Style, qualité d'écriture |
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Originalité des situations |
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Description des scènes d'amour |
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Intérêt de l'histoire |
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Note Générale |
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Les plus : Classique de la littérature érotique mêlant descriptions érotiques, philosophie, humour parfois
les moins : La noirceur de la philosophie sadienne peut ne pas plaire
Ce roman - écrit comme une pièce de théâtre (7 dialogues qui comprennent des indications scéniques) - est paru en 1795. Son titre complet est: "La philosophie dans le boudoir ou les Instituteurs immoraux - Dialogue destiné à l'éducation des jeunes demoiselles".
Il s'agit de l'éducation sexuelle et érotique d'Eugénie, jeune fille de 15 ans. Cette éducation est faite par deux libertins, Madame de Saint-Ange, et Dolmancé ("sodomite"), dans un boudoir, qui s'efforcent d'inculquer "tous les principes du libertinage le plus effréné", l'impiété, l'inhumanité; corrompre, étouffer les semences de vertu, de religion, dégrader Eugénie, telle est l'objet de cette instruction. En même temps, les deux instituteurs souhaitent joindre théorie et pratique. Ainsi, on verra par exemple l'usage des seins, des tétons, du vit, des testicules: "Et ces boules (demande Eugénie), quel est leur usage, et comment les nomme-t-on?"; "Le mot technique est couilles...testicules est celui de l'art". Suit un descriptif sur la fonction des testicules, sur la manière de les carresser, et la mise en pratique.
On a également des propos plus généraux sur la vie maritale. Le but de l'épouse, dit Madame de Saint-Ange, est de se faire foutre du matin jusqu'au soir; ainsi l'adultère est "une action parfaitement indifférente pour le mari, qui ne le sait pas, parfaitement bonne pour la femme, qu'elle délecte". Si par hasard, le mari découvre l'adultère, le tort n'appartient qu'au mari...puisqu'on a montré que l'adultère est indifférente; le mal de l'adultère, c'est donc seulement de découvrir l'adultère! Je veux me marier aussitôt, se réjouit Eugénie, pour mettre ces maximes en usage!
La philosophie de Sade transparaît à chacun des dialogues. La destruction est une des premières lois de la nature. Rien donc de ce qui détruit ne saurait être un crime. La nature compose, décompose les corps; la nature jouit dans la mort; la mort est volupté. C'est ainsi simplement suivre la nature que décomposer, composer les corps, les découper en petits bouts, les déchirer, les briser; c'est jouir avec elle.
Au cinquième dialogue, figure le fameux pamphlet: "Français, encore un effort si vous voulez être républicains", plaidoyer contre les religions, foyers du despotisme, et plaidoyer pour l'athéisme. Sade propose une réforme des moeurs: refus de la peine de mort, refus de sanctionner le vol, ouverture des maisons closes publiques, autorisation de l'adultère, de l'inceste, de la sodomie, de la pédérastie. La plupart des actions que les Anciens jugent mauvaises sont indifférentes (comme Sade l'a montré, dit-il, pour l'adultère); ni bien ni mal.
On trouve également dans la Philosophie dans le Boudoir des indications historiques intéressantes: par exemple, en guise de préservatif, les femmes mettaient une petite éponge dans leur vagin; les hommes utilisaient le "condom", petit sac en peau de Venise.
C'est un texte important, qu'il faut avoir lu, pour la radicalité de la décision sadienne. Mais qui n'est guère détendant, si c'est de la détente que l'on cherche!
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