et l’attribut des dirigeants. Un des insignes tsariens, le bonnet de Monomaque, pendant de siècles la couronne des tsars, est bordé de fourrure de zibeline. Et les boyards ne portaient les fourrures que pour se protéger du froid.
Bref, Sacher-Masoch n’omet aucun détail pour peaufiner le piédestal où il place ses Venus, qu’elles s’appellent Wanda, Olga, Nikolaya…
Un texte important qui doit avoir sa place sur l’étagère de toute personne qui aime la bonne littérature et qui veut « lever le rideau » - ne serait-ce qu'un peu - qui recèle l’âme humaine.
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Les plus : Bien écrit, original, drôle, sensuel voire érotique, inventif
les moins : Aucun
J'ai lu ce livre il y a quelques années (en 2000) et je dois dire qu'il m'a laissé un excellent souvenir...
C'est un roman qu'on pourrait classer dans le mouvement littéraire "Chick Lit".
Il raconte la vie amoureuse et sexuelle de quatre Australiennes de trente ans.
Le style est incisif, drôle, intelligent, étonnant, sensuel.
Les scènes de sexe sont d'un érotisme percutant.
C'est bien simple, j'avais du mal à attendre la fin de la scène pour sauter sur mon homme tant ça faisait monter le désir en moi.
Et ce, quasiment à chaque scène émoustillante...
Au-delà de cet effet fort agréable, la réflexion sur l'amour, le temps qui court, la solitude et les rapports amoureux est intéressante et bien menée.
En résumé : si vous voulez vibrer, dans tous les sens du terme, lisez ce livre.
Enjoy.
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Les plus : En souvenir de nos aimés, un livre simplement beau
les moins : Aucun
Titre original: Nemureru Bijo Traduit du japonais par: R. Sieffert. Première édition chez Albin Michel: 1970.
Ce roman, très court, une centaine de pages, est paru, au Japon, en feuilleton, en 1960-1961. Il a obtenu le prix Mainichi Shuppan Bunka en 1962.
Les "Belles Endormies": c'est à la fois le nom de la maison de prostitution où se rend, sur le conseil d'un ami, Eguchi, un vieil homme de 67 ans; et le nom des jeunes filles vierges qui, plongées dans un sommeil léthargique, offrent leur corps aux "clients de tout repos" - vieillards impuissants.
On pourrait dire que ce livre est une réflexion sur la vieillesse; à bien des égards, il m'a rappelé la "Ballade de Narayama" (d'Imamura), parce que la question du traitement culturel de la vieillesse (ici, masculine), et plus précisément de la vieillesse sexuelle, y est posée. Une douleur immense, mais paisible, se dégage devant la solitude d'un homme qui ne peut plus faire jouir une femme.
Mais en réalité, il est impossible de décrire ce livre comme il impossible de décrire la mort. Comment raconter cette étrange relation qui se noue, se dénoue, chaque soir, entre Eguchi, ce vieil homme (qui n'est pas encore pleinement un client de tout repos) et la jeune fille endormie quelque fois traversée de rêves, et qui semble lui adresser des paroles incohérentes? Comment dire la pudeur, la fragilité, la retenue qui saisissent Eguchi? A peine s'il ose effleurer ces doigts, ces seins... Comment exprimer aussi ses accès de désir, ses envies de crime, de suicide? Il serait si simple de violer ces jouets vivants, si simple de les étrangler, si simple de se plonger soi-même dans le même sommeil léthargique...
Chacune des 5 nuits déclenche des ressouvenirs: les femmes qu'ils a aimées lui reviennent en mémoire, à l'occasion d'une odeur, de la couleur, de la chaleur d'un corps, d'une chevelure, de la courbe d'un cou.
Etat de demi-sommeil, quelques convulsions, cauchemars et rêves, éclats de voix: les Belles endormies parlent. Sont-elles éveillées? En quelque façon conscientes? Leur corps a-t-il souvenir de ces vieillards allongés près d'eux? Peut-on être infidèle à une Belle Endormie, en couchant avec une autre, alors qu'elle n'a jamais eu connaissance de vous?
Alors qu'Eguchi fait l'épreuve de sa vieillesse, étrangement nous revivons, en même temps que lui, à chacune des 5 nuits, des réminiscences. Et de même qu'Eguchi revoit une bouche aimée, de même nous retrouvons, un court instant, la trace d'un aimé. Comme Eguchi qui guette chaque soir ses deux somnifères sur sa table de nuit, nous aspirons au sommeil, un sommeil profond.
Et nous nous souvenons, fermant le livre, de la dernière phrase que Simenon, au jour de sa mort, dit à sa femme: "enfin je vais pouvoir dormir".
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Les plus : document à connaitre absolument, tableau historique d'une facette de la prostitution
les moins : la minutie des descriptions peut être dérangeante, pas comme forme, mais comme fond
(enfin, pour le lecteur très sensible)
Vu que mes derniers avis m’ont portée sur les territoires de l’Asie, j’y reste encore au cours de quelques avis… Mais on quitte le Pays du Soleil Levant pour faire un petit voyage et joindre la terre ferme : le millénaire Empire céleste, la Chine.
Grâce au CDS et aux avis très tentants de Lavax, j’ai éprouvé la curiosité de découvrir les romans galants chinois. Partner in crime m’a par la suite offert plusieurs pour que je m’en fasse une idée.
Le premier que j’en ai lu fut Rouge au gynécée.
Un des chapitres débute ainsi :
La capitale est un endroit merveilleux ; c’est la cité la plus importante de l’empire. En haut réside l’empereur, en bas le peuple. Et c’est ce « bas » - mieux dit ses confins les plus immondes, dans la troisième décennie du XVIIe siècle - qui fournit la scène de notre récit. Une jeune fille « de grande famille », reste orpheline à ses 16 ans. Bernée par un ancien employé rancunier et malintentionné de son père, elle finit dans les bordels de dernière catégorie.
Le texte est – à mon avis – un texte pornographique dans le sens étymologique du terme : c’est un tableau de la prostitution, peint avec des couleurs impitoyablement vives, appliquées avec un pinceau dur comme un instrument de torture. Le tableau ne se soustrait à aucun détail, pour écorchant qu’il soit.
Ce n’est pas la prostitution « haut de gamme », mais plutôt celle du plus bas niveau. Le lecteur apprend sur l’ambiance de ce districts de plaisir (c’est un euphémisme !), les personnes qui les gèrent et fréquentent, les méthodes de renouveler les files d’employées, les conditions du travail de ces filles.
D’ailleurs, il est aussi difficile de parler d’érotisme, quand les filles ne sont pas traitées comme des personnes, mais comme des objets, comme des récipients affectés à collecter les secrétions masculines.
Le final, censé d’être positif, m’a également laissé un goût amer : il faut effectivement souffrir afin d’accéder à l’élévation de l’esprit. Je n’arrive pas à passer outre que l’on donne une sorte de justification aux souffrances que les êtres humains infligent à leurs semblables. Mais bon, avec ma tête occidentale, je suis certes mal placée à émettre des jugements sur cet aspect. Il s’agit probablement d’éveiller l’aspiration de s’élever encore après avoir appris à lutter pour remonter à la place d’où on est chu.
Le roman a pourtant comme mérite de constituer un précieux document social et historique, du fait des précisions et renseignements sur une série d’aspects caractérisant l’époque. C'est un texte à connaitre absolument.
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Les plus : Humour, imaginaire débordant et provocateur, noms des personnages : délirants (aussi dans la traduction italienne !)
les moins : allusions un peu difficiles à déchiffrer pour quelqu’un pas trop familier avec l’univers des catholiques pratiquants.
Cette œuvre je l’ai découverte ici, dans la liste des titres proposés par le Club des Sens. C’est la contrepèterie dans le titre qui m’a aimantée : j’adore les jeux des mots. J'ai lu le texte disponible en pdf sur le net: je l'ai imprimé et ensuite relié et cela a donné un discret bouquin prêt à feuilleter pour incendier un peu nos fantasmes.
D’abord, ce petit texte est un allégorie, surréaliste qui plus est. Alors rien ne doit surprendre. C'est l'âge du chien andalou, du pain anthropomorphique et de l'anthologie de l'humour noir... On a du mal à coller un nom précis sur cette courte œuvre : il y a des traits spécifiques du conte. C’est aussi une fantaisie. Une partie de jeu de « cadavre exquis ». Un collage. Une farce. En tout cas, le texte ne concède pas la moindre miette d’ennui.
C’est une lecture-farandole d’une obscénité si épurée qu’elle frôle la candeur. Elle absorbe le lecteur et lui fait tourner la tête et vibrer ce qu’il y a de plus intime. L’indécence est dépeinte jusqu’au paroxysme et on s’en amuse. C’est un texte qui chatouille. Et on sourie tout en se laissant emporter par le récit. L’impression est de fluidité : les images coulent avec la même abondance que les secrétions. Et on s’amuse comme un enfant à imaginer cette mosaïque des détails délurés. L’excitation de l’imagination est aussi forte et constante que la rage dans les bourses.
Cela aide de lire le texte en compagnie d’un ancien enfant de chœur qui a son quota de participations aux processions, vous vous régalerez en l’observant « reconnaître » les chants et prières et en l’écoutent vous réciter la version « originale ». Instructif. (Décidemment, pornographie, blasphème, facile à imaginer que l’Église « was not amused ». Censure pour M. Peret !)
Une parenthèse « traductions ». La traduction italienne a le même effet et je pense que le vocabulaire dont on se munie au moyen de cette lecture est un bagage qui peut se révéler aussi utile qu’un gilet, une carte bleue, un parapluie ou un guide de conversation lors d’un voyage en Italie. L’introduction mentionne aussi les autres traductions des « rouilles encagées », dont celle qui a incité mon intérêt est l'allemande : par rapport aux autres traductions qui ont sacrifié l’aventure des mots au désir de livrer une version fidèle de l’original français, celle allemande a osé (et selon moi, réussi) d'aller plus loin et jouer : le titre allemand est « Die tollhütigen Oden », c.à.d. « Les Odes aux chapeaux fous » (couilles enragées : tollwütige Hoden) (Quoi que celle anglaise aurait pu tenter aussi ! Qui cherche dans les « bad malls » finit par trouver les « mad balls ».)
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Originalité des situations |
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Les plus : style, récit à double voix, personnage qui se livre par touches, récit d'une évolution qui se fait dans l'incertitude
les moins : aucun
Me revient la réflexion d'Antoine à l'origine, je crois, de mon envie d'écrire : « Je suis passé d'une sexualité fantasmée à une sexualité en groupe, avec des corps sans nom et sans histoire. Pour arriver à rencontrer quelqu'un et enfin m'assumer. (p.62)
Antoine vit d'expédients, fuit sa vie rangée. Sa sexualité est ailleurs : dans ses fantasmes qui l'étouffent au point qu'il lui faut les réaliser, dans la proximité d'autres corps sans identité dans des boîtes échangistes. Jusqu'à la découverte du désir d'un être humain particulier, d'une femme avec sa vie, son vécu. C'est alors que tout éclate, qu'Antoine comprend que sa double vie n'a plus lieu d'être. Il fait alors le récit de cette découverte et de ses doutes à une femme qui décide de narrer cette vie, non pas avec ses mots à lui mais avec sa propre sensibilité et sa propre interprétation.
Double vie est un excellent roman. Progressant par touches, il dessine le portrait d'un homme pris dans les incertitudes de sa sexualité, qui découvre une part de féminité et renaît de cette découverte. _____
Ce roman m'a beaucoup plu. J'aime particulièrement la reconstitution d'un individu tel qu'il se décrit mais aussi tel qu'il peut apparaître aux yeux d'autrui, avec des défauts que la femme écrivain formule. Un homme vu à travers un prisme, l'auteur et le lecteur en étant d'autres...
J'aime aussi le fait que cet être soit hésitant, que rien ne soit tranché, définitivement bon ou mauvais. Je n'aime pas tout ce qui est manichéen de manière générale.
Le croisement de deux récits, celui de l'homme fait à la femme qui écoute, celui de la femme en train d'écrire, permet des coupures intéressantes car elles ne délivrent pas en un bloc le personnage mais l'interroge, le construit. Hésitations dans la formulation, répétitions font partie du jeu.
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Les plus : certains jeux de mots, humour
les moins : certains jeux de mots sont un peu puérils
Cette œuvre de Maupassant est une découverte relativement récente pour moi. J'ai appris de son existence il y a un an lorsque je consultais un dictionnaire de termes érotiques: l'article dédié au nom poétique d'une caresse assez décadente mentionne cette petite pièce "absolument lubrique", comme le dit l'auteur-même.
L'intrigue est simple: Léon, amoureux de Mme Beauflanquet, épouse du maire de Conville, arrange avec Miché, patron d'une maison close sur Paris, un plan qui lui permettrait de gouter de près aux charmes de Mme Beauflanquet. Celle-ci arrive avec son mari à Paris où ils seront logés, sur recommandation de Léon, à la Maison Turque, ou réside, selon Miché, l'ambassadeur de la Turquie avec son harem! Et bien, le séjour sera très instructif sur niveau mœurs pour ce couple tranquille et boniface!
Il en résultent - inévitablement - des quiproquos:
RAPHAËLE [...] Tiens une nouvelle (Madame Beauflanquet la salue) As-tu fini tes manières ! MADAME BEAUFLANQUET Mesdames, j'avais beaucoup entendu parler de l'intérieur des harems, mais je n'avais jamais eu l'occasion d'en visiter. RAPHAËLE Ah ! c'est la première fois que vous entrez dans une maison. MADAME BEAUFLANQUET Turque... oui. Madame. […] RAPHAËLE Vous avez fait toutes les positions ? MADAME BEAUFLANQUET Non, Monsieur Beauflanquet n'en a jamais changé. RAPHAËLE Qui ça Beauflanquet ? Connais pas ce maquereau-là. MADAME BEAUFLANQUET Maquereau. Ce doit être un titre turc. RAPHAËLE Faites-vous bien feuille de rose ? MADAME BEAUFLANQUET Feuille de rose ! (à part) ah oui des confitures de Turquie (haut) je n'en ai jamais mangé. (Les femmes se mettent à rire)
Achevée la lecture, j'ai eu l'impression d'avoir lu un texte très leste, qui a activé plutôt mes zygomatiques que mon pubo-coccygien. Sans entrer en tout détail - il s'agit d'indications scenographiques, qui sont complétés par la interprétation, gestes et mimiques des acteurs - l'auteur laisse à l'imagination du lecteur le devoir de colorer les images que son texte esquisse.
C'est un échantillon du ton qui règne au long de toute la pièce: le rythme est très alerte, les scènes se succèdent à pas vif, les dialogues sont très proche du langage parlé, les reparties ping-ponguant d'un personnage à l'autre. Certains dialogues sont d'un humour que j'estime assez douteux (ben, des gamins de 5 ans s'esclafferaient peut être devant les balbuties du vidangeur : Faire aller les gens... gens comme ça. Si c’est pas à faire pi... pi... pitié. Mais bon, la pièce ne s’adresse pas aux gamins d'école maternelle! )
Divertissant, léger, plutôt pornographique qu'érotique. Et comme il s'agit d'un texte sous forme de scénario, il est surement plus efficace si interprété lors d'une soirée très conviviale dans un groupe d'amis! :)
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Les plus : belle écriture, scènes érotiques entrainantes
les moins : le coté bourrage de crane de l'éducation reçue par la héroïne
Le rideau levé ou L'éducation de Laure fut longtemps attribuée à la plume de Mirabeau. Cet ouvrage fait partie de son recueil Erotika biblion.
Dans le Dictionnaire des ouvres érotiques, on apprend pourtant :
Roman publié anonymement en 1786. Longtemps attribué au comte de Mirabeau, il a pour auteur le marquis de Sentilly, gentilhomme bas-normand. (op. cit., p. 422)
Sophie se rend au couvent pour visiter sa sœur Eugénie. Dans un coffre aux effets personnels elle trouvera une ample lettre de la part de l’amie très intime d'Eugénie, Laure. Dans cette lettre, Laure étale son parcours sexuel et sentimental. Son mentor soigneux n’est autre que son père. Père officiel, car Laure est « enfant d’amour ».
L’écriture m’a semblé tout à fait ravissante : les scènes érotiques, un peu répétitives comme style de narration, sont assez riches en diversité comme pratiques. Le lecteur est témoin d’une variété considérable de expériences. C’est bien délure. Les descriptions sont sous l’ascendant des lieux communs, bien qu’ils soient différents par rapport à ceux qui enflamment l’imaginaire contemporain. Ils sont, néanmoins, efficaces.
J'ai également apprécié que l'auteur n'ait pas abjuré la religion de la gourmandise: un des motifs des romans érotiques de l'époque sont les mets et boissons qui ont une place toute aussi importante que les charmes des amants.
Le terme « éducation » se justifie, dans mon opinion, dans des passages qui exposent avec luxe de détails la nécessité et la méthode de contraception, du « dosage de la passion », de l’importance de la sexualité pour la santé.
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