Avis |
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par Lavax 300
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08.07.2009 15:56 |
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Scénario & Dialogues |
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Mise en scène & Réalisation |
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Jeu d'acteur |
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Scènes érotiques |
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Intérêt du film |
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Note Générale |
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Les plus : La réalisation, les acteurs, les couleurs, la photographie, la musique
les moins : Traduction non complète en VO, nécessité de connaître quelque peu la culture japonaise, difficulté à reconnaître au début la situation sociale des personnages
J'ai vu un film, un film japonais (...), c'était dans une petite salle (...). J'ai été, à proprement parler, soufflé. J'ai été soufflé parce que c'est de l'érotisme, - je ne m'attendais pas à ça en allant voir un film japonais -, c'est de l'érotisme féminin. Là, j'ai commencé à comprendre le pouvoir des japonaises (...). L'érotisme féminin semble y être porté à son extrême, et cet extrême est le phantasme ni plus, ni moins, de tuer l'homme. Mais, même ça, ça ne suffit pas. Il faut qu'après l'avoir tué (...) la japonaise qui est une maîtresse femme, c'est le cas de le dire, à son partenaire, coupe la queue, c'est comme ça que ça s'appelle (Le Sinthome, Lacan, Séminaire du 16 mars 1976). Ai no Korida, la Corrida de l'amour, est un film d'une rare violence, dont la dernière scène, l'émasculation de Kichi par sa maîtresse Sada, après qu'à sa demande, elle l'a étranglé, apparaît comme l'accomplissement du désir féminin. Bien que l'histoire paraisse resserrée sur un couple, L'Empire des Sens s'inscrit, comme le montrent une série d'images - soldats marchant, drapeaux japonais -, sur un arrière-fond politique et historique. Inspiré d'un fait divers réel, le récit se situe en 1936, à Tokyo, quelques temps avant l'agression du Japon contre la Chine (seconde guerre sino-japonaise). Le sexe n'est pas une donnée arbitraire, comme il en va dans bien des films érotiques ou pornographiques, mais le contrepoint d'une situation historique inacceptable, à quoi le couple peu à peu échappe, se fermant sur lui-même, vivant de ses odeurs, recherchant l'orgasme toujours plus puissant, jusqu'à la mort.
Les références à Balthus, à Bataille, sont évidentes. Mais le film n'est nullement "intellectuel". Il suit la marche d'un fait divers, n'essayant pas de démontrer quelque chose.
L'Empire des Sens est une coproduction franco-japonaise. Anatole Dauman, en 1972, aurait proposé à Oshima de produire un de ses films, et aurait d'ailleurs contribué au choix du titre français. Toutefois il nous faut faire un effort de culture pour en entendre le propos. Non seulement la traduction n'est pas toujours sûre (certains passages ne sont pas traduits (1); Sada est qualifiée de "geisha" à un certain moment - ce qui ne correspond pas à son statut social, - elle était prostituée, et son statut actuel, ainsi que le statut de Kichi (2), n'est guère clair). Mais encore, le film nous laisse devant une expérience à quoi rien ne prépare: le rapport de police des années 30 dit que Sada aurait été découverte souriante et radieuse. Et Oshima déclare que personne, au Japon, ne penserait à la qualifier de "criminelle".
L'extrémisme, la crudité des scènes d'amour, font un film remarquable, balayant le découpage en genres.
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Commentaires |
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par cocostpierre 300
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08.07.2009 22:32 |
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bravo Lavax !!! j'adore ton commentaire !! j'ai vu ce film il y a très longtemps et la scène finale m'avait marqué très fort, ça donne envie de le revoir rien que pour le plaisir des "sens". merci !
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par Lavax 300
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08.07.2009 23:29 |
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Hello cocostpierre,
A titre d'info, un autre film (reprenant le même fait divers), et classé comme "film érotique", est sorti au Japon, avant celui-ci, en 1975. Il s'agit de La Véritable Histoire d'Abe Sada, Jitsuroku Abe Sada, de Noboru Tanaka. Je ne sais si on le trouve en dvd...
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par Lavax 300
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10.07.2009 13:13 |
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Autre info, glanée auprès d'amis japonais:
au Japon, le film est encore censuré! (Il avait, en effet, été censuré à sa sortie, ce qui fait qu'il avait été en salles après le film évoqué précédemment, alors qu'il lui était antérieur). Les organes génitaux sont floutés, et le film, en version intégrale, est commercialisé, par les yakusas, sous le manteau ( commercialisation en perte de vitesse, à cause du marché par internet)...
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par blue 300
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16.07.2009 19:10 |
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Je n'avais pas envisagé à quelle point l'émasculation pouvait être distincte de la castration. Merci Lavax, ton avis est comme toujours très intéressant!
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