Style, qualité d'écriture |
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Originalité des situations |
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Description des scènes d'amour |
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Intérêt de l'histoire |
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Note Générale |
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Les plus : La qualité de l'écriture, l'humour
les moins : L'humour est parfois assez lourd
Je connaissais très peu Pierre Louÿs avant d’entamer la lecture de cet opuscule et je dois dire que le personnage me paraît assez fascinant. Ce poète et romancier a vécu de 1870 à 1925. Sa naissance est déjà peu commune puisqu’il pourrait être le fruit d’un inceste et avoir pour père son demi-frère. Il s’est fait connaître en 1894 grâce à une mystification : il a fait passer les Chansons de Bilitis, son premier succès d’estime, pour la traduction d’écrits d’une poétesse contemporaine de Sapho. Il obtint son premier gros succès deux ans plus tard, avec le roman Aphrodite. Il est également l’auteur de La femme et le pantin, qui a été adapté plusieurs fois au cinéma. Bibliophile, très érudit en matière de lettres anciennes, il fit scandale en 1919 en publiant un article qui résumait ses recherches sur l’œuvre de Molière : de longs passages des pièces les plus fameuses de Molière seraient en fait de la plume de Corneille. Bien que ses recherches n’aient pas été publiées, cette théorie a été reprise après sa mort. Il a par ailleurs pour caractéristique d’avoir doublé ses œuvres de pendants érotiques. Ainsi, aux Chansons de Bilitis répondent les Chansons secrètes de Bilitis. Une autre de ses œuvres les plus connues, le roman érotique Trois filles d’une mère a peut-être été inspiré par ses amours avec les sœurs Heredia, filles du poète. En effet, amoureux de Marie, qui épousa Henri de Régnier pour contribuer à éponger les dettes de la famille, il eut avec celle-ci une liaison qui se poursuivit après son mariage avec la sœur de Marie, Louise.
Le Manuel de civilité a été publié pour la première fois en 1926, donc après sa mort, sans aucune indication de date ni d’auteur. Il a connu depuis des éditions successives, dont deux éditions clandestines parues dans les années 50 qui valurent à l’ouvrage d’être interdit pour outrage aux bonnes mœurs.
Il faut dire que, s’il prête maintenant essentiellement à sourire, cette parodie de manuel de bonne conduite avait largement de quoi choquer à l’époque de sa parution. Outre le fait qu’il s’adresse théoriquement à des petites filles, pas forcément pubères, l’auteur ne recule devant rien : inceste, zoophilie…
Ce petit guide d’à peine 80 pages dans mon édition (Allia – comme StephB) se compose uniquement de maximes organisées selon trois thèmes principaux : - le comportement qu’il convient d’adopter en différents lieux et circonstances - le comportement qu’il convient d’adopter avec différents types de personnes - un dernier chapitre composé de formules « Ne dites pas… dites… »
Pour le contenu, ce qu’il m’évoque serait plutôt de l’ordre de la blague de potache. Pour une bonne partie des maximes, l’humour ne vole pas très haut. Je vais me contenter d’un seul exemple, beaucoup d’extraits ayant déjà été cités dans les précédents avis.
Si vous videz subrepticement la moitié d’une bouteille de champagne, ne pissez pas dedans pour la remplir.
Ca donne une bonne idée de l’esprit de l’opuscule. Personnellement ce genre d’humour me laisse assez froide…
Il y a cependant des conseils pleins d’esprit qui m’ont bien amusée et il faut dire que l’ensemble est fort joliment écrit. Et puis je me suis régalée avec le décalage entre le don désuet et sérieux, même carrément compassé, du style, et le contenu. Encore un petit exemple, tiré du chapitre sur les bains de mer :
Autant que possible, ne vous enfermez pas avec un monsieur dans votre cabine de bain. Entrez-y plutôt avec une jeune fille, qui vous fera minette aussi bien, si ce n’est mieux, et ne vous compromettra pas.
En résumé, la lecture en est très amusante même s’il me semble que l’ouvrage aurait souffert d’être plus court, tout n’étant pas indispensable, loin de là.
Néanmoins, autant donné qu’il est en libre accès sur internet, je vous encourage vivement à y jeter un œil.
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