Style, qualité d'écriture |
|
Originalité des situations |
|
Description des scènes d'amour |
|
Intérêt de l'histoire |
|
Note Générale |
|
Les plus : Texte clairement politique et satirique, qui donne une lumière nouvelle sur l'ensemble des Dialogues
les moins : Un peu long
Une présentation de l'édition est proposée ici: ClubDesSens.fr > /products/review.html?ID=4468 . Merci de bien vouloir vous y reporter. La Ruffianerie clôt les Dialogues de l'Arétin.
Voici notre dernière journée.
L'argument Couramment employé du 16eme siècle au 18eme siècle, le terme "ruffianerie" vient de rufien, ruffian (14eme siècle): homme débauché vivant avec des femmes de mauvaise vie, ou en procurant aux libertins. D'après Guiraud, le mot proviendrait de rofe: "crasse", "saleté"; d'après Littré, reprenant Diez: de ruf, radical germanique signifiant "teigne", "rogne". La ruffianerie désigne ici les rapports entre prostituées et maquerelles.
Les personnages sont la Nanna, la Pippa (fille de la Nanna), une nourrice, une commère; cette dernière raconte à la nourrice le métier de maquerelle. La ruffianerie demande plus d'adresse, plus de science, que la putanerie; la ruffiane tient du médecin, du renard, de l'araignée. Elle sait être patiente, menteuse, obstinée. Elle ensorcelle, utilise des remèdes pour changer l'haleine, répare dents abîmées, tétons avachis, connaît l'état du ciel, s'occupe des baptêmes, des noces, des accouchements, des décès, use de potions, dit la bonne aventure: "elle charme les plaies, cueille des herbes, conjure les esprits, arrache les dents aux morts, déchausse les pendus, ensorcelle des cartes, noue les étoiles, dénoue les planètes et parfois reçoit une bonne volée de coups de bâtons"! Elle jouit aussi, au sens le plus strict, des bons tours qu'elle joue aux putains et aux hommes: elle est la trahison même.
Avis Je n'avais pas voulu répondre d'emblée à une question que posait Cucurbita sur l'intention générale du texte - celle-ci n'apparaissait pas d'abord pleinement. Le dernier dialogue, en revanche, est clair: si la première partie pouvait faire songer à un texte érotique, les dialogues suivants affichent une intention polémique. La société italienne est dépeinte avec cruauté, le sexe y est occasion d'insulte. Il s'agit d'un pamphlet politique. La lecture de la Ruffianerie m'a laissé quelque doute sur le statut de la Vie des Courtisanes: si le comportement dégoûtant des ruffianes n'est légitimé par rien, à la différence du comportement des courtisanes, on n'en a pas moins affaire à un milieu où tout fonctionne en miroir - ruffianes, prostituées, clients; d'un sens, la vie de la maquerelle est la vérité de ce monde, et ce par où le putanisme avait été, aux dialogues précédents, sauvé, apparaît soudain abaissé, et la femme avilie. La manière dont la Nanna et la Pippa écorchaient la langue, leur façon de parler comme un charretier, qui semblait d'abord expression de révolte, rappelle soudain leur origine sociale: oui, la Pippa, comme dit l'Arétin, ne sait pas lire; oui, il ne sied pas à une dame de dire des mots obscènes.
|