Avis

Avis La Grande Bouffe par Lavax
par Lavax F 300 17.09.2009 15:12
Scénario & Dialogues 4/4
Mise en scène & Réalisation 3/4
Jeu d'acteur 3/4
Scènes érotiques 3/4
Intérêt du film 3/4
Note Générale 3/4
Les plus : farce, musique, provocation permanente
les moins : pour reprendre une expression de Reiser qui dessina l'affiche du film, c'est "dégueulasse"!

"IL FAUT MANGER!"

Le scénario remarquable de Francis Blanche est inspiré des petites sauteries qui réunissaient, jadis, autour d'une bonne bouffe le réalisateur Marco Ferreri, les Sarde (Philippe Sarde étant l'auteur de l'obsédante rumba qui ponctue funestement le film), et quelques prostituées.

A sa sortie, le film fit scandale: "c'est dégueulasse", disait-on, partant avant même la fin. A quoi Piccoli, raconte-t-on encore, répondait - sèchement, et s'emportant: "Ils n'ont rien compris!"

Pets, rots, - scatologie; sexe, bouffe. On a, peut-être, en tête une des fameuses scènes où Piccoli, souffrant d'aérophagie, explose - littéralement.
Une farce macabre: derrière la ritournelle "il faut manger", derrière les fesses des prostituées, derrière les seins et cuisses charnues d'Andrea Ferreol (superbe!), la mort est là.
Un festin funèbre. Un cul imprimé sur une tarte géante, l'amour au milieu de la puanteur des excréments, des cuisseaux de chevreuil avalés, vomis, pâtés monstrueux dégustés près des amis entassés dans une chambre froide.
Fête de la jouissance: petite et grande mort.

On y a vu une critique de la société de consommation. Manger, "baiser", consommer jusqu'au corps de l'autre. Sans doute. Le cynisme à la Blanche et à la Reiser ne nous épargne rien!
Société défunte dont la fin est inscrite en elle-même.

Mais, le film est plus qu'une fable sociale.
Le double registre sur lequel il joue continuellement, comédie et tragédie, le rend mal situable, lui donnant un statut de "carnaval", de "bouffonnerie", qui va au-delà de l'objet qu'il se donne.
Devant le pet gigantesque qui conduit à la mort, nous sommes dans une situation impossible: impossible de rire, impossible de pleurer.
La réussite du film est d'être (quasiment toujours*) dans "l'au-delà" de ce à quoi il prétend.

*Quasiment toujours, car il cède quelquefois à la facilité du comique de répétition, du cynisme certes adéquat à la dénonciation de la société qui fut celle d'après 68 - son côté "dégueulasse", "reiserien" - qui nous plonge le nez dans la cuvette des toilettes bouchées.

 
   

Fiche Produit

  La Grande Bouffe

La Grande Bouffe

Avis, Essais, Comparer   La Grande Bouffe

Date de sortie : 01/01/1973

Réalisateur : Marco Ferreri
Acteurs : Marcello Mastroianni, Ugo Tognazzi, Michel Piccoli, Philippe Noiret, Andrea Ferreol
Années : 1970-1980
Origine : Franco-Italien
Public : Tout public

Commentaires

par alias F 300 18.09.2009 07:25

Un grand merci pour ce commentaire qui me donne encore une fois de plus envie de revoir un film que j'ai vu trop jeune. Du coup, j'en avais juste retenu le côté vraiment écoeurant et les rires d'Andrea Ferreol.

par Lavax F 300 18.09.2009 12:41

Bonjour alias, et merci beaucoup pour ton encouragement!
Je n'aurais eu aucune envie de faire un compte rendu de ce film si je n'avais eu l'occasion de le revoir en grand écran - la dimension de bouffonnerie y est soulignée, alors que sur petit écran, c'est le côté "caca boudin" qui ressort.

Andrea Ferreol est, je trouve, étonnante: sa corpulence se prête à l'obscénité, à la "décadence" du film. Mais il y a en elle, cela m'a frappée, une beauté: les lignes sont parfaites, pas de cellulite, pas de graisse en fait. La blancheur de sa peau, les courbes, les rondeurs de ses seins, la couleur trop éclatante de ses cheveux - je n'ai guère l'oeil pour apprécier les femmes - mais je dois reconnaître qu'elle est parfaite pour le rôle, et qu'esthétiquement, son corps qu'on jugerait, à l'aune de la mode mannequin d'aujourd'hui, trop "gros" est simplement beau.

par alias F 300 18.09.2009 14:34

Je l'ai effectivement vu à la télévision et je devais avoir une quinzaine d'années, ce ne sont pas les conditions optimales pour apprécier ce film. La télévision a un côté très pratique pour toucher un maximum de gens à moindre coût. J'ai été souvent déçu par des films à la télévision alors que je les avais appréciés sur grand écran. Peut-être sommes nous plus actifs et disponibles au cinéma.

Andréa Ferreol est effectivement une superbe femme aux formes épanouies qui lui vont parfaitement, je ne saurais l'imaginer mince.

Quel changement pour ton avatar !

par Lavax F 300 21.09.2009 02:32

Comme toi, je ne dénigrerais pas le côté très commode de la télévision, et des DVD. Le cinéma reste cher; et il n'est pas aisé de voir en salles des films anciens. Mais à chaque fois que j'ai pu faire l'expérience cinéma/télé, j'ai remarqué de vrais changements pour un même film.

[à propos de l'avatar: lol!]

par miss-severine F 1 21.09.2009 02:44

Merci pour cette juste présentation de ce qui reste "un classique"...
Très bonne nouvelle si les circuits se mettent à ressortir en salle ces films de la transgression "pelliculée" des années 70 qui ont tant fait avancer et le cinéma et... nos mentalités (cf "Les Diables" de Ken Russel ou "Le dernier tango à Paris" de Bertolucci)...