Scénario & Dialogues |
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Mise en scène & Réalisation |
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Jeu d'acteur |
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Scènes érotiques |
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Intérêt du film |
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Note Générale |
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Les plus : farce, musique, provocation permanente
les moins : pour reprendre une expression de Reiser qui dessina l'affiche du film, c'est "dégueulasse"!
"IL FAUT MANGER!"
Le scénario remarquable de Francis Blanche est inspiré des petites sauteries qui réunissaient, jadis, autour d'une bonne bouffe le réalisateur Marco Ferreri, les Sarde (Philippe Sarde étant l'auteur de l'obsédante rumba qui ponctue funestement le film), et quelques prostituées.
A sa sortie, le film fit scandale: "c'est dégueulasse", disait-on, partant avant même la fin. A quoi Piccoli, raconte-t-on encore, répondait - sèchement, et s'emportant: "Ils n'ont rien compris!"
Pets, rots, - scatologie; sexe, bouffe. On a, peut-être, en tête une des fameuses scènes où Piccoli, souffrant d'aérophagie, explose - littéralement. Une farce macabre: derrière la ritournelle "il faut manger", derrière les fesses des prostituées, derrière les seins et cuisses charnues d'Andrea Ferreol (superbe!), la mort est là. Un festin funèbre. Un cul imprimé sur une tarte géante, l'amour au milieu de la puanteur des excréments, des cuisseaux de chevreuil avalés, vomis, pâtés monstrueux dégustés près des amis entassés dans une chambre froide. Fête de la jouissance: petite et grande mort.
On y a vu une critique de la société de consommation. Manger, "baiser", consommer jusqu'au corps de l'autre. Sans doute. Le cynisme à la Blanche et à la Reiser ne nous épargne rien! Société défunte dont la fin est inscrite en elle-même.
Mais, le film est plus qu'une fable sociale. Le double registre sur lequel il joue continuellement, comédie et tragédie, le rend mal situable, lui donnant un statut de "carnaval", de "bouffonnerie", qui va au-delà de l'objet qu'il se donne. Devant le pet gigantesque qui conduit à la mort, nous sommes dans une situation impossible: impossible de rire, impossible de pleurer. La réussite du film est d'être (quasiment toujours*) dans "l'au-delà" de ce à quoi il prétend.
*Quasiment toujours, car il cède quelquefois à la facilité du comique de répétition, du cynisme certes adéquat à la dénonciation de la société qui fut celle d'après 68 - son côté "dégueulasse", "reiserien" - qui nous plonge le nez dans la cuvette des toilettes bouchées.
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