Style, qualité d'écriture |
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Originalité des situations |
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Description des scènes d'amour |
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Intérêt de l'histoire |
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Note Générale |
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Les plus : Un classique qui détend, roman très court qui se lit en une soirée et qui rappelle les émotions érotiques de notre enfance
les moins : Roman décevant par rapport aux Onze Mille Verges; situations et style pauvres
D'après Pascal Pia (cf mon compte rendu sur "Les Livres de l'Enfer"), une rumeur (lancée par Louis Perceau) circule, selon laquelle il y aurait eu une première édition de ce texte autour de 1906-1907, intitulée "Les mémoires d'un jeune Don Juan" (dont le héros s'appelerait Willie et non Roger), mais personne n'a, semble-t-il, signalé avoir rencontré un exemplaire de cette édition. Pascal Pia pense, quant à lui, que la première édition date de 1911; elle est signée "G.A.". Cette édition sort manifestement du même atelier que celui de l'originale des "Onze Mille Verges". Même imprimeur également. Pas d'indication d'éditeur sur l'édition supposée originale, sauf "Paris". Le roman a été initialement publiée avec une nouvelle attribuée faussement à Apollinaire, "La blanche Hermine". L'attribution des "Exploits d'un Jeune Don Juan" à Apollinaire est moins évidente que l'attribution des "Onze Mille Verges" qui, elle, ne fait aucun doute. Elle reste très probable.
La première édition publique est celle de Régine Desforges, dans l'Or du Temps, en 1970.
La situation romanesque est des plus simples. Il s'agit d'un roman d'éducation, mais d'éducation érotique. Le jeune héros, Roger, a 13 ans au moment où s'ouvre le récit, il découvre les sensations de la chair avec soeurs, servantes, ainsi qu'avec sa tante. On a ainsi une succession assez monotone de scènes "éducatives", dans un lieu appelé "le Château".
Ce lieu n'est pas anecdotique, c'est une maison secondaire, une campagne, comme dit la mère de Roger: cela dit assez que l'on a affaire à une éducation érotique d'un Don Juan de la bourgeoisie qui a le temps de s'éducquer, précisément parce qu'il n'a rien à faire et qu'il dispose de temps libre. C'est là sans doute une thèse sous-jacente à tout le livre: l'érotisme suppose loisir et temps libre, et donc soustraction au travail. Bien des livres érotiques vivent sur ce présupposé, mais il me semble qu'il est ici vraiment patent, car au fond, de tout le roman, il ne se passe rien. Je pourrais même dire qu'on s'ennuie, au sens où l'ennui est essentiellement lié à cette vacance, à ce temps hors travail.
Rien donc à voir avec les aventures picaresques et rabelaisiennes du prince Vibescu dans les "Onze Mille Verges"! D'après Scott Bates, le vocabulaire est significatif: alors que dans les "Onze Mille Verges", Apollinaire emploie environ 130 mots et métaphores pour désigner le sexe de la femme, 200 pour le sexe masculin, en revanche dans les "Exploits d'un Jeune Don Juan", Apollinaire emploie de manière récurrente des termes vraiment courants, comme "con, bite, quéquette, membre, pine", etc.
Je me suis efforcée de relire ce petit roman, à distance des "Onze Mille Verges" pour ne pas subir l'ombre de ce grand roman érotique plein d'humour. Si j'ai été moins déçue que lors de la première lecture, si on s'amuse un peu, si ça rappelle les touche-pipi de l'enfance, si donc on ressent encore de lointaines émotions (!), il reste que c'est tout de même un petit roman érotique.
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