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Style, qualité d'écriture |
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Note Générale |
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Les plus : Clarification de concepts, travail sérieux, index, édition 2007 reliée pleine toile
les moins : Forme d'érudition assez ancienne, données scientifiques "contemporaines" obsolètes, iconographie insuffisante, un peu long
Présentation Le Père Félix Buffière, professeur de langue et de littérature grecques à l'Institut Catholique de Toulouse, est connu pour différents travaux sur la pensée grecque, sur les mythes homériques (1957) notamment. Eros Adolescent est originalement publié en 1980.
Confondue à tort avec l'homosexualité (sans doute à cause du raccourci "pédé" ou du dérivé "pédale"), la pédérastie est souvent associée à l'amour charnel: amour physique pour les enfants, relations vicieuses et anormales entre personnes de même sexe et d'âges différents, telle est la vision spontanément erronée que nous avons de cette pratique. Le travail monumental de Buffière sur la pédérastie en Grèce antique reste une référence pour la clarification de ces notions dont la modernité ne cesse aujourd'hui de se saisir: pédérastie, homosexualité, pédophilie. La pédérastie désigne en réalité un sous-ensemble de l'ensemble "homosexuels": le pédéraste est l'éraste, c'est-à-dire l'amoureux d'un païs, garçon non encore adulte. Il importe cependant de préciser ce que signifie païs: dans l'Antiquité, ce terme, ainsi que celui de païdika, renvoient à l'âge de la première barbe; les éromènes (les aimés) sont donc non pas des enfants, mais ce que nous nommerions aujourd'hui des adolescents. Quant aux érastes, ils ont entre 20 et 30 ans, selon les cités grecques envisagées (à Spartes, on a des amitiés entre des jeunes hommes de 18-20 ans pour des garçons de 12-18 ans; ou bien des amours d'hommes d'âge mur pour des jeunes hommes).
D'autre part, comme on le voit par la fixation d'un âge dans la relation qui unit éromène et éraste, et comme le montre encore le fait que l'éraste doit laisser l'éromène dès que celui-ci devient homme et a de la barbe, l'amour des garçons, chez les Anciens, est un fait culturel et social: c'est la condition nécessaire de toute éducation virile, davantage militaire. A Spartes par exemple, dès 7 ans, l'enfant n'est plus élevé par la famille, mais par l'Etat, et soumis à un régime communautaire: à l'âge de 12 ans, un ou plusieurs érastes en deviennent responsables. En Crète également, le rapt de l'éromène pendant 2 mois est la condition pour que celui-ci reçoive un équipement de guerre.
Il y va d'abord d'une éducation au courage, à l'honneur, à la vaillance.
Selon les peuples cependant, on distingue des relations purement spirituelles, et d'autres au contraire charnelles. Quoi qu'il en soit, "les grecs ont condamné l'homosexualité, qui choquait leur goût et leur sens esthétique" . Lorsque l'adolescence est terminée, les relations entre hommes (qui, par conséquent, ne visent plus l'éducation au courage) sont considérées comme perverses.
A signaler qu'à Spartes, un même système existait pour les jeunes filles (une femme de mérite se chargeait d'élever l'adolescente).
Avis L'ouvrage procède à la fois historiquement et géographiquement: on se rend compte de la diversité culturelle de la pédérastie. Et la masse de données accumulées par Buffière permet de montrer la différence entre pédophilie***, pédérastie, homosexualité. Quelques regrets toutefois: l'érudition est celle des années 1980, et donc n'obéit plus aux règles actuelles (on sera déçu par certaines données contemporaines). Les faits sont insuffisamment synthétisés. Le style n'est parfois pas adéquat au genre de l'ouvrage. Enfin, l'iconographie est insuffisante. Les index pourraient être davantage enrichis.
A lire, si l'on souhaite se documenter, si l'on aime l'histoire, ou tout simplement si l'on a envie de comprendre un peu plus les catégories toutes faites de notre époque. Buffière nous invite à nous interroger sur des questions de définition, sur des faits de société. ***S'il n'avait assurément pas assez de documents pour poser clairement la question de la pédophilie (de documents journalistiques et de matière factuelle), son analyse de la pédérastie est un modèle pour la pensée - malgré les défauts signalés.
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