Scénario & Dialogues |
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Mise en scène & Réalisation |
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Jeu d'acteur |
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Scènes érotiques |
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Intérêt du film |
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Note Générale |
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Les plus : Musique, jeu des acteurs, photographie, traitement de la couleur
les moins : Thème, perversité des rapports humains
Caractéristiques Scénario: Liliana Cavani, Italo Moscati, d'après une histoire de Liliana Cavani, Barbara Alberti, Amedeo Pagani Photographie: Alfio Contini Musique: Daniele Paris, extraits de Mozart, et de Marlene Dietrich Durée initiale: 115 minutes Interdit, à sa sortie, en Italie Titre original: Il Portiere di Notte Titres français: Un Fameux Renard; Portier de Nuit Production: italienne: Italonegglio Cinematografico; Lotar Film Sortie aux USA: 1 er Octobre 1974. Je ne suis pas parvenue à repérer la date de sortie en France, date antérieure à celle de la sortie aux USA. Couleurs
Résumé Le film se passe à Vienne en 1957. Lucia (Charlotte Rampling) séjourne dans un hôtel, en compagnie de Atherton, son mari, grand chef d'orchestre américain, venu diriger la Flûte enchantée de Mozart. Max (Dirk Bogarde), portier de nuit de l'hôtel, reconnaît en Lucia une ancienne déportée qu'il avait connue alors qu'il était officier SS dans un camp de concentration, qu'il avait violée, et dont il avait fait sa maîtresse. Lucia avait 15 ans, alors; un corps de garçon, des cheveux coupés courts. Elle avait désiré Max, elle le désire encore. Leurs relations passées se renouent. Sauf qu'on ne sait plus bien qui est bourreau, qui est victime; les places s'inversent, se mélangent; de même la caméra alterne le regard du tortionnaire et celui de la déportée. Passé et présent se mêlent. Tout est confusion. Ainsi sans doute Liliana Cavani veut-elle nous faire éprouver la complicité du bourreau et de la victime, leur fonctionnement en couple. Il s'agit, dit-elle, d'analyser les limites de la nature humaine, de pousser les choses à l'extrême, "rien n'est fantastique que la réalité. C'est ce que je montre dans Portier de Nuit"
Avis Beaucoup de polémique autour de ce film, à cause de la perversité qui y est décrite, et de la beauté concomitante des acteurs, de leur jeu, de la mise en scène: Portier de nuit fait partie de ces films sur le nazisme où le spectateur est mis en position d'être fasciné.
En réalité, je partage assez la thèse de Foucault sur ce film, et j'ai le sentiment que Cavani part d'un contresens historique: "le nazisme n'a pas été inventé par les grands fous érotiques du XXeme siècle, écrit Foucault, mais par les petits bourgeois les plus sinistres, dégoûtants qu'on puisse imaginer. Himmler était vaguement agronome, et il avait épousé une infirmière. Il faut comprendre que les camps de concentration sont nés de l'imagination conjointe d'une infirmière d'hôpital et d'un éleveur de poules. Hôpital + basse-cour: voilà le fantasme qu'il y avait derrière les camps de concentration". Le rêve des nazis ne véhiculait aucun érotisme: c'était un "infect rêve petit bourgeois" de propreté radicale, purger la société, avec des balais et des torchons. Qu'il y ait eu, dans ces conditions, des rapports érotiques locaux entre bourreau et supplicié, c'est un fait, mais qui ne tient pas à l'essence même du nazisme.
La question doit donc être inversée: pourquoi aujourd'hui avons-nous besoin du nazisme pour nous représenter nos fantasmes érotiques? Pourquoi nous faut-il des bottes, des aigles, des casquettes? Pourquoi se rabattre sur le sadisme?
Si Sade n'a rien à voir avec une érotique nazie car le nazisme n'est pas en son essence érotique, peut-être bien, en revanche, continue Foucault***, que Sade a formulé l'érotisme d'une société disciplinaire, la nôtre: tant pis alors pour Sade et tant pis pour nous! "Il nous ennuie, c'est un disciplinaire, un sergent du sexe, un agent-comptable des culs et de leurs équivalents".
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