Avis

Essai de Roman La vie sexuelle de Catherine M. par aloa
par aloa F 128 19.01.2007 18:07
Style, qualité d'écriture 4/4
Originalité des situations 2/4
Description des scènes d'amour 2/4
Intérêt de l'histoire 2/4
Note Générale 2/4
Les plus : J'aime beaucoup Catherine Millet qui est un excellent auteur et qui mène la revue d'art Art Press de main de maître depuis de nombreuses années Certes ce roman est très bien écrit (à part quelque phrases un peu trop ronflantes) plein d'une liberté dont on ne peut que se féliciter, même si on ne partage pas (tous) les goûts de la dame.
les moins : Ce qui me gêne dans ce livre où on parle très sérieusement du sexe, avec les mots justes, sans pudeur (ou sans fausse pudeur?), c'est qu'il n'est jamais question de plaisir, et en particulier de plaisir féminin, ni d'amusement. Le sexe est analysé, disséqué, méticuleusement et chirurgicalement, avec beaucoup de distance (mais aussi, par là même, de froideur).

Je ne peux m'empêcher de me poser la question : ce livre a-t-il eu autant de succès parce qu'il décrit cliniquement et sans tabou le sexe, ou bien parce qu'il est finalement très socialement correct : il rassure en décrivant une femme intelligente, libre, ouverte aux expériences certes, mais qui ne jouit pas ou tout au moins qui parle de tout sauf du plaisir. Ca m'a gâché la lecture.

 
   

Fiche Produit

Editions du Seuil La vie sexuelle de Catherine M.

La vie sexuelle de Catherine M.

Avis, Essais, Comparer Editions du Seuil La vie sexuelle de Catherine M.

Marque : Editions du Seuil
Date de sortie : 12/07/2002
Prix indicatif : 7.50 €

Auteur : Catherine Millet
Littérature : Française
Siècle : XXIe
ISBN-10 : 2020551306
Nombre de pages : 233.00 pages

Commentaires

« précédent1 2suivant »
par SpongeBob H 300 22.01.2007 19:08

bonjour aloa,

Pense tu que ce livre "apporte" quelque chose à la litterature érotique?

Merci !

par aloa F 128 22.01.2007 20:15

C'est une question difficile.
Le ton très détaché et purement descriptif se veut objectif : il y a là, de la part de l'auteur, une volonté affichée de ne pas mettre en jeu la morale. En ce sens, et c'est sans doute pour cela aussi qu'il a été très apprécié par la critique, on peut dire qu'il essaie et réussit aassez bien à apporter quelque chose de nouveau.
Cependant si on se réfère aux type de situations décrites et à la liberté des moeurs, rien de nouveau sous le soleil...
Et si on veut un livre un peu émoustillant, sans doute cela dépend-il des goûts, il faut aimer le « cold sex », la performance, sans passion et sans sentiment (mais ça n'est pas mon cas). Ou alors il faut être un homme qui a peur des femmes et qui est rassuré par l’absence de jouissance de celles-ci ;-)
Si il faut synthétiser tout ça je dirais que c'est un livre qui apporte sans doute plus à la littérature qu'à l'érotisme...
Voilà, j'espère que cela répond un peu à ta question.

par blue H 300 26.01.2007 21:24

merci Aloa pour ce commentaire de qualité. Je dois avouer que savoir si elle n'a pas parlé de son plaisir, ou si elle n'en a pas vraiment ressenti, m'intrigue. Quelle forme de désir a pu la pousser à toutes ses pratiques?...

par aloa F 128 26.01.2007 22:33

Oui c'est vrai, je me suis posée la question aussi.
Comme la dame est assidue du monde l'art, j'ai (peut-être un peu hâtivement) conclu en moi-même qu'elle voyait ce livre comme une "performance" de littérature et de transgression, un peu comme le font les artistes contemporains... mais qu'elle ne souhaitait pas livrer son ressenti sur le sujet.
Peut être une façon de préserver une sorte d'intimité alors qu'elle s'exhibe par des mémoires érotiques décrites en détail...
J'imagine mal moi aussi qu'on puisse aller aussi loin sans désir et sans en ressentir du plaisir, même si le désir et le plaisir peuvent être des choses très intellectuelles .... et sont semble-t-il très divers suivant les gens...

par Nautile H 657 31.01.2007 15:05

J'ai ressenti un peu les mêmes choses. Pour tout dire, je ne suis même pas allé jusqu'au bout du bouquin.
certes c'est bien écrit, mais franchement cela me barbait de le lire parce qu'il n'y a pas que la forme dans un livre ! Je ne le considère d'ailleurs pas comme un livre érotique. Pour moi, elle rendait la chair triste. Elle raconte ses partouzes comme si elle se rendait à je ne sais quelle réunion. Même les réunions tuperware semblent plus agréables à vivre que ce qu'elle semble exprimer de ses partouzes.
J'ose quand même espérer qu'elle ressentait autre chose que ce qu'elle a écrit parce que cela serait désespérant d'imaginer qu'une femme puisse se réduire comme cela a un rôle d'accessoire de partouze en n'éprouvant aucun sentiments ni plaisirs.
ceci dit, on peut quand même l'emprunter dans une bibliothèque pour se faire une idée. Son écriture est de qualité.

par Nicolas6961 H 300 14.04.2007 07:40

Bonjour,

- à mon avis ce livre a plus sa place dans la catégorie des essais, même si l'auteur l'appelle "Roman"
- il n'a pas du tout pour objectif d'émoustiller
- il n'a pas non plus pour objectif de relater
- il ne cherche à parler ni du désir ni du plaisir

Je pense que son objet est ailleurs et je vais essayer de préciser ma pensée (il se peut que je revienne plusieurs fois éditer ma contribution...)

Je ne suis pas CM mais ce que j'ai compris de sa démarche (ce qu'elle en dit explicitement aussi) pourrait se résumer ainsi: j'ai une vie sexuelle particulière et très active, c'est une expérience particulièrement importante pour moi et je considère qu'il y a là suffisamment de matière pour un projet littéraire. Projet qu'elle a mis à exécution.

Personnellement j'ai précisément apprécié cette mise à distance (je ne suis absolument pas d'accord quand je lis ici qu'elle ne parle pas du plaisir, elle en parle) cette tentative d'approcher "la chose" par un autre regard, d'autres mises en perspective.

Certes, la démarche est particulière et ce livre est, comme beaucoup de grandes oeuvres, difficile à aborder. Je l'ai lu plusieurs fois et le relirai encore parce qu'il est très riche du strict point de vue de l'écriture.

Mais ce n'est pas un "livre de uc" en ce sens qu'il n'a pas, j'insiste, pour objectif d'émoustiller ou de stimuler le désir, pas plus que de donner envie de faire pareil.

par Nautile H 657 16.04.2007 10:08

C'est peut être effectivement le problème de ce livre. Tout donne à penser qu'il s'agit d'un roman de nature "érotique".
D'accord avec toi Nicolas pour penser que ce livre tient pus d'un essai que d'un roman, et qu'il est tout sauf un roman érotique.
Mais je n'irai pas jusqu'à le relire.
Parce que la manière dont elle parle de sa relation avec la pratique sexuelle me déplait. C'est là un sentiment personnel.
De ce que je me souviens des pages que j'ai lues, j'ai souvenir d'elle comme d'une espèce de chose qui s'adonne à la sexualité de groupe. Sans doute que son activité sexuelle est trop active pour que cela se vive autrement que machinalement. J'ai plus le sentiment d'avoir croisé une jeune femme d'un milieu très bourgeois qui à défaut d'autre chose dégrade son corps et la perception qu'elle peut en avoir. Le sexe est bien triste quand il ne s'agit que de chair.
Cette approche ne m'intéresse pas en tout cas.  
Tant d'autres personnes ont vécu des expériences autrement plus riches humainement et plus intéressantes.
le fait que cela soit "bien écrit" n'est même pas une excuse ! Pour une personne dotée d'une éducation de bonne qualité, et côtoyant un certain milieu artistique, c'est sans doute un minimum.
Assurément c'est loin d'un roman érotique.

par Nicolas6961 H 300 18.04.2007 01:40

Je crois, Nautile, que pour arriver à lire ce livre pour ce qu'il est, c'est à dire un projet littéraire, il faut se ditancier de l'expérience sexuelle relatée. Ce bouquin m'a fait l'impression d'une oeuvre d'art plastique, peinture ou sculpture, elle y décrit des structures, des combinaisons, des textures, des couleurs, en se servant de sa sexualité comme matière.

L'inconvénient de la littérature c'est qu'elle utilise trop souvent le ressort de l'identification ou de l'empathie chez le lecteur. Catherine Millet ne nous demande pas de la comprendre ou de nous mettre à sa place, elle nous soumet une création à partir d'une expérience qui est la sienne mais qui n'est qu'un outil, un objet, qui n'est aucunement édifiant ni exemplaire en quoi que ce soit, qui lui sert juste de base pour une construction littéraire.

Ce livre c'est tout sauf de la littérature érotique. L'émotion qu'il entend susciter n'a rien avoir avec l'excitation sexuelle, c'est ailleurs qu'il faut aller chercher le sens de ce travail.

Euh, je ne sais pas si mon propos est clair...

par Nautile H 657 18.04.2007 09:31

Oui, Nicolas, ton propos est clair.
Mais assimiler ce bouquin à une oeuvre d'art plastique ..va me le rendre encore plus indigeste ! déjà que beaucoup trop d'oeuvres modernes ..mais c'est un autre débat !
Je n'aurais pas vraiment pensé m'identifier à cet auteur. Elle est trop loin de mes modes de vie ! ET son récit me donne une éimage bien triste de la chair et du plaisir.
Peut être essayer de comprendre ce qu'elle ressentait, mais je n'ai pas eu l'impression qu'elle ressentait quelque chose. J'avais le sentiment de lire les confessions d'une "poupée" comme celles qui sont maintenant proposées à prix d'or ! Un objet sexuel ! ce n'est pas mon idée de l'être humain. Et si je ne vois pas l'être humain, j'ai du mal à penser art.
Tout au plus aurais je pu essayer d'éprouver de la compassion pour cette pauvre jeune femme bourgeoise, trop gatée par la vie qu'elle n'apprécie même pas (ne respecte pas) son corps et s'en sert comme d'un objet de consommation pour les autres. heureusement pas tout à fait de l'usage unique. mais son récit est si triste, si nauséeux !
Maintenait, si tu dis que c'est tout sauf de la littérature érotique je crois aussi qu'il y a tromperie du lecteur. Parce que, autant que je me souvienne, tout a été fait pour promouvoir ce livre en tant que tel !
Merci en tout cas, Nicolas d'avoir voulu nous éclairer, m'éclairer, sur cet ouvrage.

par aloa F 128 18.04.2007 20:01

Je suis tout à fait d'accord avec vous deux!!!!!  d'une certaine façon....

La façon dont je perçois ce livre c'est exactement ça : une performance d'art contemporain. C'est pourquoi certains ne l'aiment pas, c'est pourquoi d'autres l'aiment, vive la diversité!

Cela dit, je ne suis pas tout à fait partisanne de confondre la littérature érotique avec ce qui "émoustille". Cela ne donne-t-il pas une connotation un peu péjorative à la littérature érotique ? ce n'est tout de même pas que cela...  de plus, tout ce qui "émoustille" n'est bien sûr pas de la littérature....

Si je me réfère à Robert, le petit, mon ami de toujours en cas de doute, peut être érotique "ce qui a l'amour physique comme thème". Donc le livre de Millet est pile poil dedans... ce serait donc c'est un essai - ou de la littérature, c'est un autre débat - érotique.

D'un autre côté si on comprend érotique dans le sens "goût marqué pour le plaisir sexuel", là, on n'y est plus du tout, selon moi.... inversement pour Nicolas qui trouve que le livre parle de plaisir.

Quant à savoir si le livre est émoustillant, alors là, je suis bien embêtée car je ne connais certainement pas les goûts de toutes les natures... Pour moi, comme pour Nautile, il ne l'est pas, c'est ma seule certitude.

A vrai dire et a posteriori, j'ai l'impression que ce livre était un énorme coup de pub et de marketing extrêmement bien orchestré, face à des médias pantois d'avoir une intello qui parle de cul sous la main (comme c'est croustillant!). A ce titre, j'admire la maestria mais j'ai un peu honte d'avoir succombé à l'achat et à la lecture...

Car pour tout dire, je ne trouve pas que ce livre m'ait apporté quelque chose. Comme je le disais plus haut dans la conversation, il n'y a rien de nouveau en terme de sexe, ni en terme de littérature. Le style détaché, décalé, froid n'est pas une nouveauté (je pense au célèbre et scotchant  "American Psycho") , même si sans doute il est poussé ici au bout de la logique.
Mais là encore c'est une question de goût et ça ne me choque pas du tout qu'on puisse apprécier le style...

Enfin, ce qui me gêne surtout dans ce livre, et c'est une conséquence du choix de narration et du style dans notre contexte social spécifique, c'est que ne parlant pas de son plaisir, ni de son désir, ni de sa jouissance, elle résume par omission son être à un objet à disposition du ressenti des autres (dans le SM "émoustillant" et dans la réalité, le dominé jouit  - cf. Histoire d'O, une des sources d'inspiration de Catherine Millet qu'elle cite si je me souviens bien, dans son livre)...

Là encore, je comprends bien que :
- d'une part  cela relève d'une logique propre à cette performance écrite,
- d'autre part c'est un trip comme un autre, ça peut plaire, cela ne me choque pas non plus,
mais c'est là que je ne suis pas C. Millet. Pour moi, c'est socialement réactionnaire, une femme qui ne jouit pas... même si ce n'est certainement pas ce qu'a voulu l'auteur, d'une certaine façon, cela contribue à faire perdurer une image de la femme, de l'homme, du sexe et de l'érotisme (dans toutes ses acceptions) que je n'aime pas.

par Nautile H 657 19.04.2007 09:43

Je te rejoins sur beaucoup de points Aloa.
je ne suis pas non plus pour confondre littérature érotique avec "ce qui émoustille". Si j'ai besoin d'être émoustillé, je m'adresse à d'autres supports, voire à des auteurs plus (très) spécialisés ! A mon sens ce livre n'est ni érotique, ni émoustillant. Tout au plus y aurais je trouvé un intérêt si j'avais eu une image réductrice, machiste, dominatrice de la femme, ce qui est loin d'être mon idée.
Je ne sais pas ce que Catherine Millet a voulu prouver en écrivant ce livre. Peut être ajouter encore une pierre à son processus d'auto-destruction en mettant son comportement sur la place publique.
En tout cas ce n'est pour moi ni une forme d'art même contemporain (a moins que la poubelle soit considéré comme un musée !) ni un document littéraire (peut importe la classification en genre) qui apporte quelque chose.
Catherine Millet ne réussit qu'à conforter cette image de dégout que m'inspirent certains milieux qui se disent intellectuels et branchés et à dégrader l'image de la femme au moins autant que beaucoup de productions pornographiques.
C'est d'abord pour les femmes que son écrit me peine. En ceci qu'elle les dégrade au rang de choses sexuelles. De choses au sens d'objets quasi inanimés. Aussi sans doute pour notre image d'hommes et de compagnons qui apprécions d'intégrer le sexe à notre relation comme élément d'échange et d'harmonie. Peut être même de libération pour la femme qui peut à travers son plaisir affirmer son égalité avec l'homme.
Je n'ai que partiellement succombé à la lecture, heureusement pas à l'achat puisque je suis membre d'une bibliothèque ! A ce propos, j'ai eu l'occasion de lire d'autres livres traitant d'érotisme (pas d'émoustiller !) qui apportaient quelque chose ...Un livre comme "Le boucher" par exemple !

par blue H 300 19.04.2007 21:19

Pour revenir sur le lien entre l'aspect érotique et le fait d'émoustiller. C'est un lien que je reconnais avoir fait dans d'autres commentaires. Il est vrai qu'il est assez critiquable. Mais tant qu'à être précis, je propose une distinction entre les pratiques sexuelles et l'amour physique. A mon sens l'érotisme nécessite une certaine sensualité. Lorsqu'il ne semble pas y avoir de plaisir ni surtout de désir, j'ai tendance à penser qu'on doit parler de sexe, mais pas d'érotisme. Par contre, dans certains cas réussis, une expérience sexuelle non érotique peut avoir une portée esthétique . Est-ce ça que Catherine Millet a recherché ?
Je n'ai pas la prétention que mes définitions soient les seules valables, mais je pense qu'on pourra comprendre l'usage que j'en fait...

par Nicolas6961 H 300 19.04.2007 21:35

J'aime bien ce que tu dis là, blue, en effet, je pense que CM a cherché à (construire ? rendre compte de ?...)une esthétique.

Merci aussi à aloa et Nautile pour cette discussion le temps me manque un peu pour la continuer, j'espère en avoir plus ce WE...

par aloa F 128 19.04.2007 22:54

Blue, je trouve ça aussi particulièrement réussi comme définition du livre de C. Millet, "une expérience esthétique" et j'y souscris totalement.

Ca ne me pose pas de souci d'adopter une définition de l'érotisme qui soit autre que celle du Petit Robert, du moment que tu le précises a priori. Car apparemment, le principe : érotisme implique sensualité, ne va pas de soi d'après le dictionnaire, mais c'est vrai que très souvent il est utilisé avec cette connotation.

En ce qui concerne le rapprochement "littérature érotique" et "émoustillant", mon propos n'était pas du tout de le critiquer, car il me semble qu'on ne peut nier qu'il y ait effectivement un lien (la littérature érotique, même - surtout - de très bonne qualité, est souvent émoustillante).
Je remarquais que son utilisation est délicate car la littérature érotique ne peut être réduite à cet aspect et que souvent, ce mot est utilisé pour dénigrer les écrits, comme si le fait de stimuler le désir les rendait moins bons...

Si Catherine Millet a écrit un essai esthétique, il n'en reste pas moins, comme l'a souligné Nautile, que ce n'est pas du tout le marketing et la publicité qui ont été faites autour de cet ouvrage présenté comme "chaud", "émoustillant" justement... et que c'est sûrement ce qui a boosté les ventes parce que les chiffres ne sont pas ceux d'un essai esthétique... Et je revois C. Millet invitée comme un expert dans toutes les émissions TV qui abordaient la sexualité... les critiques littéraires ébahis devant tant de "liberté sexuelle", etc...

Ce livre d'ailleurs me semble représenter le même genre de courant artistique contemporain qui est défendu dans Art Press et dans la plupart des media artistiques, dont je me sens assez éloignée.
Contrairement à ce que cette vitrine laisse paraître, il existe non pas un art mais des arts contemporains, certains sensuels, d'autres expressionnistes, sensibles, choquants ... assez pour que les goûts et curiosités de chacun soient satisfaits et c'est ce qui est formidable dans l'art contemporain!

C'est vrai que du coup, cela semble évident que je ne devais pas aimer ce livre.... mais alors je ne connaissais pas le Club des Sens!

Voilà aussi pourquoi je ne m'étais pas connectée depuis un moment, ce site est si intéressant sur tellement de sujets - et pas seulement émoustillants ;-) - qu'il dévore le temps. Argh!

par blue H 300 20.04.2007 00:11

Aloa, la définition du petit robert est très succinte, mais je ne m'y sens pas opposé. Il me semble que le terme "amour" utilisé par le Robert suppose un certain mode de relation à l'autre. Sans y voir des sentiments exclusifs, j'y vois au moins une attention particulière et un respect, dont l'une des conséquences physique est la sensualité. Mais là tu vois tout dépend de ce qu'on met derrière le mot amour...
       Cependant je partage complètement ton point de vue quant à l'impact négatif sur la conception de la sexualité que ce genre de récit peut avoir (surtout comme tu l'as dit, du fait de la façon dont ce livre a été présenté. D'autant plus que la dimension essentielle du désir de la femme (plus encore que le plaisir),  est sans doute ce qui trouve le plus de résistances dans notre société et dans bien d'autres.

par Nautile H 657 20.04.2007 09:18

Juste un petit mot pour parler d'amour.
je trouve que paradoxalement, notre langue est très pauvre en termes pour parler d'amour. Autant les inuits ont à leur disposition une flopée de termes pour parler des différentes formes de neige, autant nous n'avons qu'un seul terme pour parler de tant de choses différentes. Au point que nous sommes obligés à chaque fois de qualifier ou de périphraser.
Qu'y a t'il de commun entre amour physique, amour sentiment, amour de son prochain, amour des bonnes choses ... j'en passe.
cela ne suppose pas forcément un certain mode de relation à l'autre.
Enfin, je trouve aussi que la façon dont CM présente ses relation avec les autres d'un pont de vue sexuel nuit  plus que tout à la cause des femmes et à leurs luttes  edans les domaines en particulier de la liberté et de l'émancipation sexuelle! C'est vraiment dommage que ces coups bas viennent d'une femme !

par blue H 300 20.04.2007 15:12

Et bien justement Nautile, Je ne vois pas en quoi les différentes formes d'amour que tu cites, excepté la dernière (l'amour des bonnes choses -qui à mon sens utilise le mot amour de manière métaphorique puisqu'il s'agit d'avantage du goût), ne parleraient pas d'un certain mode de relation à l'autre?

par Nautile H 657 20.04.2007 15:16

Sans doute, Blue, mais mon propos était surtout d'illustrer la pauvreté de notre langue pour les différentes formes d'amour qui existent ! L'anglais est à peine plus riche et l'allemand pas mieux, pour celles que je connais un peu ! Espagnol, portugais et italien sont très proche de la notre.

par blue H 300 20.04.2007 15:26

je suis d'accord sur la difficulté de trouver les mots justes par rapport à la sexualité. Le tabou qui a reposé sur la sexualité pendant des sciècles a sans doute laissé des marques dans le langage.

par Nautile H 657 20.04.2007 16:02

peut être bien. Encore que notre langue venant essentiellement du latin et du grec, des peuples (ou du moins des époques) pas vraiment réputés par leurs pudeurs et leurs tabous !
En plus, nous savons très bien, lorsque le besoin s'en fait sentir "emprunter" des mots à d'autres langues ..

par Lavax F 300 22.04.2007 15:50

Pour le grec: éros, philia, agapê, storgê, xenia.
Pour le latin: amo, dont les substantifs dérivés présentent variétés de sens - de amicitia (amitié), amor (amour), à amica (petit nom donné à une petite copine, voire à une prostituée); placere; diligere; observare; etc.
Pour la pauvreté du français: attraction, attirance, inclinaison, attachement, tendresse, désir, affection, amitié, amour, coup de foudre, passion, concupiscence, sympathie, folie, charité, plaisir, goût, envie, hospitalité, etc.
On prendra avec profit un dictionnaire du français classique - Corneille et Racine, par exemple; je n'ai pas le mien sous la main, et on trouvera pléthore de termes, comme "flamme", "feu", "ardeur" etc...

par Lavax F 300 22.04.2007 16:03

"Je ne trouve qu'en vous je ne sais quelle grâce
Qui me charme toujours et jamais ne me lasse"

C'est pas beau, ça?

par Nicolas6961 H 300 22.04.2007 21:50

Magnifique.

Je trouve assez succulent qu'une discussion sur "La vie sexuelle de Catherine M." débouche sur un débat autour de l'amour.

Merci à vous trois pour le plaisir que j'ai à vous lire.

par Nautile H 657 23.04.2007 09:30

Merci Lavax pour toutes ces informations sur les origines de nos mots d'amour.
je ne voulais pas dire non plus que le français était un langue pauvre. Loin de moi cette idée, bien au contraire !
Je trouve simplement que pour décrire les différentes formes d'amour: sentimental, physique, tarifé, ... nous devons utiliser le même mot.
Les multiples formes que tu donnes, à bien y regarder, s'appliquent finalement toutes au domaine des sentiments. Lequel domaine nous le savons a largement été dépeint par nos auteurs !
C'est vrai aussi qu'en ce qui concerne par exemple les autres formes que je cite, nous utilisons plus des termes "techniques" voire argotiques que du vocabulaire ayant trait à l'amour.

Nicolas, le plaisir est partagé. merci à toi d'avoir lancé cette discussion.

par Felix44 F 323 23.04.2007 12:42

C'est avec beaucoup de plaisir que je viens de vous lire, déboucher comme le dit nicolas sur un débat autour de l'amour avec ce livre, vous avez fait fort. Guepard, suite à une émission où le livre était présenté (comme un livre érotique d'ailleurs) , l'a acheté. J'avoue que je n'ai du en lire qu'une dizaine de pages et me suis vite arrêtée, (lui aussi d'ailleurs) même la qualité de l'écriture ne m'a pas fait persévérer. Compte tenu des commentaires entendus à l'époque, nous pensions vraiment trouver un peu de sensualité au minimum un peu d'amour mais ce n'était qu'une description "sans âme" de rapports sexuels sans but précis pour moi, même pas celui de se faire plaisir. Sur le moment, j'ai fermé le livre sans réfléchir à son contenu. Mais c'est vrai qu'en y réfléchissant un peu, on dirait vraiment que son objectif est la destruction complète d'elle même. Je vais le reprendre pour le lire avec un autre oeil et si j'arrive à dépasser les premières pages, j'étofferai mon commentaire.


« précédent1 2suivant »