Les meilleurs avis sur les Romans érotiques
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Les plus : Reprise numérique gratuite bilingue (français / italien) d'un texte aujourd'hui édité seulement aux éditions Corti en oeuvres complètes (18 euros environ; le texte des Rouilles Encagées se trouvant au tome IV)
les moins : Quelques errata, une introduction en italien
L'édition dont se sert Carmine Mangone, ici, est l'édition italienne, parue, en 1998, chez City Lights Italia. Pour le texte français, on ira directement à la page 31 du document web indiqué.
La première édition des "Couilles Enragées", puisque tel fut le titre initial, parut sans nom d'éditeur, anonymement, sans indication de lieu, ni de date, avec un petit tirage de 215 exemplaires, en 1928 semble-t-il. L'ensemble fut saisi par la police, à cause du caractère évidemment blasphématoire et anticlérical des poèmes qui composent ce court texte. D'où le nouveau titre: "Les Rouilles Encagées"! Contrepètries, pastiches de poèmes, de chansons, de proverbes. C'est un ensemble vraiment drôle qu'il faut rencontrer: on passera un excellent moment de détente. Style joyeux qui rappelle Les Onze Mille Verges. C'est l'amour de la langue - en tous sens...
On connaît peut-être le fameux: "je suis fouteur, voilà ma gloire"! ou encore: "Notre pine qui êtes au con Que votre cul soit défoncé Que votre foutre coule Que vous couilles se vident dans les bouches et autres lieux Donnez-nous notre pompier quotidien (...) (...) Ainsi doit pine"!!!
Benjamin Péret fait partie des surréalistes - il a composé, avec Aragon, et Man Ray le fameux "1929" (dont je parlerai bientôt), quelques poèmes des Couilles Enragées y étant repris.
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Les plus : Style correct, sobriété de l'écriture, fin intéressante.
les moins : Répétitif, glauque, personnages éthérés, préface qui me semble malsaine.
Je ne peux pas dire avoir trouvé au livre le moindre intérêt érotique, mais j'avoue l'avoir lu plus par curiosité qu'autre chose alors c'est sans doute normal. Par contre, j'ai été dérangée pendant la lecture par un malaise presque permanent, ce qui m'a semblé étrange étant donné que les pratiques SM, même si je ne m'y adonne pas, ne me choquent pas en elles-mêmes. Et puis j'ai fini par comprendre d'où le malaise venait: O n'est rien. Elle n'a pas de pensées dignes de ce nom, ne manifeste pas d'intérêt pour quoi que ce soit (pas même pour son travail), n'a pas d'amis, et me semble-t'il presque pas de sentiment ou de ressenti non plus. O est une poupée, creuse, dénuée d'intérêt, et peut-être un peu peste. Pour tout dire, le personnage m'a rappelée... celui de Bridget Jones. Oui, je sais le rapprochement peut paraître aberrant :p mais j'ai eu l'impression d'avoir affaire au même genre de perso féminin inexistant qui attend d'un homme une vie ou même un simulacre de vie, faute d'existence intérieure. Quant aux scènes de sexe en elles-mêmes, peu de variantes, ça tourne en boucle (de ceinture?) et on s'ennuie ferme. La sexualité féminine n'est décrite que par rapport à la sexualité masculine, et ne semble exister qu'en fonction de cette dernière. L'idée de désir est peu exploitée (un comble dans un roman qui se voudrait érotique)et est ramenée systématiquement à celle du pouvoir. Le livre me semble présenter malgré tout deux qualités qui le sauvent un peu du marasme total à mes yeux: d'abord l'idée de présenter O comme "libérée" à la fin me paraît intéressante (au moment où elle devient totalement asservie) dans la mesure où elle rend possible une réflexion sur ce que ce personnage rechercherait vraiment. Etre "libérée" du poids de sa propre existence? Ensuite le personnage de Jacqueline, qui, bien que survolé, est une bonne esquisse de "survivante" et apporte un contrepoint appréciable au personnage de O (ce qui me parait démentir d'ailleurs, même du point de vue de l'auteure, la généralisation qui est faite dans la préface qui voudrait ramener "toutes les femmes" à O)
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Les plus : Libre de droits, cocasse, plaisant
les moins : aucun à ce prix (en libre d'accès)
Tombé dans le domaine public, ce texte est ce que l'on qualifie généralement de pochade. Quelques extraits : Si vous vous faites gougnotter par une vendeuse du Louvre dans un salon d'essayage, ne hurlez pas que vous jouissez, cela ferait un scandale affreux ; En sortant des cabinets inodores, ne demandez pas une réduction sous prétexte que vous n'avez fait que vous masturber ; N'entrez jamais dans un bordel pour demander une tribade quand vous n'avez pas vingt francs sur vous ; S'il vous manque un peu de monnaie pour payer votre acquisition, ne proposez pas au marchand de le sucer pour le surplus, surtout si sa femme vous écoute ; N'entrez pas chez un coiffeur de dames en lui demandant effrontément de vous friser les poils du cul ; N'envoyez pas votre godemiché à la mercière pour y faire poser des rubans.
Bref, cela fleure bon les petites provocations qui seyaient à l'époque. Il ne viendrait sans doute plus l'idée, sauf en quelque province ou localité du neuf-deux, de suspendre son godemiché à un bénitier.
Imaginez-vous encore une écolière, si ce n'est en hypokhâgne ou khâgne, pouvoir profiter de ce conseil : Si l'on vous demande ce que c'était que Pompée, ne répondes pas :"Ce devait être une pine"; et si l'on vous demande quel personnage historique vous auriez voulu être, ne dites pas en clignant de l'oeil : "Je voudrais toujours être Persée". Ce genre de facéties ferait rire vos camarades mais ne ferait pas rire la maîtresse.
C'est donc très daté.
Mais on tirera profit des conseils de bienséance en situation de conversation, toujours d'actualité. Ainsi : Ne dites pas : "Je l'ai vue baiser par les deux trous." Dites : "C'est une éclectique."
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Les plus : Roman érotique chinois du 17 eme siècle qui fait découvrir la sexualité sous le jour de la violence, et l'histoire des bordels chinois
les moins : Aucun
Titre chinois: Yu Gui Hong. Traduction: Martin Maurey. Publié pour la première fois en 1632, ce roman a eu une diffusion limitée en Chine, à la différence du Jin Ping Mei, ou Fleur à la Fiole d'Or (les deux romans seraient, en effet, du même auteur, - anonyme) - peut-être parce qu'il dépeint, avec une rare violence, en des scènes parfois à la limite du supportable, l'inhumanité des bordels et bas-fonds de Pékin à la toute-fin de la dynastie Ming (1368-1644) en sa période de décadence.
L'histoire est celle d'une jeune fille de 16 ans qui, orpheline, se retrouve dans un bordel, et doit en apprendre peu à peu coutumes et conditions de travail (non pas seulement, par exemple, comment faire une fellation à un homme qu'on n'aime pas ou qu'on ne connaît pas, mais comment faire une fellation quand on ne sait pas même à quoi ressemble un sexe d'homme, etc.). C'est un roman d'apprentissage de la sexualité comme prostitution. Complicités, rivalités entre prostituées jalonnent le récit.
On voit aisément qu'il ne s'agit pas d'un roman "érotique", bien qu'il soit classé parmi ce genre. Aucun érotisme, aucune pornographie, mais la seule violence, la bestialité, l'expérience du degré le plus bas de la vie.
Le romancier ne conclut pas pourtant à la noirceur radicale du monde, comme ferait un Sade. Quand on a connu telle bassesse, tel dénuement, on ne peut que s'élever. De même, le pauvre ne peut que devenir riche.
NB: la qualité du style ne peut être appréciée comme telle, puisqu'il s'agit d'une traduction.
C'est en tout cas un roman pour lequel je ne vois pas d'équivalent occidental dans le degré de violence - y compris chez Sade. André Levy, traducteur du Jin Ping Mei disait que la littérature érotique occidentale a quelque chose de mécanique et d'arbitraire; les situations s'enchaînent comme les rouages d'une horlogerie; rien de tel ici. Aucune gratuité des scènes, aucun arbitraire, tout est précisément décrit, une minutie douloureuse; c'est ce qui donne au récit, qui sans doute est un récit mineur de la littérature chinoise, une telle force.
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Les plus : Joli, sensible, évocateur
les moins : Quelques clichés
C'est un roman sensuel.
On sent que c'est le premier d'Emmanuelle Gaume, son style demande à s'affirmer davantage.
Mais, pour un premier roman, c'est plutôt pas mal.
Il raconte la vie d'une sculptrice qui a un rapport charnel -parfois fusionnel - avec son art et ses modèles.
Plusieurs thèmes sont abordés, mais juste touchés du doigt, juste effleurés : la nudité, le corps, la conscience de son corps, de celui de l'autre, le désir, le sentiment amoureux, la jalousie, la possessivité, le mal-être, la maturité, la bisexualité.
J'ai passé un bon moment à lire ce livre, même si je reste un peu sur ma faim.
Enjoy.
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Les plus : Donne une certaine vision des relations S/M, ton assez sincère
les moins : Beaucoup de clichés, une écriture convenue, une histoire peu originale
Depuis Emma Bovary, les histoires de bourgeoises qui s'encanaillent sont quelque peu rebattues. Mais, personnellement j'avoue avoir été déçue par ce livre qui manque cruellement de la profondeur psychologique qu'implique le sujet. Car ce qui compte, au fond, ce n'est pas comment une avocate parisienne sort de sa vie bien rangée pour tomber sous le charme d'un homme qui lui fait découvrir un plaisir sexuel hors des sentiers battus, mais c'est comment elle le vit et comment elle va s'épanouir dans ce type de relation. Mais s'épanouit-elle vraiment? La modeste lectrice que je suis en doute. Car Elodie va essuyer vexations et humiliations. Rien d'original donc, mais ce livre donne une des clés de compréhension de la perversité de notre condition... Ou comment une prisionnière aime ses chaînes.
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Les plus : Humour noir, crudité du vocabulaire, structure en saynètes
les moins : Texte insuffisamment annoté
Pour la présentation de l'édition, je me permets de vous renvoyer à l'avis suivant: ClubDesSens.fr > /products/review.html?ID=4468
Divisés en six journées séparées, les Dialogues de l'Arétin ont décrit, lors de la première journée, avec clin d'oeil et humour, la vie peu sage des religieuses produit > vie des nonnes . A la vie cachée des nonnes et des moines convenait un style un peu "tarabiscoté", mais franc - nombre de sous-entendus, qui suscitaient sourires amusés, et complicité du lecteur.
Si vous voulez bien m'accompagner, voici la Seconde Journée: La Vie des Femmes Mariées... Arrêtons-nous un instant!
L'argument Le style est autre: plus de cachotteries! Tout est dit au grand jour, avec la crudité la plus noire. La maxime de cette journée se résume:
"La queue nous fait et la queue nous défait." Valse de maris et d'amants qu'on assassine, chiens avec lesquels on enfante des monstres... Loin que la vie de la femme adultère soit enviable, entre coquineries, coquetteries, galanteries, c'est une vie épouvantable: les amants sont laids, désagréables, puants, remplis de poux, de vermine. Madame ne se délecte pas du sexe de son amant, mais "mange debout la saucisse"! La structure est jolie et plus claire que dans le premier dialogue: deux anecdotes conjugales concernant la Nanna (comment elle a déjà perdu sa virginité au moment de son mariage, et par quel stratagème peu ragoûtant elle fit croire à son nouvel époux qu'elle est encore vierge; et une seconde anecdote qui clôt son mariage avec ce "certain particulier", comme elle l'appelle si élégamment!! On ne saura jamais le nom de ce particulier - c'est dire l'importance qu'il eut pour elle...) entourent une série de petites histoires courtes qu'on pourrait qualifier de "terrifiantes": scènes de la vie conjugale, écrites sur un rythme effréné.
Avis J'aime beaucoup ce Dialogue. Il n'a rien de convenu. Le thème est certes, comme le thème du premier, classique; on rencontre également quantité de moinillons et de prêtres qui s'adonnent à la luxure... (c'est visiblement un souci de l'Arétin), mais la vision des amours adultères romancées n'est pas du tout présente. Finalement, par un autre tour, l'Arétin réussit dans sa pseudo-entreprise moralisatrice: on n'a aucune envie de tromper son époux, après avoir lu cette débauche de saucisses gigantesques, puantes et verminées!
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Les plus : Roman érotique et historique qui porte témoignage sur une époque, humour, édition avec notes, introduction, illustrations
les moins : Pauvretés des scènes d'amour
Première édition française parue en 1990. Titre original: Zhaoyang qushi (littéralement, l'histoire plaisante du palais Zhaoyang). Pseudonyme de l'auteur inconnu: Yanyansheng. Traducteur: Christine Kontler. Date approximative de cet ouvrage: 1621? 1681?
L'histoire se passe à la fin de la première dynastie des Han, en 30 avant J-C environ. Cette époque se caractérise par la mutliplication des manuels de sexe, manuels médicaux, dont la fonction était d'apprendre à trouver l'immortalité grâce aux techniques sexuelles. De fait, tous les personnages principaux de ce roman, - l'Empereur et ses deux principales épouses, sont à la recherche de la longue vie, en pratiquant "nuages et pluie" (feng yu). Cette expression imagée désigne, depuis un poème en prose attribuée à Song Yu (au IIIe siècle), les rapports amoureux et sexuels.
C'est un roman plein de ruses, d'humour,un roman plaisant, ni pornographique, ni au sens strict érotique (au sens où les occidentaux l'entendent en tout cas), où les épouses de l'Empereur n'en font qu'à leur tête - sur fond de taoïsme et de bouddhisme; les deux religions ayant réévalué considérablement le statut de la femme en Chine (à la différence du confucianisme), et ayant pensé celle-ci comme une égale de l'homme. On voit peu à peu comment deux soeurs jumelles, anciennement Renarde et Hirondelle, épuisent la semence de l'Empereur, et deviennent après leur mort... tortue géante et tigre féroce.
J'aime assez ce type de romans assez légers et joueurs: finesses et roueries du sexe, pourrait en être un sous-titre.
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Les plus : bien écrit, original
les moins : répétitif, connaitre un peu l'allemand peut être utile
La face cachée des célébrités est toujours un sujet qui fait recette, que ce soit pour les personnages réels ou les imaginaires. Dans ce livre, l'auteur nous propose de découvrir un aspect méconnu de Blanche Neige : sa vie sexuelle (ainsi que celle de sa marâtre, des nains ou de son prince charmant). Le tout est assez agréable à lire. En bon français, avec quelques passages germanophones ou tournures de phrases que les frontaliers apprécieront. Les frères Grimm ont peut-être imaginé une vie si délurée que celle qui nous est contée ici. Toutefois, ils n'ont certainement pas imaginé que Blanche était bi ;) Mais la lubricité est au rendez-vous. A tous les étages (des demeures, des ordres cléricaux, de la féodalité), ça fornique allègrement en toute transparence et pour le plaisir du lecteur.. Désormais, je ne me promènerai plus en forêt de la même façon, j'imaginerai toujours un con ouvert à tous vents jouant avec une brindille en présence d'un petit écureuil avide de cyprine.
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Les plus : personnage étrange hors de toute convention qui ne mâche pas ses mots et qui est à l'opposé de l'image stéréotypée de la femme africaine
les moins : violence ?
Irène est une jeune voleuse de seize ans qui n'est attirée que par le vol et le sexe. Elle croque la vie, méprisant les convenances, la soumission des femmes, l'amour, le mariage. Elle passe pour folle, sombre dans le sommeil après des orgies qu'elle a provoquées : reine dans sa folie, on la consulte comme un oracle. La pénétrer guérit des maux, Irène se sent toute puissante.
p. 30 : - ça vous travaille, hein, bande d'hypocrites ! Vous cachez vos femmes derrière des voiles pour mieux les assujétir ! Espèces de vicelards ! Assassins ! Enculés de donneurs de leçons ! Puis je baisse ma culotte, leur montre mes fesses. - Ces fesses, dis-je, sont capables de renverser le gouvernement de n'importe quelle République ! Elles me permettent de faire des trouées dans le ciel et de faire tomber la pluie si je le désire ! Elles sont capables de commander au soleil et aux astres ! C'est ça, une vraie femme, vous pigez ? Elles délivrent le monde des grandes calamités ! pp. 137-138 : Je suis fascinée par cet amoncellement de chairs, ces corps soudés par le plaisir et ces longs cris trempés comme des ventres de mouettes. Ces scènes enfièvrent mes appétits de pouvoir, décuplent mes fringales érotiques, mais je ne participe pas, soucieuse de conserver dans ma mémoire cette scène comme un film au ralenti que je déroulerai sur l'écran de ma mémoire lorsque, dans mes nuits d'insomnie, je croirai entendre gémir une lignée d'hommes soumis à ma volonté.
"Femme nue, femme noire" sont les premiers mots d'un poème de Léopold Sedar Senghor. Mais ce récit n'est pas "poétique" :
p. 11 : Vous verrez : mes mots à moi tressautent et cliquettent comme des chaînes. [...] Je trifouille dans les entrailles de la terre, stoccade dans les tréfonds des abîmes où l'être se disloque, meurt, ressuscite sans jamais en garder le moindre souvenir.
Femme nue femme noire de Calixthe Beyala est un roman fascinant, cruel, violent. Son personnage principal, au verbe et à l'attitude pleins de hargne a son pendant dans un autre personnage, Fatou, femme docile, aimante, qui se laisse entraîner dans la luxure pour conserver son mari. Ces deux femmes opposées finissent par être soeurs. C'est ainsi qu'Irène nomme en fin de récit Fatou. Leurs plaies les rapprochent encore, mais seule l'une des deux en réchappe...
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Les plus : Ecriture superbe, thème, contexte de publication
les moins : Le récit, bien que jugé scandaleux lors de sa parution, semble aujourd'hui un peu vieillot...
Histoire d'O.est l'histoire d'une femme qui accepte d'être réduite à un état de soumission totale en devenant l'esclave sexuelle de son amant. Amenée au château de Roissy par son amant, Sir Stephen, O. accepte d'apprendre à devenir esclave, une esclave vouée à tout accepter, y compris les pires traitements et humiliations. Marquée au fer rouge par son mâitre, son sexe percé d'anneaux aux initiales de ce dernier, elle est prostituée aux hommes d'une sorte de société secrète qui lui font subir les pires sévices et humiliations en tous genres, en réponse à leurs fantasmes.
Malgré une écriture remarquable, l'intérêt d'Histoire d'O ne réside pas tant dans le récit lui-même que dans le contexte particulier qui entoure sa publication.
Tout commence par la rencontre, pendant la guerre, de Dominique Aury, l'auteur de la future Histoire d'O, avec un certain Jean Paulhan, homme marié dont elle tombe follement amoureuse. Lorsque ce dernier lui fait part de son désir de la lire, et pour combler l'éloignement qui les sépare souvent, elle accepte ainsi de lui écrire ce qu'elle considère comme une lettre d'amour : le récit d'une femme entièrement offerte et soumise à son amant. A mesure que Paulhan reçoit et découvre les lettres de son amante, il lui demande de poursuivre son écriture, d'inventer et d'écrire de nouvelles situations, de nouveaux fantasmes, de poursuivre la fascinante histoire d'O. L'histoire s'étoffe ainsi à raison d'un chapitre par nuit que Dominique Aury envoie chaque matin à son amant, sans relecture ni brouillon.
C'est finalement en 1954 que Paulhan décide de faire publier cette lettre d'amour si particulière, en veillant à ne pas divulguer le nom de son auteur. Il présente le manuscrit à plusieurs éditeurs, dont Gallimard, mais tous refusent de publier un écrit qu'ils jugent parfaitement immoral et scandaleux. C'est finalement un jeune éditeur encore méconnu qui accepte de prendre le risque de sa publication, malgré le climat de scandale qui, dans le milieu de l'édition, entoure déjà Histoire d'O. Lorsque Aury apprend que son manuscrit va être publié, elle choisit le pseudonyme de Pauline Réage. 600 exemplaires sont d'abord édités : difficile à croire quand on sait qu'aujourd'hui, ce livre a été tiré à plus de 800000 exemplaires... ! Rejeté en bloc par la plupart des libraires, soumis à une interdiction de publicité et d'être vendu aux mineurs, Histoire d'O est alors un roman difficilement accessible. Mais cela n'empêche pas la critique de s'en emparer rapidement : certains auteurs, dont Bataille, l'admirent et le qualifient de chef d'oeuvre tandis que d'autres le condamnent fermement, à l'instar de Mauriac. La justice s'en mêle finalement après la publication d'un rapport accablant jugeant que le roman était définitivement contraire aux bonnes moeurs et "consciamment immoral". Paulhan est alors appelé à s'expliquer sur l'identité de l'auteur, toujours tenue secrète et objet de toutes les hypothèses. Certains attribuent le manuscrit à Bataille, à Robbe-Grillet, voire à Paulhan lui-même... Dans tous les cas, l'opinion générale s'accorde sur le fait que, compte tenu des scènes de violence et d'humiliation dont est victime l'héroïne, son auteur ne peut être qu'un homme...! C'est finalement en 1955 que sera levé le voile de mystère qui entourait l'identité de l'auteur, en même temps que le roman échappe de justesse à la censure.
Histoire d'O est aujourd'hui un des romans incontournables de la littérature érotique française. Le scandale qui accompagna sa publication est resté sans égal quand on sait qu'il a suffit d'une (mauvaise) adptation cinématographique, dans les années 1970, pour le faire renaître.
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Les plus : illustrations, proximité
les moins : franchement pervers, pas de répit
Habitant le Gâtinais, et donc pas très loin de Pithiviers, ce petit livre m'a attiré (puisqu'il se passe dans cette zone). En plus, les critiques sont plutôt bonnes. J'ai donc passé commande auprès de l'éditeur. Ca baise, ça suce, ça encule dans tous les coins et recoins du supermarché (ou du bureau du commissaire de police), ça s'enfile des saucissons, ça coupe des bouts de tétons, ça tire dans tous les sens. Aucun répit pour le lecteur. C'est même trop. Un peu de calme serait le bienvenu parfois. En fait, on a l'impression que les petites frappes de ce livre sont inspirées par celles du film Fargo des frères Cohen. Par contre, l'écriture est agréable, les illustrations sympa. Ce livre se lit donc bien, mais n'est pas crédible pour 2 sous, ou alors la vie des superettes est extrêmement délurée (tout du moins dans le pithivérais). Les cadavres et les scènes de cul s'accumulent, comme l'annonce le titre. Mais au final, on se demande où l'auteur voulait aller ... peut-être nulle part.
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Les plus : Efficace, bien écrit.
les moins : Alors ce n'est que ça Esparbec?
Pierre Fournier vient d’être quitté par sa femme, qui l’avait abondamment trompé avec tous ses amis, dont Hugo, le patron de l’écurie de La jument. Aussi j’imagine que certains personnages de ce roman doivent être familiers à KittyKat. :-) Le mari délaissé se console donc avec sa bonne, une jeune femme qui se prête de plus ou moins bonne grâce à ses exigences les plus diverses, moyennant une généreuse rétribution. Voilà résumée toute l’intrigue du livre…
Depuis le temps que je croisais le nom d’Esparbec sur les étalages des libraires et que j’entendais parler de lui, je me suis enfin décidée à assouvir ma curiosité…et je reste un peu sur ma faim.
Pour ce qui est de l’efficacité, le roman remplit très bien son office…globalement. Si l’on a des attentes littéraires (certains pourront me dire que ce n’est pas le but et que je fais la difficile, mais je ne sais pas mettre mon goût pour la lecture en veille), là le bilan est plus mitigé. Certes, c’est très bien écrit. Il manie la plume avec une aisance indéniable. Pour le fond, effectivement c’est cru et pornographique, pour reprendre l’étiquette qu’il revendique. Mais l’intrigue est maigre et l’ensemble sans grande originalité. J’ai toutefois été agréablement surprise du soin qu’il met à créer une dimension psychologique à ses personnages, ce qui l’amène parfois à narrer des épisodes presque romantiques.
En revanche, je reste un peu déçue des scènes de sexe, bien décrites mais, je me répète, pas excessivement originales et, somme toute, assez répétitives. Je pense d’ailleurs que l’auteur s’en est bien rendu compte lui-même, car il essaie parfois de proposer des changements de perspective, soit en introduisant un intermède pour raconter des épisodes de l’initiation à la débauche de l’ex-femme, soit en changeant de narrateur le temps d’un chapitre. A mon humble avis, le roman aurait gagné en efficacité à être plus court.
C’est pour cette raison que je disais plus haut qu’il est efficace « globalement » pour la lecture à une main. J’ai bien accroché avec le début qui me plaisait bien mais, au fur et à mesure que j’ai progressé dans le livre, je me suis mise à avoir la sensation de tourner en rond, et mon intérêt a diminué. J’ai fini par avaler la dernière centaine de pages d’un coup, plus ou moins pour en être débarrassée.
Néanmoins je le recommanderais tout de même pour une bonne lecture de détente sans prise de tête. Et je n’exclus pas d’en essayer un autre.
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Les plus : Efficacité érotique, témoignage sur la Chine ancienne et sur les moeurs tartares
les moins : Aucun personnage positif, pas d'unité d'action, annotations peu convaincantes
Présentation Titre original: Chuxiang piping Hailing yi shi [yi, signifiant "luxure", "débauche"] Traducteurs: Huang San et Oreste Rosenthal Ouvrage paru originalement entre 1616 et 1627, époque Ming Première édition française chez Picquier en 1995. L'édition comporte, outre le texte, une préface, une notice, et la préface originale. Il s'agit d'un texte rare.
Le récit se déroule au 12eme siècle, et met en scène Hailing, prince, puis empereur de la dynastie tartare Jin. Dissimulé, soupçonneux, cruel, Hailing pratique trahison, chantage, humiliation, viol (n'hésitant pas à faire participer à l'acte l'ensemble des concubines), meurtre. Toutes compromissions sont bonnes, avec les servantes, pour obtenir les faveurs de la maîtresse. La tyrannie s'accroît au fur et à mesure que le pouvoir de Hailing augmente. Mais ces courtes scènes ne racontent cependant pas sa vie, ni son ascension. Si la frénésie érotique de Hailing atteint l'ensemble du système politique qu'il gouverne (la hiérarchie est désormais fondée sur la longueur du sexe!), ce personnage reste un simple prétexte pour décrire histoires comiques et abominables, positions et jouets érotiques (de nombreuses références aux manuels de sexe ponctuent le récit - y compris des références anachroniques). Le langage est tantôt cru, pornographique, relevant de l'argot, tantôt classique - étonnant mélange.
Avis Qu'on ne s'attende pas à une intrigue, ni à une unité de lieu, de temps, d'action: voici une série de petites aventures pornographiques, finalement assez efficaces. Le volume comporte de jolies illustrations en outre. Il n'y a pas non plus réellement de personnages. Il y a des ... positions! Je regrette que le travail d'annotation soit assez mal pensé (bien des notes se trouvent entre parenthèses dans le texte, ce qui est peu commode; et parfois, pour des notes sans grand intérêt).
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Description des scènes d'amour |
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Intérêt de l'histoire |
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Les plus : Drôle, touchant, sexy
les moins : Aucun
C'est la digne suite du premier opus (Diary of a Manhattan call girl).
On y retrouve l'héroïne - Nancy Chan - et ses amies et clients. Plus quelques nouveaux personnages.
Et cette fois, elle est mariée !
Tracy Quan continue donc sur sa lancée avec ce roman et aborde en plus - entre autres - les thèmes du mariage, de la fidélité, de l'adultère, de l'envie d'enfant, de la grossesse et du militantisme.
A travers l'histoire qu'elle conte se dessine une critique - au sens positif du terme - de la société et de la condition des femmes, et plus particulièrement, des prostituées.
Elle y poursuit également sa réflexion sur la sexualité et sur l'ouverture d'esprit.
Elle ne tombe jamais dans la vulgarité ni dans la facilité et c'est fort appréciable.
Je suis conquise par cette femme.
Je vous recommande vivement de la lire.
Enjoy.
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2 Commentaires
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Style, qualité d'écriture |
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Originalité des situations |
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Description des scènes d'amour |
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Intérêt de l'histoire |
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Note Générale |
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Les plus : Style, situation, description, originalité
les moins : une fois fini il faut en trouver un autre :)
Je ne suis pas du tout du style a lire, ni quand j'étais à l'école ni pour mon plaisir, je doute même d'avoir un jour fini un livre...
Lors de mes dernières vacances je l'ai emporté avec moi et seul un chapitre ou deux par jour, ce couplé à l'envie de retrouver ma copine, chaque fois mon plus grand regret était de ne pas être seul dans la pièce.
Je m'attendais à quelque chose de bien mais pas tant, un vrai régal a chaque page, à chaque mot. Les situations sont fantasmagoriques (ça décrit bien hein), la description de chaque geste et de chaque sensation est délicieuse. Chaque chapitre décrit un souvenir différent et colle parfaitement avec la plupart des fantasmes les plus rependus (plan à 3, sodomie et bien d'autres) mais dans des situations extrêmement excitantes.
On se transpose tout simplement dans ces souvenirs, on s'imagine, se rappel des situations, ce qui est excitant aussi c'est qu'on a le point de vue d'une femme !
En bref : un régal à lire du début à la fin, je me disais à chaque chapitre "c'est encore mieux que le précedent!!".
Je le recommande fortement mais attention si vous êtes loin de votre belle c'est se faire du mal même si c'est bon!
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Style, qualité d'écriture |
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Originalité des situations |
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Description des scènes d'amour |
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Intérêt de l'histoire |
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Note Générale |
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Les plus : Facile à lire, appelle un chat un chat
les moins : Complaisant, caricatural, intrigue quasi inexistante, style très pauvre, situations peu excitantes
Un livre accrocheur, tapageur même. Il pourrait tout aussi bien être un film porno, dont il reprend tous les fantasmes et les schémas "classiques". Je me suis beaucoup ennuyée et, si cette lecture n'avait pas été courte, j'aurais trouvé que c'était une perte de temps que de la faire. Impossible de se projeter sur cette écriture sans âme et peu novatrice finalement.
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Style, qualité d'écriture |
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Originalité des situations |
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Description des scènes d'amour |
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Les plus : Classique de la littérature érotique mêlant descriptions érotiques, philosophie, humour parfois
les moins : La noirceur de la philosophie sadienne peut ne pas plaire
Ce roman - écrit comme une pièce de théâtre (7 dialogues qui comprennent des indications scéniques) - est paru en 1795. Son titre complet est: "La philosophie dans le boudoir ou les Instituteurs immoraux - Dialogue destiné à l'éducation des jeunes demoiselles".
Il s'agit de l'éducation sexuelle et érotique d'Eugénie, jeune fille de 15 ans. Cette éducation est faite par deux libertins, Madame de Saint-Ange, et Dolmancé ("sodomite"), dans un boudoir, qui s'efforcent d'inculquer "tous les principes du libertinage le plus effréné", l'impiété, l'inhumanité; corrompre, étouffer les semences de vertu, de religion, dégrader Eugénie, telle est l'objet de cette instruction. En même temps, les deux instituteurs souhaitent joindre théorie et pratique. Ainsi, on verra par exemple l'usage des seins, des tétons, du vit, des testicules: "Et ces boules (demande Eugénie), quel est leur usage, et comment les nomme-t-on?"; "Le mot technique est couilles...testicules est celui de l'art". Suit un descriptif sur la fonction des testicules, sur la manière de les carresser, et la mise en pratique.
On a également des propos plus généraux sur la vie maritale. Le but de l'épouse, dit Madame de Saint-Ange, est de se faire foutre du matin jusqu'au soir; ainsi l'adultère est "une action parfaitement indifférente pour le mari, qui ne le sait pas, parfaitement bonne pour la femme, qu'elle délecte". Si par hasard, le mari découvre l'adultère, le tort n'appartient qu'au mari...puisqu'on a montré que l'adultère est indifférente; le mal de l'adultère, c'est donc seulement de découvrir l'adultère! Je veux me marier aussitôt, se réjouit Eugénie, pour mettre ces maximes en usage!
La philosophie de Sade transparaît à chacun des dialogues. La destruction est une des premières lois de la nature. Rien donc de ce qui détruit ne saurait être un crime. La nature compose, décompose les corps; la nature jouit dans la mort; la mort est volupté. C'est ainsi simplement suivre la nature que décomposer, composer les corps, les découper en petits bouts, les déchirer, les briser; c'est jouir avec elle.
Au cinquième dialogue, figure le fameux pamphlet: "Français, encore un effort si vous voulez être républicains", plaidoyer contre les religions, foyers du despotisme, et plaidoyer pour l'athéisme. Sade propose une réforme des moeurs: refus de la peine de mort, refus de sanctionner le vol, ouverture des maisons closes publiques, autorisation de l'adultère, de l'inceste, de la sodomie, de la pédérastie. La plupart des actions que les Anciens jugent mauvaises sont indifférentes (comme Sade l'a montré, dit-il, pour l'adultère); ni bien ni mal.
On trouve également dans la Philosophie dans le Boudoir des indications historiques intéressantes: par exemple, en guise de préservatif, les femmes mettaient une petite éponge dans leur vagin; les hommes utilisaient le "condom", petit sac en peau de Venise.
C'est un texte important, qu'il faut avoir lu, pour la radicalité de la décision sadienne. Mais qui n'est guère détendant, si c'est de la détente que l'on cherche!
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Style, qualité d'écriture |
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Originalité des situations |
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Description des scènes d'amour |
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Intérêt de l'histoire |
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Note Générale |
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Les plus : Un classique qui détend, roman très court qui se lit en une soirée et qui rappelle les émotions érotiques de notre enfance
les moins : Roman décevant par rapport aux Onze Mille Verges; situations et style pauvres
D'après Pascal Pia (cf mon compte rendu sur "Les Livres de l'Enfer"), une rumeur (lancée par Louis Perceau) circule, selon laquelle il y aurait eu une première édition de ce texte autour de 1906-1907, intitulée "Les mémoires d'un jeune Don Juan" (dont le héros s'appelerait Willie et non Roger), mais personne n'a, semble-t-il, signalé avoir rencontré un exemplaire de cette édition. Pascal Pia pense, quant à lui, que la première édition date de 1911; elle est signée "G.A.". Cette édition sort manifestement du même atelier que celui de l'originale des "Onze Mille Verges". Même imprimeur également. Pas d'indication d'éditeur sur l'édition supposée originale, sauf "Paris". Le roman a été initialement publiée avec une nouvelle attribuée faussement à Apollinaire, "La blanche Hermine". L'attribution des "Exploits d'un Jeune Don Juan" à Apollinaire est moins évidente que l'attribution des "Onze Mille Verges" qui, elle, ne fait aucun doute. Elle reste très probable.
La première édition publique est celle de Régine Desforges, dans l'Or du Temps, en 1970.
La situation romanesque est des plus simples. Il s'agit d'un roman d'éducation, mais d'éducation érotique. Le jeune héros, Roger, a 13 ans au moment où s'ouvre le récit, il découvre les sensations de la chair avec soeurs, servantes, ainsi qu'avec sa tante. On a ainsi une succession assez monotone de scènes "éducatives", dans un lieu appelé "le Château".
Ce lieu n'est pas anecdotique, c'est une maison secondaire, une campagne, comme dit la mère de Roger: cela dit assez que l'on a affaire à une éducation érotique d'un Don Juan de la bourgeoisie qui a le temps de s'éducquer, précisément parce qu'il n'a rien à faire et qu'il dispose de temps libre. C'est là sans doute une thèse sous-jacente à tout le livre: l'érotisme suppose loisir et temps libre, et donc soustraction au travail. Bien des livres érotiques vivent sur ce présupposé, mais il me semble qu'il est ici vraiment patent, car au fond, de tout le roman, il ne se passe rien. Je pourrais même dire qu'on s'ennuie, au sens où l'ennui est essentiellement lié à cette vacance, à ce temps hors travail.
Rien donc à voir avec les aventures picaresques et rabelaisiennes du prince Vibescu dans les "Onze Mille Verges"! D'après Scott Bates, le vocabulaire est significatif: alors que dans les "Onze Mille Verges", Apollinaire emploie environ 130 mots et métaphores pour désigner le sexe de la femme, 200 pour le sexe masculin, en revanche dans les "Exploits d'un Jeune Don Juan", Apollinaire emploie de manière récurrente des termes vraiment courants, comme "con, bite, quéquette, membre, pine", etc.
Je me suis efforcée de relire ce petit roman, à distance des "Onze Mille Verges" pour ne pas subir l'ombre de ce grand roman érotique plein d'humour. Si j'ai été moins déçue que lors de la première lecture, si on s'amuse un peu, si ça rappelle les touche-pipi de l'enfance, si donc on ressent encore de lointaines émotions (!), il reste que c'est tout de même un petit roman érotique.
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