Avis |
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par Aretina 399
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19.04.2008 20:46 |
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Style, qualité d'écriture |
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Originalité des situations |
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Description des scènes d'amour |
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Intérêt de l'histoire |
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Note Générale |
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Les plus : document à connaitre absolument, tableau historique d'une facette de la prostitution
les moins : la minutie des descriptions peut être dérangeante, pas comme forme, mais comme fond
(enfin, pour le lecteur très sensible)
Vu que mes derniers avis m’ont portée sur les territoires de l’Asie, j’y reste encore au cours de quelques avis… Mais on quitte le Pays du Soleil Levant pour faire un petit voyage et joindre la terre ferme : le millénaire Empire céleste, la Chine.
Grâce au CDS et aux avis très tentants de Lavax, j’ai éprouvé la curiosité de découvrir les romans galants chinois. Partner in crime m’a par la suite offert plusieurs pour que je m’en fasse une idée.
Le premier que j’en ai lu fut Rouge au gynécée.
Un des chapitres débute ainsi :
La capitale est un endroit merveilleux ; c’est la cité la plus importante de l’empire. En haut réside l’empereur, en bas le peuple. Et c’est ce « bas » - mieux dit ses confins les plus immondes, dans la troisième décennie du XVIIe siècle - qui fournit la scène de notre récit. Une jeune fille « de grande famille », reste orpheline à ses 16 ans. Bernée par un ancien employé rancunier et malintentionné de son père, elle finit dans les bordels de dernière catégorie.
Le texte est – à mon avis – un texte pornographique dans le sens étymologique du terme : c’est un tableau de la prostitution, peint avec des couleurs impitoyablement vives, appliquées avec un pinceau dur comme un instrument de torture. Le tableau ne se soustrait à aucun détail, pour écorchant qu’il soit.
Ce n’est pas la prostitution « haut de gamme », mais plutôt celle du plus bas niveau. Le lecteur apprend sur l’ambiance de ce districts de plaisir (c’est un euphémisme !), les personnes qui les gèrent et fréquentent, les méthodes de renouveler les files d’employées, les conditions du travail de ces filles.
D’ailleurs, il est aussi difficile de parler d’érotisme, quand les filles ne sont pas traitées comme des personnes, mais comme des objets, comme des récipients affectés à collecter les secrétions masculines.
Le final, censé d’être positif, m’a également laissé un goût amer : il faut effectivement souffrir afin d’accéder à l’élévation de l’esprit. Je n’arrive pas à passer outre que l’on donne une sorte de justification aux souffrances que les êtres humains infligent à leurs semblables. Mais bon, avec ma tête occidentale, je suis certes mal placée à émettre des jugements sur cet aspect. Il s’agit probablement d’éveiller l’aspiration de s’élever encore après avoir appris à lutter pour remonter à la place d’où on est chu.
Le roman a pourtant comme mérite de constituer un précieux document social et historique, du fait des précisions et renseignements sur une série d’aspects caractérisant l’époque. C'est un texte à connaitre absolument.
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Commentaires |
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par Lavax 300
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19.04.2008 23:10 |
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Coucou Aretina! Donc, tu l'as lu! C'est en effet pornographique au sens strict. Pleinement d'accord avec ton avis! Tu devrais, à propos de ta remarque sur les secrétions***, jeter un oeil sur van Gulik, la Vie sexuelle dans la Chine ancienne - c'est très éclairant.
***Il y a toute une gestion des sécrétions dans les pratiques sexuelles chinoises anciennes, liée au maintien de la santé comme telle, et à la capacité de devenir un ou une Immortel(le).
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par Aretina 399
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19.04.2008 23:19 |
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Hello, Lavax! :)
Merci pour ton commentaire!
Oui, je l'ai lu, tu m'as donné envie. Il a fallu du temps avant que j'entame la lecture des autres deux romans, mais je ne suis aucunement déçue d'avoir connu cet univers littéraire.
Pour l'œuvre de van Gulik, je dois encore soupirer (longtemps? Peut-être que j'aurais la chance de trouver une édition lors de mes voyages?). Ce que tu mentionnes dur la gestion des sécrétions semble très intrigant. Serait-ce a rapprocher des concepts occidentaux des quatre "humeurs" ou je m'égare?
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par Lavax 300
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19.04.2008 23:36 |
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Disons que le seul rapport, c'est que de même que l'équilibre des humeurs produit la santé, la gestion des sécrétions sexuelles en Chine est condition de la santé. Maintenant, les humeurs de la Grèce antique ne sont pas spécifiquement liées à la sexualité - ce qui n'est pas le cas des sécrétions issues de l'acte sexuel en Chine: le principe étant qu'il faut, pour un homme, retenir le plus longtemps possible l'éjaculation, l'homme absorbe ainsi l'essence yin de la femme et augmente sa vitalité. "Nuages" et "pluies" désignent l'acte sexuel comme sécrétions: nuages ou sécrétions vaginales de la femme, pluie, émission de la semence de l'homme.
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par Aretina 399
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19.04.2008 23:54 |
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Merci pour ces précisions, Lavax. Elles me rappellent très bien les premiers chapitres des "Nuages et pluie". C'est un aspect qui me laisse admirative avec la mentalité chinoise, que de concevoir la sexualité sous l'angle de l'hygiène de vie et de la bonne santé du corps et de l'esprit. Quand on pense que dans l'Occident on a encore du boulot avant d'atteindre ce niveau! :S
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par Philouz 47
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20.04.2008 11:00 |
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Bonjour Aretina et Lavax,
Si aujourd'hui, vous aviez un (ou deux) ouvrage(s) a recommander décrivant l'érotisme et la sexualité dans dans la Chine ancienne, lequel suggèreriez-vous?
Merci.
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par Lavax 300
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20.04.2008 13:13 |
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Bonjour Philouz, je choisirais Du Rouge au Gynécée, et Belle de Candeur, si tu as peu de temps. Mais si tu as du temps, il est clair que le roman érotique chinois essentiel, celui qui sert de matrice à (presque) tous les autres, c'est le Jin Ping Mei, Fleur en Fiole d'Or, que je suis en train de lire, et qui fait plus de 2000 pages en Gallimard (2 volumes)... :) Bon dimanche!
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par Philouz 47
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20.04.2008 16:20 |
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Merci Lavax... As-tu bientôt fini le Jin Ping Mei? ;)
C'est pour savoir si j'attends ton commentaire ou si je commence a le lire maintenant... 2000 pages, cela va me prendre du temps! (Remarque, tant mieux car je n'aime pas quand ça se termine trop vite ;p )
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par Lavax 300
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20.04.2008 18:32 |
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Re-hello Philouz, j'ai fini le premier tome, mais il reste le second...! Mon avis, ce n'est pas avant un mois au moins, car j'ai des obligations professionnelles en même temps (ah, si c'étaient les vacances....!). Sinon, au cas où tu t'y mettrais, un conseil, les notes sont monstrueuses: même si tu n'es pas habitué à la littérature chinoise, si tu les lis toutes, tu vas mettre 6 mois, ou plutôt tu ne vas pas finir le bouquin...! Donc, le mieux, c'est de ne lire que celles qui te paraissent nécessaires... Mais si jamais tu as un peu de temps, ou des vacances, ça peut se lire en 15 jours non stop, je pense, et là, la lecture serait vraiment fructueuse - comme un roman d'aventures érotiques (et, non érotiques aussi, car c'est avant tout un roman sur une société passablement corrompue...)
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