Style, qualité d'écriture |
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Originalité des situations |
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Description des scènes d'amour |
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Intérêt de l'histoire |
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Note Générale |
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Les plus : Conjectures sur le sexe, la sexualité, l'amour, les politiques de procréation, nombreuses pointes d'humour
les moins : Inégalités des nouvelles choisies, certains thèmes développés dans d'autres volumes de l'Anthologie (comme le sexe des machines) sont ici peu représentés
Le recueil de nouvelles "Histoires de Sexe-Fiction" (n° 3821) s'inscrit dans la Grande Anthologie de la Science-Fiction (qui existe, dans le Livre de Poche, depuis 1966, avec le n° 3763, consacré aux "Histoires d'Extra-Terrestres"), et fait suite à l'excellent recueil "Histoires mécaniques".
Présenté par Goimard, Klein, et Ioakimidis, dont l'importance pour l'histoire de la science-fiction en France n'est plus à dire, ce recueil comporte 21 nouvelles initialement publiées dans des revues (Playboy, Eros in Orbit etc.), et un dictionnaire des 19 auteurs (dont Lafferty, Sturgeon, Zebrowski, Sargent, Russ, Silverberg, Farmer, Vonnegut, etc.).
La couverture est signée Adamov.
Les thèmes abordés sont relativement riches (bien que toutes les conjectures de SF sur le sexe n'y figurent pas): perte du désir sexuel au profit d'une vie supérieure, découverte du désir chez un Cerveau Organiquement modifié, amour impossible dans un groupe constitué pour le seul plaisir sexuel communautaire, corps déformés, abandon de la procréation au profit de la masturbation généralisée, robots masturbateurs et attrape-filles électriques, persécution de l'homosexualité, compagnies spécialisées dans la vente d'amour, etc.
Peu d'extra-terrestres dans ces nouvelles, dont certaines frôlent une ambiance proche du fantastique (voir, par exemple, l'admirable "L'Homme sans tête" ("The headless man"), de Gene Wolfe: un enfant découvre qu'il n'a pas de tête, on lui en fait porter une fausse pour qu'il puisse suivre une scolarité normale; vient sa première nuit d'amour: comment cacher à l'autre qu'il n'a pas de tête?... A la fois réflexion sur la monstruosité, sur le handicap, sur l'altérité, cette nouvelle se termine d'une manière simple, belle, et étrange. Cette réflexion sur la difformité corporelle est également au centre du "Jour de la majorité", "Comming-of-Age Day" (de Jorgenson), où un jeune homme est confronté à la terrifiante réalité de la puberté: se faire attacher un "consexe", bout de chair qu'on porte comme un ventre et qui vous masturbe.
La dimension politique est omniprésente: l'Etat, comme la science, sont désormais au centre de la sexualité humaine et machinique; planifiant les relations sexuelles, planifiant la manière dont un individu doit se représenter son propre corps, ils constituent un pouvoir-savoir, comme aurait dit Foucault, auquel nul ne peut échapper, sauf par la rébellion, et la mort ("The world well lost", "Monde bien perdu", de Sturgeon; "In the Groupe", "Groupe", de Silverberg; "Welcome to the monkey house", "Bienvenue au pavillon des singes", de Vonnegut).
Et si la Terre est, dans les slogans intergalactiques, donnée comme le lieu "où il est interdit d'interdire", elle apparaît pourtant comme le pire lieu de réglementation des sentiments et des corps ("Amour et compagnie", "Love Incorporated", de Sheckley): en sorte qu'à la fin, devant ces machines de foire où tout est d'avance truqué, il vous vient envie de dire calmement, comme Simon, le "héros" de cette terrifiante nouvelle,: "Passez-moi la mitraillette"!
Pour qui aime la SF, cet ensemble est joliment conçu. Je regrette seulement que des fictions sur lamultiplicité des sexes ne soit pas vraiment abordé, ou que les amours des machines soient quelque peu absentes (On en trouvera des extraits fort beaux dans "Histoires mécaniques").
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