Style, qualité d'écriture |
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Originalité des situations |
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Description des scènes d'amour |
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Intérêt de l'histoire |
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Note Générale |
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Les plus : histoire insaisissable, étrangeté
les moins : cruauté
Le Lac, dont le titre original est Mizuumi en Japonais, rédigé en 1955, paraît en France en 1978, chez Albin Michel, dans une traduction de Michel Bourgeot et de Jacques Serguine, ici reprise.
Pas d'histoire dans le Lac, sinon la poursuite réelle, imaginaire, de jeunes inconnues par un personnage aux pieds monstrueux, Gimpei Momoï, un professeur qui, pour avoir séduit une de ses élèves, n'a plus droit d'enseigner. Le passé, le présent, se brouillent, comme les jeunes femmes sont hallucinées. La disparition du cadavre de son père dans un lac, la fête des lucioles, des jeunes hommes qui attendent de jeunes femmes, l'inverse aussi bien: le réel n'a plus de sens, d'ordre. Le seul réel, dans sa cruauté récurrente, ce sont les pieds difformes de Gimpei Momoï, contre quoi toute sensualité s'écrase.
La lecture prend la tonalité d'un cauchemar, transpercé parfois d'un érotisme dont on n'est pas capable de connaître l'origine. Tout le long, Kawabata nous offre l'étrangeté: une expérience insaisissable que nous savons ignoble, cruelle, mais aussi exceptionnellement charnelle. Une expérience qui ne provient pas de notre corps, mais des relations qui se tissent entre les corps, dans les massages, les échanges de paroles, les non-dits, les gestes, les lueurs des lucioles, sur le fond d'un pied dégoûtant et d'un lac, où git un cadavre.
Un récit déroutant, qui ne présente nul sentiment: ni joie, ni souffrance. Mais la seule déroute du réel.
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