Style, qualité d'écriture |
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Originalité des situations |
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Description des scènes d'amour |
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Intérêt de l'histoire |
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Note Générale |
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Les plus : Langue "canaille", petit traité de filouterie conté avec humour et violence, portée sociale du texte
les moins : Edition non annotée, structure un peu répétitive
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La Vie des Courtisanes est le troisième dialogue de l'Arétin entre la Nanna et l'Antonia, qui se demandent quelle situation choisir pour la Pippa, fille de la Nanna: dans le premier dialogue, La Vie des Nonnes produit > vie des nonnes, la Nanna a raconté maintes petites histoires peu vertueuses concernant la vie en religion; dans le second dialogue, La Vie des Femmes Mariées produit > vie des femmes mariees, des scènes de la vie conjugale ont, avec noirceur et ricanements, dépeint la vie de la femme adultère. Ce troisième dialogue propose de comparer la vie de putain.
Voici donc cette Troisième Journée, si le coeur vous en dit.
L'argument Le putanisme se peut résumer de quelques mots:
"Les putains ne sont pas des femmes, ce sont des putains". Elles agissent en putain tout le temps qu'elles vivent en putain. Et comme rien ne vient que par tromperie en ce monde, "tout est bon à prendre". A la différence du second dialogue, ce troisième dialogue raconte la seule vie (bien remplie) de la Nanna. C'est un petit traité de ruses, de filouteries, de vols, de trahisons, et autres cruautés. La putanisme, dit la Nanna, c'est du miel dans la bouche, et un rasoir dans les mains. Prête à tout pour s'enrichir, la putain va jusqu'à faire disparaître les cure-dents qui traînent dans les poches de ses amants! Semer la discorde, susciter les haines, briser les amitiés: telle est sa fin:
"Nous leur donnons à manger jusqu'à nos étrons, jusqu'à nos marquis [entendez "nos menstrues"]*" (*Aucune annotation pour ce terme de "marquis": avouons que cela peut prêter à confusion.) Quelle violence verbale et physique: la langue n'est pas seulement canaille, "parce que grâce à elle, se font mille canailleries" (c'est ainsi que la Nanna et l'Antonia s'amusent à écorcher des grands noms de la tradition - on se demande si c'est par ignorance ou par révolte sociale), elle coupe comme le rasoir. Les putains font encore manger à leurs amants "une poignée de croûtes de mal français" (la syphilis)..., en sorte qu'on dira bien volontiers d'elles que la luxure est le moindre de leurs péchés: elles préfèrent arracher le coeur et la rate des autres!
Avis Beaucoup de culot dans ce dialogue, qui ne peut laisser indifférent. Il y a dans la trahison putanesque une violence telle qu'elle dépasse la filouterie, et l'appât du seul gain: quelque chose comme une révolte gronde, une colère, qui ici s'exprime par la violence des termes. La langue, chez l'Arétin, est à chaque fois mise au service de ses buts. Plus j'avance dans ce texte, plus je suis séduite par la qualité du style - ou du moins sa parfaite adéquation avec ce que l'auteur veut faire.
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