Avis |
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par Aretina 399
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13.06.2008 23:50 |
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Style, qualité d'écriture |
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Originalité des situations |
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Description des scènes d'amour |
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Intérêt de l'histoire |
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Note Générale |
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Les plus : portrait généreux d'une époque,souvenirs dans un ton serein, humour savoureux
les moins : c'est plus cher, mais je préfèrerai toujours une reliure cartonnée
1981, Roumanie : Aretina avait 5 ans et vivait le très important moment de tout scion de la patrie : elle devenait "faucon de la patrie", la première étape du parcours de tout futur architecte de l' "époque d'or". Et la chevelure d'Aretina commençait le calvaire auquel la condamnait l'admiration démesurée de son père pour la coupe de cheveux de Mireille Mathieu.
Même année, en France : Étienne Liebig a 20 ans, mène une existence aux vagues échos de Hank Chinaski, mais moins trash, beaucoup plus sociable et plus friand de lectures. Le 10 mai 1981, François Mitterand devient président de la république. La gauche arrive au pouvoir. Ce qui remplit le jeune Étienne d'espoir. En fait, il est persuadé que désormais tout ira vers le mieux. Le compte-rendu de cette période est le roman Je n'ai jamais rencontré Mitterrand, ni sa femme, ni sa fille...
Etienne Liebig espère, attend et a confiance. Il rêve de croiser François Mitterand. Et lorsqu'il soigne cet objectif - avec des efforts et "sacrifices" parfois très hilarants - il vit. La vie ne se fait pas attendre - amis, famille, travail, lectures, soucis divers - et l'occupe pleinement. Tout comme les filles - car on aura beau à être citoyen, on est humain avant tout - qui, avec leur charme, beauté, folies, extravagances et générosité, savent enrichir et embellir ce bazar d'idées et émotions que sont les 20 ans. Filles qui, avec leur volupté, bizarreries et les éternelles petites stratégies féminines le font découvrir, l'apprennent et effacent l'arrière-gout pas toujours joyeux laissé par le train-train quotidien.
Étienne Liebig a une plume désopilante : les 251 pages où il égrène ses péripéties amènent souvent le sourire sur les lèvres. En l'accompagnant sur son scooter ou dans son vieux Audi 80 "reloaded" par l'auteur même, on traverse une époque, que l'auteur fait revivre ... pas avec de l'eau de rose, mais avec une fraiche gorgée de cordial, flanqué d'une bonne dose d'humour. Le texte rappelle la structure du journal intime : les dates qui se succèdent marquent les évènements divers de la scène sociale et politique... Le parallélisme dissymétrique (évènement politique résumé en quelques mots, journée du protagoniste retracée avec des détails) est évocateur quant à l'incidence des actions des dirigeants et les faits qui remplissent les jours des des "dirigés". La vraie vie est ici et maintenant.
Son discours est savoureux, Liebig garnit le texte avec des comparaisons succulentes et ses reparties decontractantes. Le style est fringant, le ton est franc, la structure est fluide.
Bref, une lecture délassante, qui instruit et reconstruit un époque. Et le mérite principal : la voix n'est pas ni celui du victorieux, ni celui du défait, mais tout simplement un témoignage livré sans amertume, sans mièvrerie et sans rancune.
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Commentaires |
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par Mien 300
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14.06.2008 08:20 |
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Merci Aretina, ca donne envie ^^ Même si, je dois vous l'avouer, votre avis me laisse tout à fait perplexe quant à la raison de la présence de ce roman sur le site du CDS...
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par blue 300
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17.06.2008 09:33 |
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Hihi! Je trouvais que tu roulais les "r", et je croyais que ça venait de l'accent roumain. Mais maintenant je comprends que ton impressionnante maîtrise de la langue française, vient en fait des disques de la chanteuse française écoutés en boucle toute ton enfance, constituant un espèce de seconde langue maternelle! ;D
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par Loguil 300
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17.06.2008 16:49 |
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Hé, fort bien résumé, pour la partie événementielle, pour le style, le genre du récit, &c.
En revanche, il n'y a pas que les filles dans le roman (largement autobiographique) d'Étienne Liébig, il y a aussi les femmes. C'est l'époque, aussi, du Laureate et de Mrs Robison, et le personnage central aura les faveurs d'une jeune femme (la petite quarantaine est encore – ou déjà –considérée relever de la jeunesse, à cette époque, à présent, c'est la cinquantaine) fraîchement émancipée d'un mari « bien sous tous rapports » (sociaux). Et il y aura aussi un couple de quadragénaires plus ou moins (plus, pour lui, moins, pour elle) trioliste, à l'heure du « plus je baise, plus j'ai envie de baiserˆ», du « jouir sans entraves » (slogans soixante-huitards pas encore relégués aux oubliettes), et de la fin des communautés de vie.
Autant dire que c'est un récit leste, enlevé, et varié (en cas de figures et modes coïtaux). On pourra aussi consulter : http://www.lepost.fr/groupe/litterature-et-livres/membres/article/2008/05/19/1195382_etienne-ne-rencontrera-plus-mitterrand_1_0_1.html (et voir la bobine de l'auteur ne se cachant plus derrière son saxophone).
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par Aretina 399
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17.06.2008 18:48 |
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Hello, tout le monde ! :)
@ Mien : merci pour votre commentaire ! :) Comme le révèle Loguil dans son commentaire, les expériences sexuelles - décrites parfois avec profusion de détails - font l'objet de nombreux billets de ce journal. Les pratiques que Loguil énumère ne sont pas exhaustives : il y a la femme fontaine, la feuille de rose, voyeurisme et triolisme... Mais bon, je vais pas tout reveler... C'est ce que le passage Tout comme les filles [...] qui, avec leur charme, beauté, folies, extravagances et générosité, savent enrichir et embellir ce bazar d'idées et émotions que sont les 20 ans. Filles qui, [...] le font découvrir, l'apprennent et effacent l'arrière-gout pas toujours joyeux laissé par le train-train quotidien. etait censé d'insinuer -evidemment sans trop de détails... Mais j'avoue avoir ete très cryptique et avoir offert trop peu de pistes pour se faire une sorte d'idée.... :) De l'autre cote, c'était quelque part voulu : dans la présentation de son roman, l'auteur-meme prend la partie de la suggestion et de l'allusif. J'ai donc opté de respecter ce choix. Et j'ai également misé sur le pouvoir évocateur de la maison d'édition : La Musardine... que l'on n'associe pas forcément aux recettes de cuisine et au point de croix. :D
Et - last but not least - dans le roman Liebig possède l'art de peindre l'amour physique comme faisant partie du quotidien. Si on regarde le roman comme un chœur, la sexualité est une des voix... celle qui ajoute l'harmonie et augmente la beauté du chant, mais une vois parmi les autres qui chantent.
@ Blue : ben, le poste de seconde langue maternelle est déjà occupé par autre langue. Mais j'ai la solution : adoptant ton optique, on dira que le français est ma langue paternelle ! :)
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