Avis |
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par Aretina 399
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23.04.2008 00:06 |
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Style, qualité d'écriture |
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Originalité des situations |
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Description des scènes d'amour |
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Intérêt de l'histoire |
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Note Générale |
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Les plus : tableau assez cynique mais riche en détails sur les mœurs, humour
les moins : le rythme trop alerte!
Ma Conversion ou le libertin de qualité est un texte qui respire l’hardiesse. Ecrit vers 1780 lors de l’emprisonnement de l’auteur dans le donjon de Vincennes, ce texte fut oublié pour la première fois en 1783.
Pourquoi hardiesse ? Parce que l’ouvrage est sous l’ascendant de « oser » : l’auteur ose de proposer un gigolo comme protagoniste. Il ose placer la vénalité au rang de religion.
à présent, la vertu rentre dans mon coeur ; je ne veux plus foutre que pour de l'argent ; sont les mots que marquent la conversion.
Son héros brave tout pourvu que ses clientes remplissent ses bourses royalement. Il ose de frôler les confins du cynisme et ose poursuivre sa voie au même rythme et avec la même motivation. Les autres personnages ont leurs petites audaces, plus ou moins risibles, blâmables ou touchantes.
Mirabeau a un style peut être pas assez fignolé, mais très vif, imposant et truculent. L’humour n’y manque pas : situations et personnages (notamment les clientes !) arrivent a arracher un sourire (parfois incontrollablement malicieux !). Certaines scènes, si racontées par d’autres plumes, auraient été difficiles à parcourir… Alors que Mirabeau ajoute toujours un trait narquois éloignant le lecteur du point ou l’embarras aurait pris le relais. L’histoire a un tempo si alerte que l’on ne se rend même pas compte que l’on est arrivé a la fin !
Les scènes se succèdent rapidement, notre héros aime voyager et diversifier la clientèle. Aristocratie, galettardes, opéra, couvents sont passés en revue. C’est un artifice très commode pour l’auteur de peindre la corrpution dont aucune couche sociale et region ne sont exemptes. Pourtant, loin de Mirabeau de faire son moralisateur. Par contre, il fait preuve d’un indéniable talent de caricaturiste.
Toutefois, je ne lui reconnais que des très moyennes inclinations de « baptiseur » : les noms de ses personnages sont aussi plaisants qu’une aire de Mozart chantée par Florence Foster Jenkins (pour qui connaît !). Apres avoir côtoyé Mme de Vit-au-Conas, Mlle Branlinos ou Euterpe De l’Hermitage, trouver une… Julie ou une Violette c’est si inattendu, que l’on s’interroge sur l’imagination de l’auteur. A propos, le protagoniste, c’est Con-Désiros.
Le héros est animé par l'avidité, l'argent est un moyen, mais pas une fin en soi. En fait, il aime l'amour physique. Mais gagner son existence impose un métier, alors il décide de joindre l'utile à l'agréable. Immunisé contre les principes, dénoué de toute morale, anathématisant émotions et sensations quand cela sert sa cause, le protagoniste traverse l’existence avec intensité et une surprenante capacité de s’adapter à tout. L’amour ne l’évite pas. Il est même heureux en deux occasions. Il aime avec la même ardeur qu’il investit dans son « métier ». En conclusion, une conversion sincère, définitive et pieusement et indéfectiblement pratiquée.
Quant à moi, j’ose trouver très sympathique ce texte ouvertement impudique!
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