Style, qualité d'écriture |
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Originalité des situations |
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Description des scènes d'amour |
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Intérêt de l'histoire |
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Note Générale |
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Les plus : facilité de lecture, dynamisme apporté par le mélange des registres de langue, péripéties intéressantes
les moins : traîne un peu en longeur à la fin
Deux inconnus qui se croisent lors d'une soirée, puis la première lettre de l'homme à la femme, puis les réponses qui s'enchaînent à un rythme accéléré, qui se raréfient au point d'avoir plusieurs lettres de suite venant de la même personne au gré des séjours de l'un ou de l'autre à Rome ou dans la belle-famille, qui reprennent leur mouvement allegro... Voilà en quelques mots ce qui constitue En toutes lettres, ce deuxième roman de Françoise Rey que je lis, après Nuits d'encre qui m'avait fait une très forte impression.
Ce roman-ci, roman épistolaire donc, est écrit à deux mains : l'autre auteur est Remo Forlani, écrivain mais aussi cinéaste. Chacun joue son propre rôle : la femme écrivain de Bordeaux, le cinéaste parisien. C'est assez curieux, on a l'impression de lire leur courrier par-dessus leur épaule.
Mais que se racontent-ils ? l'histoire d'une passion, désir et amour qui se disent, se crient, se promettent, se rétractent pour renaître encore et torturer l'autre ou soi-même. Passages tendres, chargés d'émotion et passages violents, remplis d'injures se mêlent dans leurs écrits : l'histoire d'une passion avec ses rebondissements.
Décidément, il s'agit de mon deuxième livre de F. Rey, mais ce sera loin d'être le dernier. J'aime beaucoup les affrontements qui étaient déjà le ressort utilisé dans Nuit de noces (première nouvelle de Nuits d'encre). Les joutes sont moins élégantes, plus virulentes dans En toutes lettres, mais j'aime vraiment beaucoup cet affrontement, ces crises et ces réconciliations, cette incertitude quant au devenir de l'amour de ces deux personnages. Pour vous donner une idée de cette virulence que l'on ne trouvait pas dans Nuit de noces (pour lequel j'avais donné un extrait), voici un extrait de En toutes lettres :
Tu vois, pas si bête, le godelureau Charly, pas si indigne que ça de mes attentions.
Pas plus indigne de moi, en tout cas, que ne l'est la Romaine de toi, qui te donne son devant, son derrière, ses nuits, sa tendresse et ses rêves.
J'espère, affreux enculeur transalpin, sodomite de Latines enamourées, bougre de Ritales romanesques, que tu es bien là le 21. Et que ma lettre va te crucifier d'indignation et de jalousie. Et que tu vas cesser de me raconter les charmes dégueulasses de la Romaine, sous le prétexte noble de faire de moi ta parfaite complice. Sinon, je revois Charly, je lui fais et lui donne tout ce à quoi il a échappé la dernière fois, et par amour de notre complicité, je t'en concocte un récit plus que fignolé.
Une lecture réjouissante, que je vous conseille !
(Note : je ne possède pas l'édition mentionnée ici, mais une édition achetée d'occasion du Grand livre du mois.)
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