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par Aretina 399
19.04.2008
Style, qualité d'écriture |
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Originalité des situations |
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Description des scènes d'amour |
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Intérêt de l'histoire |
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Note Générale |
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Les plus : document à connaitre absolument, tableau historique d'une facette de la prostitution
les moins : la minutie des descriptions peut être dérangeante, pas comme forme, mais comme fond
(enfin, pour le lecteur très sensible)
Vu que mes derniers avis m’ont portée sur les territoires de l’Asie, j’y reste encore au cours de quelques avis… Mais on quitte le Pays du Soleil Levant pour faire un petit voyage et joindre la terre ferme : le millénaire Empire céleste, la Chine.
Grâce au CDS et aux avis très tentants de Lavax, j’ai éprouvé la curiosité de découvrir les romans galants chinois. Partner in crime m’a par la suite offert plusieurs pour que je m’en fasse une idée.
Le premier que j’en ai lu fut Rouge au gynécée.
Un des chapitres débute ainsi :
La capitale est un endroit merveilleux ; c’est la cité la plus importante de l’empire. En haut réside l’empereur, en bas le peuple. Et c’est ce « bas » - mieux dit ses confins les plus immondes, dans la troisième décennie du XVIIe siècle - qui fournit la scène de notre récit. Une jeune fille « de grande famille », reste orpheline à ses 16 ans. Bernée par un ancien employé rancunier et malintentionné de son père, elle finit dans les bordels de dernière catégorie.
Le texte est – à mon avis – un texte pornographique dans le sens étymologique du terme : c’est un tableau de la prostitution, peint avec des couleurs impitoyablement vives, appliquées avec un pinceau dur comme un instrument de torture. Le tableau ne se soustrait à aucun détail, pour écorchant qu’il soit.
Ce n’est pas la prostitution « haut de gamme », mais plutôt celle du plus bas niveau. Le lecteur apprend sur l’ambiance de ce districts de plaisir (c’est un euphémisme !), les personnes qui les gèrent et fréquentent, les méthodes de renouveler les files d’employées, les conditions du travail de ces filles.
D’ailleurs, il est aussi difficile de parler d’érotisme, quand les filles ne sont pas traitées comme des personnes, mais comme des objets, comme des récipients affectés à collecter les secrétions masculines.
Le final, censé d’être positif, m’a également laissé un goût amer : il faut effectivement souffrir afin d’accéder à l’élévation de l’esprit. Je n’arrive pas à passer outre que l’on donne une sorte de justification aux souffrances que les êtres humains infligent à leurs semblables. Mais bon, avec ma tête occidentale, je suis certes mal placée à émettre des jugements sur cet aspect. Il s’agit probablement d’éveiller l’aspiration de s’élever encore après avoir appris à lutter pour remonter à la place d’où on est chu.
Le roman a pourtant comme mérite de constituer un précieux document social et historique, du fait des précisions et renseignements sur une série d’aspects caractérisant l’époque. C'est un texte à connaitre absolument.
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8 Commentaires
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par Lavax 300
15.08.2006
Style, qualité d'écriture |
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Originalité des situations |
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Description des scènes d'amour |
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Intérêt de l'histoire |
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Note Générale |
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Les plus : Roman érotique chinois du 17 eme siècle qui fait découvrir la sexualité sous le jour de la violence, et l'histoire des bordels chinois
les moins : Aucun
Titre chinois: Yu Gui Hong. Traduction: Martin Maurey. Publié pour la première fois en 1632, ce roman a eu une diffusion limitée en Chine, à la différence du Jin Ping Mei, ou Fleur à la Fiole d'Or (les deux romans seraient, en effet, du même auteur, - anonyme) - peut-être parce qu'il dépeint, avec une rare violence, en des scènes parfois à la limite du supportable, l'inhumanité des bordels et bas-fonds de Pékin à la toute-fin de la dynastie Ming (1368-1644) en sa période de décadence.
L'histoire est celle d'une jeune fille de 16 ans qui, orpheline, se retrouve dans un bordel, et doit en apprendre peu à peu coutumes et conditions de travail (non pas seulement, par exemple, comment faire une fellation à un homme qu'on n'aime pas ou qu'on ne connaît pas, mais comment faire une fellation quand on ne sait pas même à quoi ressemble un sexe d'homme, etc.). C'est un roman d'apprentissage de la sexualité comme prostitution. Complicités, rivalités entre prostituées jalonnent le récit.
On voit aisément qu'il ne s'agit pas d'un roman "érotique", bien qu'il soit classé parmi ce genre. Aucun érotisme, aucune pornographie, mais la seule violence, la bestialité, l'expérience du degré le plus bas de la vie.
Le romancier ne conclut pas pourtant à la noirceur radicale du monde, comme ferait un Sade. Quand on a connu telle bassesse, tel dénuement, on ne peut que s'élever. De même, le pauvre ne peut que devenir riche.
NB: la qualité du style ne peut être appréciée comme telle, puisqu'il s'agit d'une traduction.
C'est en tout cas un roman pour lequel je ne vois pas d'équivalent occidental dans le degré de violence - y compris chez Sade. André Levy, traducteur du Jin Ping Mei disait que la littérature érotique occidentale a quelque chose de mécanique et d'arbitraire; les situations s'enchaînent comme les rouages d'une horlogerie; rien de tel ici. Aucune gratuité des scènes, aucun arbitraire, tout est précisément décrit, une minutie douloureuse; c'est ce qui donne au récit, qui sans doute est un récit mineur de la littérature chinoise, une telle force.
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