Style, qualité d'écriture |
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Originalité des situations |
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Description des scènes d'amour |
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Intérêt de l'histoire |
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Note Générale |
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Les plus : "manuel" d'épicurisme appliqué, les illustrations, certaines références historiques qui sont un délice à déchiffrer! ;)
les moins : le coté "provoc" peut fâcher parfois, surtout quand l'Aretin insiste trop sur caricaturiser certains personnages historiques.
Les Sonnets luxurieux sont un des créations littéraires érotiques qui me fascinent sans limite.
L'auteur n'est autre que Pietro Aretino (Pierre l'Arétin), une des plus extravagantes et remarquables personnalités qui peuplèrent la très tumultueuse et passionnante époque de la Renaissance italienne. Ce monsieur a la langue leste et dangereuse, s'est paré du surnom le "Divin" (il divino Aretino) plus de 2 siècles avant un certain marquis français. Sa vie est une série d'aventures avant de s'établir définitivement dans la sérénissime ville de Venise en 1527. La il se gagna la réputation de "Fléau des princes", à cause des informations qu'il connaissait sur les sommités de l'époque et qu'il ne rechignait pas de répandre aux quatre vents. Son entourage était formé par les intellectuels et artistes de Venise et ses fréquentations lui permirent également de côtoyer les fameuses courtisanes qui faisaient un des charmes de cette magnifique ville. Avec Matteo Bandello et Brantome, il est la référence par excellence pour ceux qui ont un intérêt pour ce phénomène culturel qui furent les courtisanes honnêtes.
Vers 1525 il composa une série de 16 sonnets licencieux, plus connus comme les "Sonnets Luxurieux". L'histoire est simple: le peintre Jules Romain décora un palais de Mantoue avec des belles peintures érotiques, qui furent ensuite multipliées sous forme de gravures par Marcantonio Raimondi dans un livre à illustrations pornographiques, nommé "I Modi" (Les Postures). Aretin, ayant consulté ce livre, composa des sonnets très très explicites pour chacune des 16 postures. Évidemment qu'il ne manqua pas d'y mentionner des noms importants de l'époque pour charrier les personnages qui les portent. (Il existe aussi une suite de 13 autres sonnets, qui se limitent a être injurieux et à ridiculiser les personnalités importantes de l'époque. Il n'en est pas question ici.)
Les Sonnets Luxurieux:
L'intérêt comme œuvre érotique ne s'en amoindrit: l'ardeur des amants, la fougue, le langage cru, les positions que l'on devine, tout est un déluge de volupté. La diversité des positions et certaines situations titillent l'imagination.
Ce recueil de sonnets peut faire reculer certains au coté fleur bleue prononcé, car les couples ne sont pas des couples d'amoureux. Et pourtant, ils sont animés d'une fougue vertigineuse et leur désinvolture est saisissante. Pour pointilleux en question de langage que l'on puisse être, on ne peut pas s'empêcher de frétiller en lisant des vers comme:
"Je voudrais me transformer toute en c..., Mais je voudrais que tu fusses tout v...
Parce que si j'étais c... et toi v... Je rassasierais d'un seul coup mon c... Et tu aurais aussi du c... Tout le plaisir qu'en peut avoir un v..." (Sonnet V, avec les points de suspension, comme ils apparaissent dans la version imprimée de la traduction faite par Guillaume Apollinaire)
Le langage est impitoyablement cru. Certes, Aretin cherche de provoquer chaque fois que l'occasion se présente. Et si l'occasion tarde a se présenter, il sait comment l'appâter. Mais le transport verbal des amants rappelle notre propre emportement sensuel.
Les sonnets sont particuliers, car ce sont des sonnets "à queue": à la fin de chaque sonnet il y a un tercet tout aussi émoustillant que le reste du sonnet. Comme un profond soupir de satisfaction qui couronne les ébats mémorables.
Tout ce que je peux dire: torride! Un étonnant échantillon d'épicurisme épuré au maximum!
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