Avis

Avis J'ai lu Les Onze mille verges par Lavax
par Lavax F 300 10.08.2006 17:38
Style, qualité d'écriture 4/4
Originalité des situations 4/4
Description des scènes d'amour 4/4
Intérêt de l'histoire 4/4
Note Générale 4/4
Les plus : Un grand roman érotique, écrit par l'un des plus grands poètes de la littérature française, avec des situations non seulement amusantes, mais abracadabrantes, sans compter la grande efficacité d'un "livre qu'on ne lit que d'une main"
les moins : Aucun

Publié anaonymement avant 1908, signé d'initiales "G. A.", "Les Onze Mille Verges ou Les Amours d'un Hospodar" raconte les aventures du Prince roumain Vibescu (on y rencontre de multiples personnages aux noms fort drôles comme Culculine d'Ancône et Alexine Mangetout...).
Censuré entre 1908 et 1970, c'est un livre dont le style emprunte à la fois à Sade et à Rabelais: une sexualité rabelaisienne où toute forme de "perversion" est essayée: inceste, sodomie, saphisme, zoophilie, vampirisme, orgie, nécrophilie, scatophilie, sado-masochisme, pédophilie, etc. Les personnages se "bouffent" littéralement. Où l'on retrouve illustrée la fameuse thèse de Kant: la sexualité est cannibale.

Aucun rapport de qualité entre ce roman et "Les Mémoires d'un Jeune Don Juan", publié quelques années plus tard; alors que Les Onze Mille Verges sont un des grands textes de la littérature française, les Mémoires déçoivent: il n'y pas la même liberté d'écriture, la même construction, la même folie.
Par contre, pour celui qui aime l'oeuvre poétique d'Apollinaire, les Onze Mille Verges n'apparaîtra nullement comme un livre à côté.

Parmi les éditions clandestines, on rappellera celle attribuée sans certitude à Jean-Jacques Pauvert, en 1947, à Bruxelles; celle de Claude Tchou, à Paris, au Cercle du Livre Précieux, en 1963.
C'est Régine Desforges qui, en 1970, dans l'Or du Temps, à Paris, réédite le texte. Il y eut ensuite bien sûr les fameuses et belles rééditions de Pauvert.

D'après le livre fort utile et érudit de Pascal Pia, "Les Livres de l'Enfer" (Paris, Coulet et Faure, 1978), l'édition originale des Onze Mille Verges est conservée dans l'Enfer de la Bibliothèque Nationale sous la cote Enfer n°2522; elle ne porte aucune indication d'éditeur, ni de date; seulement ceci "à Paris: en vente chez tous les libraires". Le fichier de la BNF attribue à ce texte une date antérieure à 1908.
Sur le Catalogue Collectif de France, aucune trace de l'édition originale, qui doit être aujourd'hui extrêmement rare.

Pourquoi onze mille verges? C'est un serment de Vibescu à Culculine: "Si je vous tenais dans un lit, vingt fois de suite je vous prouverais ma passion. Que les onze mille vierges ou les onze mille verges me châtient si je mens!"... Hélàs! il devra subir châtiment...

 
   

Fiche Produit

J'ai lu Les Onze mille verges

Les Onze mille verges

Avis, Essais, Comparer J'ai lu Les Onze mille verges

Marque : J'ai lu
Date de sortie : 15/05/2000
Prix indicatif : 2.00 €

Auteur : Guillaume Apollinaire
Littérature : Française
Siècle : XXe
Collection : Littérature Générale
ISBN-10 : 2290305952

Commentaires

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par Elmo H 300 10.08.2006 23:26

Passionnant!

par Nautile H 657 31.01.2007 15:10

je n'ai pas toutes les références littéraires de Lavax.
Par contre, j'ai moi aussi lu ce livre lors de mon adolescence et en ai gardé de fort bons souvenirs. Comme de passages lus à une seule main.
Souvent je me suis dit (et me dis encore) qu'il faudrait que je le relise ...
D'autant que je l'avais acheté en livre de poche (dans les années 70 environ) et je l'ai depuis pieusement conservé ! Aujourd'hui encore je sais précisément où il est dans ma bibliothèque.
promis dès que j'ai un moment ...

par Lavax F 300 31.01.2007 15:59

Ah, Nautile, je n'avais pas lu ton commentaire avant de te répondre sur la discussion "La recherche et la découverte du plaisir anal"! Relis-le! je viens de reparcourir quelques passages du coup, du fait de la petite discussion, et avec toujours autant de plaisir!! hihi!! ;-) meuh non! c'était juste pour la discussion, et pendant mon déjeuner éhéh!

NB: Quand on cite les passages de ce texte, il finit par y avoir plus de ... que de mots!!

par Nautile H 657 31.01.2007 16:13

moi j'ai fait l'inverse : j'ai lu la discussion avant de te relire ici !
J'ai bien vu qu'il y avait plein de ... dans ta citation ! Mais dis moi, tu vas déjeuner avec ton exemplaire des onze mille vierges ou bien (comme diraient les savoyards)
Moi, je me suis contenté de reprendre ton texte pour faire mon serment ! Mais c'est de tout coeur que j'accepterai le châtiment. ce que je trouve dommage c'est d'être écartelé entre l'envie de relire ce joyaux et celle de subir le châtiment.

Sauf à attendre le châtiment pour le lire en même temps !
Qu'en penses tu  ;-)

par Lavax F 300 31.01.2007 19:36

Nautile: je ne vais pas te dire que je me promène en permanence avec les "Onze mille verges"!!, ou même avec une édition abrégée!! ou avec un lot de citations toutes prêtes à sortir au cas où il y aurait un contrôle d'identité!!!

Suggestion: fais les deux! Subis le châtiment! et une page par vierge!

par Nautile H 657 01.02.2007 08:39

Moi, cela ne me choquerait pas entre le portable et le poudrier, ton exemplaire préféré des 1100 verges ... sans oublier le mini jouet ! le sac féminin est toujours une vraie caverne d'ali baba.

Merci pour ta suggestion ...
mais je ne sais pas si il y aura assez de pages pour le nombre de vierges ! (à moins que cela ne soit l'inverse en fait !)

par Lavax F 300 01.02.2007 13:59

Non, non, 11 000!! le châtiment est encore plus conséquent.
(Concernant la caverne d'ali baba, le problème est de sortir un objet à la place d'un autre!)

par Nautile H 657 01.02.2007 15:27

pardon, c'est une faute de frappe (sans jeu de mots !) mais je ne reculerai pas ! C'est bien 11000 qu'il fallait lire.
a propos de la caverne d'ali baba. je comprends le problème. Mais j'ai remarqué qu'en général vous vous en sortez fort bien. Maintenant je me demande si le mini jouet se mettait à vibrer tout seul ...

par elob F 569 01.02.2007 17:05

Pour ça il faut toujours avoir un rasoir électrique dans son sac pour faire diversion si besoin... ;)
Enfin, merci pour cet avis complet et fort instructif, je vais filer de ce pas chez mon bouquiniste préféré moi...

par Nautile H 657 02.02.2007 09:25

Oui, Elob, le rasoir électrique .. ou même un rasoir manuel, ils en font maintenant qui vibrent !

par elob F 569 03.02.2007 00:46

J'imagine le tête de mon bouquiniste si en guise de diversion je lui sort mon gillette 3 lames vibrant! ;-)
Et toi Lavax, avec la barbe qui te pousse en ce moment, qu'en pense-tu..? ;-p

par Lavax F 300 03.02.2007 01:04

Eh eh! de la barbe? où ça? où ça? ce n'est qu'un léger duvet!! :D n'est-ce pas charmant???!

par elob F 569 03.02.2007 01:11

Ah, si J'ADORE!!!
Quoi qu'a ta place j'aurai presque fait une petite teinture rose pour l'assortir au maillot de bain...
Enfin, c'est ce que je fais avec ma moustache... ;-)

par Lavax F 300 03.02.2007 01:12

...serais-tu un...tigre?

par elob F 569 03.02.2007 01:24

Une souris en fait...et mon maillot de bain est rose fluo... c'est trop beau!
Bon allez, cette fois au dodo la souris! Bises!

par Lavax F 300 04.02.2007 14:10

Le livre est désormais consultable gratuitement à la Bibliothèque électronique du Québec:
http://livresgratuits.free.fr/pdf/apollinaire_onze_mille_verges.pdf
(cliquer à droite sur la souris pour vous orienter dans l'ouvrage)

par Lavax F 300 04.02.2007 14:42

petite erreur sur l'adresse: (l'adresse précédente conduit à un ebook gratuit, mais pas sur le site de la Bibliothèque électronique du Québec); voici la bonne adresse:
http://jydupuis.apinc.org/libertinage/Apollinaire.verges.pdf

désolée...

par Nautile H 657 05.02.2007 15:24

et nous savons aussi qu'il est disponible sur le site http://www.livrespourtous.com/

D'ailleurs c'est le plus téléchargé après "Le kamasoutra" !
Mais qui peut lutter contre la bible de l'érotisme ! (quoique ... aussi indigeste que l'autre par moments !)

par Lavax F 300 05.02.2007 18:49

Nautile, l'adresse donnée le 04/02 à 14h10 est l'adresse sur le site livres pour tous (c'est celle du fichier pdf sur ce site). L'autre est celle sur la Bibliothèque du Québec.
Bisous!

par Nautile H 657 06.02.2007 09:55

merci des précisions Lavax.
J'ai déjà téléchargé ma version, mais je ne sais plus sur lequel !
Mais je n'ai pas eu encore le temps de lire ...

Bises

par garscokin H 370 01.10.2007 21:18

Je mets mon avis mais seulement dans la partie membres !
Je recommande le tien avant toute chose !
C'est tellement mieux dit que je n'aurais su le faire !!

par Shadowwooer F 300 15.10.2008 21:19

Bravo Lavax. Je comptais donner mon avis, mais il recoupe tellement le vôtre que je n'ai plus rien à dire.

par Lavax F 300 15.10.2008 21:27

Merci beaucoup, Shadowwooer, c'est très gentil!
Mais je crois que chacun serait heureux ici de découvrir votre avis... :)
Au plaisir de vous lire bientôt, et bienvenue!

par znull0010 H 72 08.04.2009 19:18

je l'ai lu alors que j'étais très jeune, il m'a bouleversé je me souviens... parfois ça resemble à Sade dans la cruauté et le plaisir dans la domination et la souffrance qu'on inflige, mais encore mieux écrit. j'ai du lire le livre en une nuit, je n'en ai pas dormi...

par Lavax F 300 20.06.2009 17:21

Addendum:

Sans doute n'ai-je pas, au moment de la rédaction de cet avis, suffisamment insisté sur la dimension comique, burlesque, joyeuse du récit d'Apollinaire.

Certains y voient même une parodie du genre pornographique.

Je n'irais pas jusque-là.
Apollinaire s'inscrit dans le genre pornographique, non pas pour le parodier, mais pour en livrer l'essence (chacun sait quelle culture il avait). En quelque sorte, il offre un récapitulatif de l'histoire de la littérature pornographique jusqu'à lui, et j'oserais presque dire, après lui.
C'est en ce sens que j'interprète cette collection joyeuse de perversions sexuelles: une encyclopédie.

La grandeur de ce texte est d'avoir su trouver la manière et le style pour présenter un catalogue qui ne fût pas ennuyeux. A la différence de bien des écrits de même genre, où l'ennui saisit volontiers, le roman bouffonne, jongle, accumule, fait exploser la langue française.

Comment dire mieux le sexe, son ineffable sauvagerie, qu'en faisant jouir de la langue française? C'est cette jouissance-là qui saisit d'abord, chez Apollinaire, et mène à la jouissance première, celle du sexe.

Qu'est-ce qui est possible, pour la sexualité? Qu'est-ce qui est possible en langue française? C'est là même question.

Raison pour laquelle nous jubilons tant à lire les récits qui, dans la réalité, feraient horreur (vieille question qui ne cesse d'animer les théories de l'art: pourquoi trouvons-nous du plaisir à ce qui, dans la vie, serait source de souffrance?): nous jubilons de ce que le sexe ne soit pas considéré comme un objet mineur, triste, ennuyeux et tragique, mais comme un objet digne de la langue française, par lequel elle s'épanouit, grâce à laquelle il se dit. Ce sont les orgasmes renouvelés du sexe et de la langue française, dans l'écriture, qui sont l'objet même du récit.

Je ne crois guère avoir lu d'écrivain capable de faire jouir ainsi de la langue, ou plus exactement (car Proust, se donnant autre fin, fait jouir de la langue, mais d'une toute autre façon) de faire jouir, pour parler vulgairement, pensée et corps d'un même mouvement, en dehors de Rabelais, et d'Apollinaire.


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