Avis |
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par Lavax 300
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17.05.2008 00:18 |
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Intérêt |
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Style, qualité d'écriture |
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Note Générale |
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Les plus : Clarification de concepts, travail sérieux, index, édition 2007 reliée pleine toile
les moins : Forme d'érudition assez ancienne, données scientifiques "contemporaines" obsolètes, iconographie insuffisante, un peu long
Présentation Le Père Félix Buffière, professeur de langue et de littérature grecques à l'Institut Catholique de Toulouse, est connu pour différents travaux sur la pensée grecque, sur les mythes homériques (1957) notamment. Eros Adolescent est originalement publié en 1980.
Confondue à tort avec l'homosexualité (sans doute à cause du raccourci "pédé" ou du dérivé "pédale"), la pédérastie est souvent associée à l'amour charnel: amour physique pour les enfants, relations vicieuses et anormales entre personnes de même sexe et d'âges différents, telle est la vision spontanément erronée que nous avons de cette pratique. Le travail monumental de Buffière sur la pédérastie en Grèce antique reste une référence pour la clarification de ces notions dont la modernité ne cesse aujourd'hui de se saisir: pédérastie, homosexualité, pédophilie. La pédérastie désigne en réalité un sous-ensemble de l'ensemble "homosexuels": le pédéraste est l'éraste, c'est-à-dire l'amoureux d'un païs, garçon non encore adulte. Il importe cependant de préciser ce que signifie païs: dans l'Antiquité, ce terme, ainsi que celui de païdika, renvoient à l'âge de la première barbe; les éromènes (les aimés) sont donc non pas des enfants, mais ce que nous nommerions aujourd'hui des adolescents. Quant aux érastes, ils ont entre 20 et 30 ans, selon les cités grecques envisagées (à Spartes, on a des amitiés entre des jeunes hommes de 18-20 ans pour des garçons de 12-18 ans; ou bien des amours d'hommes d'âge mur pour des jeunes hommes).
D'autre part, comme on le voit par la fixation d'un âge dans la relation qui unit éromène et éraste, et comme le montre encore le fait que l'éraste doit laisser l'éromène dès que celui-ci devient homme et a de la barbe, l'amour des garçons, chez les Anciens, est un fait culturel et social: c'est la condition nécessaire de toute éducation virile, davantage militaire. A Spartes par exemple, dès 7 ans, l'enfant n'est plus élevé par la famille, mais par l'Etat, et soumis à un régime communautaire: à l'âge de 12 ans, un ou plusieurs érastes en deviennent responsables. En Crète également, le rapt de l'éromène pendant 2 mois est la condition pour que celui-ci reçoive un équipement de guerre.
Il y va d'abord d'une éducation au courage, à l'honneur, à la vaillance.
Selon les peuples cependant, on distingue des relations purement spirituelles, et d'autres au contraire charnelles. Quoi qu'il en soit, "les grecs ont condamné l'homosexualité, qui choquait leur goût et leur sens esthétique" . Lorsque l'adolescence est terminée, les relations entre hommes (qui, par conséquent, ne visent plus l'éducation au courage) sont considérées comme perverses.
A signaler qu'à Spartes, un même système existait pour les jeunes filles (une femme de mérite se chargeait d'élever l'adolescente).
Avis L'ouvrage procède à la fois historiquement et géographiquement: on se rend compte de la diversité culturelle de la pédérastie. Et la masse de données accumulées par Buffière permet de montrer la différence entre pédophilie***, pédérastie, homosexualité. Quelques regrets toutefois: l'érudition est celle des années 1980, et donc n'obéit plus aux règles actuelles (on sera déçu par certaines données contemporaines). Les faits sont insuffisamment synthétisés. Le style n'est parfois pas adéquat au genre de l'ouvrage. Enfin, l'iconographie est insuffisante. Les index pourraient être davantage enrichis.
A lire, si l'on souhaite se documenter, si l'on aime l'histoire, ou tout simplement si l'on a envie de comprendre un peu plus les catégories toutes faites de notre époque. Buffière nous invite à nous interroger sur des questions de définition, sur des faits de société. ***S'il n'avait assurément pas assez de documents pour poser clairement la question de la pédophilie (de documents journalistiques et de matière factuelle), son analyse de la pédérastie est un modèle pour la pensée - malgré les défauts signalés.
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Commentaires |
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par Elmo 300
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17.05.2008 00:29 |
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l'érudition est celle des années 1980, et donc n'obéit plus aux règles actuelles
Bonsoir Lavax, et merci pour cet avis très instructif.
J'ai du mal à comprendre le sens de cette phrase? Quels sont les "règles" contemporaines concernant l'érudition stp ?
Merci
Elmo
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par Lavax 300
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17.05.2008 00:45 |
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Bonsoir Elmo,
L'érudition actuelle distingue entre les sources principales (les textes primitifs) et les sources secondaires (les études sur les textes primitifs): dans les années 1980, on considérait comme normal (et peut-être avec raison...) que le texte primitif seul suffisait, et les sources secondaires étaient peu prises en compte (aujourd'hui, toutes les sources secondaires sur un point donné doivent être parcourues....). Buffière cite quantité de textes primitifs (pour ceux-ci, au reste, on ne connaît pas l'édition utilisée). Pour les sources secondaires, il y en a certes un nombre réel, mais pour les articles "scientifiques" notamment, on trouve des données très faibles, issues d'articles secondaires peu sûrs: bref, on est à peu près certain que le tour de la littérature secondaire n'a pas été fait - or, c'est une faiblesse (à l'oeil du lecteur d'aujourd'hui, avec les exigences qui sont les siennes - notamment, lorsque Buffière s'efforce de caractériser "psychiatriquement" ou "psychologiquement" la pédophilie).
Nb: à mon tour, une question: j'ai mis des "teaser": est-ce que ça se voit?
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par Elmo 300
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17.05.2008 01:01 |
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Intéressant ! cette distinction entre sources principales et secondaires concerne elle toutes les disciples?
Le 'teaser' est parfaitement en place, il sera effectif le moment venu :)
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par Lavax 300
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17.05.2008 01:08 |
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Toutes les disciplines***, à partir du moment où le travail en jeu porte sur des textes de deux types (cela suppose donc une perspective historique: des textes plus récents que les autres et qui les étudient). Par ailleurs, on trouve cette distinction dans les livres, mais guère dans les articles: en effet, les articles sont courts, et l'on suit l'ordre des références. Par contre, pour les livres, à partir du moment où ils accumulent une masse de données, il est nécessaire de distinguer, afin de savoir quels sont les textes originaux qui constituent le corpus sur lequel un auteur travaille, et les textes qui en parlent, y font référence.
***Edit: de type "savoir" évidemment - pas des disciplines artistiques - poésie, etc, roman..., chanson.
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par StephB 1999
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17.05.2008 09:43 |
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Merci pour cet avis Lavax ! Je n'avais jamais entendu parler de ce livre.
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par Lavax 300
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17.05.2008 19:15 |
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Bonjour StephB! Il est déjà assez ancien...
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par Aretina 399
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17.05.2008 23:57 |
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Hello, Lavax ! :)
Merci de nous faire connaitre ce volume! Il m'intéresse. Dommage que de ce que je vois en cherchant sur internet, il ne doit pas être très facile à trouver. Cela ferait du bien de le lire, car aujourd'hui la définition de beaucoup des termes est dénaturée du point de vue sémantique. Comme si on était en panne de créativité pour fabriquer de nouveaux termes ... :S
En tout cas, ce volume, je vais voir si (en conjuguant les recherches de partner in crime aussi) je peux faire de sorte a consulter le volume. Encore une fois, merci pour cet avis ! :)
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par Lavax 300
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18.05.2008 00:00 |
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A l'occasion d'une visite en France, une consultation en bibliothèque, peut-être?
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par Aretina 399
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18.05.2008 00:06 |
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Si elles sont ouverte en période Noël, je ne manquerai pas de le faire! :)
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par blue 300
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17.06.2008 09:29 |
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Merci beaucoup Lavax! Je crois qu'en Grèce, l'expression physique de la pédérastie se faisait essentiellement par le mouvement de la verge entre les cuisses serrées de l'éromène. Il ne s'agissait pas de sodomie. J'ignorais l'existence d'une pédérastie féminine. Sais tu si elle s'exprimait aussi physiquement que ça pouvait être le cas chez les hommes ? Et si oui, l'acte sexuel prenait-il une forme aussi déterminée ?
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par Lavax 300
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18.06.2008 13:20 |
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Hello Blue! Merci de ton passage!
D'après Buffière, l'acte sexuel ou les manières de vivre charnellement une relation sont codés, et dépendent de la culture de la cité. A propos de la pédérastie féminie à Spartes, Buffière s'appuie sur la Vie de Lycurgue (18,9): les relations sont de protection affectueuse, dit-il (je n'ai pas Plutarque sous les yeux, et n'ai pas vérifié le passage). Mais Plutarque dit même chose des relations masculines spartiates [Cf aussi Xénophon, République des Lacédémoniens, II, 12] - point contredit par Platon. Il est donc difficile de se faire une idée précise de ces relations féminines.
Je ne sais si de nouveaux témoignages ont été apportés par l'érudition actuelle.
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