Style, qualité d'écriture |
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Originalité des situations |
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Description des scènes d'amour |
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Intérêt de l'histoire |
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Note Générale |
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Les plus : Un des grands romans d'Aragon, écrit dans une prose poétique, grande maîtrise de la langue française
les moins : Aucun
Ce roman fait partie d'un ensemble intitulé "La Défense de l'Infini" - qui ne fut jamais publié, parce qu'Aragon le brûla en 1927 à Madrid dans des circonstances mal connues (sans doute se heurtait-il alors au groupe surréaliste dont il faisait partie): "Que voulait démontrer cet autodafé, et pour qui? c'est mon affaire, c'est mon affaire", écrit-il. De l'autodafé il ne reste que le roman publié 6 mois plus tard dont il est question ici. A sa sortie, Jean Paulhan le salue comme étant un chef d'oeuvre de la littérature érotique. Aragon n'a cependant jamais reconnu ce livre, qu'il signa "Albert de Routisie".
Par comparaison avec "Les Aventures de Jean-Foutre la Bite" du même Aragon, qui, bien qu'écrit après 1929, ne fut édité qu'en 1986 chez Gallimard par Edouard Ruiz, - texte plein d'humour qui raconte les facéties de La Bite et de Petitcon, "Le Con d'Irène" n'est pas un texte drôle. C'est un hymne au sexe de la femme, "à sa fente humide et douce", à son alcôve, à son église, un long poème (habité par l'alexandrin) plein de disgressions où l'écriture est sensualité, jouissance. Ce n'est pas un récit coquin, ce n'est pas un jeu. L'écriture se fait chair, chaque mot conduit à l'orgasme. Le vocabulaire d'Aragon est celui-là même que recueillit Guiraud dans son admirable dictionnaire érotique - on y découvre beaucoup.
Voici une célèbre description du "con":
"Ce lieu, ne crains pas d’en approcher ta figure, et déjà ta langue, la bavarde, ne tient plus en place, ce lieu de délice et d’ombre, ce patio d’ardeur, dans ses limites nacrées, la belle image du pessimisme. Ô fente, fente humide et douce, cher abîme vertigineux.
C'est dans ce sillage humain que les navires enfin perdus, leur machinerie désormais inutilisable, revenant à l'enfance des voyages, dressent à un mât de fortune la voilure du désespoir. Entre les poils frisés comme la chair est belle sous cette broderie bien partagée par la hache amoureuse, amoureusement la peau apparaît pure, écumeuse, lactée. Et les plis joints d'abord des grandes lèvres bâillent. Charmantes lèvres, votre bouche est pareille à celle d'un visage qui se penche sur un dormeur, non pas transverse et parallèle à toutes les bouches du monde, mais fine et longue, et cruciale aux lèvres parleuses qui la tentent dans leur silence, prête à un long baiser ponctuel, lèvres adorables qui avez su donner aux baisers un sens nouveau et terrible, un sens à jamais perverti.
Que j'aime voir un con rebondir.
Comme il se tend vers nos yeux, comme il bombe, attirant et gonflé, avec sa chevelure d’où sort, pareil aux trois déesses nues au-dessus des arbres du Mont Ida, l’éclat incomparable du ventre et des deux cuisses. Touchez mais touchez donc vous ne sauriez faire un meilleur emploi de vos mains. Touchez ce sourire voluptueux, dessinez de vos doigts l’hiatus ravissant (...) Ne bougez plus, restez, et maintenant avec deux pouces caresseurs, profitez de la bonne volonté de cette enfant lassée, enfoncez, avec vos deux pouces caresseurs écartez doucement, plus doucement, les belles lèvres, avec vos deux pouces caresseurs, vos deux pouces. Et maintenant, salut à toi, palais rose, écrin pâle, alcôve un peu défaite par la joie grave de l’amour, vulve dans son ampleur à l’instant apparue. Sous le satin griffé de l’aurore, la couleur de l’été quand on ferme les yeux.
Ce n’est pas pour rien, ni hasard ni préméditation, mais par ce BONHEUR d’expression qui est pareil à la jouissance, à la chute, à l’abolition de l’être au milieu du foutre lâché, que ces petites soeurs des grandes lèvres ont reçu comme une bénédiction céleste le nom de nymphes qui leur va comme un gant. Nymphes au bord des vasques, au coeur des eaux jaillissantes, nymphes dont l’incarnat se joue à la margelle d’ombre, plus variables que le vent, à peine une ondulation gracieuse chez Irène, et chez mille autres mille effets découpés, déchirés, dentelles de l’amour, nymphes qui vous joignez sur un noeud de plaisir, et c’est le bouton adorable qui frémit du regard qui se pose sur lui, le bouton que j’effleure à peine que tout change. Et le ciel devient pur, et le corps est plus blanc. Manions-le, cet avertisseur d’incendie. Déjà une fine sueur perle la chair à l’horizon de mes désirs. Déjà les caravanes du spasme apparaissent dans le lointain des sables (...) Je n’ai pas bu depuis cent jours, et les soupirs me désaltèrent. Han, han. Irène appelle son amant. Son amant qui bande à distance. Han, han. Irène agonise et se tord. Il bande comme un dieu au-dessus de l’abîme. Elle bouge, il la fuit, elle bouge et se tend. Han. L’oasis se penche avec ses hautes palmes. Voyageurs vos burnous tournent dans les sablons. Irène à se briser halète. Il la contemple. Le con est embué par l’attente du vit. Sur le chott illusoire, une ombre de gazelle...
Enfer, que tes damnés se branlent, Irène a déchargé."
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