Avis

Avis Antichrist par Lavax
par Lavax F 300 18.06.2009 13:21
Scénario & Dialogues 1/4
Mise en scène & Réalisation 2/4
Jeu d'acteur 3/4
Scènes érotiques 1/4
Intérêt du film 1/4
Note Générale 1/4
Les plus : jeu des acteurs, beaux portraits photographiques
les moins : excès de symbolisme, ennuyeux, consternant

Qui a suivi le festival de Cannes cette année n'a pu manquer les polémiques qui ont animé la projection du film: alors que Charlotte Gainsbourg obtient le prix de la meilleure interprétation féminine pour le rôle qu'elle y incarne, d'autres dénoncent un film sadique, misogyne, et gore.

Le dernier film de Lars von Trier ne laisse pas indifférent: on aime passionnément, ou pas du tout.

Présentation
L'histoire repose sur une scène initiale, donnée en début de film, en noir et blanc et au ralenti, mais non entièrement livrée. Nous n'y aurons accès en totalité que vers la fin.
Une femme (Charlotte Gainsbourg) faisant l'amour avec un homme (Willem Dafoe), au moment de la jouissance.
Leur enfant - il neige - prenant une chaise, montant dessus, tombant par la fenêtre, mourant.

L'histoire est celle de ce "deuil": l'homme, psychothérapeute, décide de s'occuper lui-même de la propre thérapie de femme.

Avis
Il s'agit là du résumé le plus plat qu'on puisse faire; le film veut, au contraire, présenter une accumulation d'interprétations: interprétation que le mari fait de ce que sa femme lui dit, interprétation que nous faisons du film, interprétation que la femme fait de sa vie...
Les animaux parlent, tenant quelques propos métaphysiques: "le chaos règne" (1). Les personnages s'auto-mutilent, excision, masturbation jusqu'au sang, pénétration d'instruments dans le corps. La nature est stylisée. Des tableaux à la Jérôme Bosch apparaissent, etc. Flots de références à Freud, à Nietzsche, etc.
Il serait trop long de donner la liste de tous les clins d'oeil, de tous les symboles qui courent le long du film.
Un arbre n'est pas un arbre, mais L'Arbre, symbole de L'Arbre; le lieu où se rendent les personnages pour la cure n'est pas une maison de campagne, mais Eden, un symbole de lieu, le Lieu symbolique - le Jardin; Charlotte Gainsbourg n'est pas une femme, mais la Femme, lui est l'Homme; là-haut, il y a Satan, etc., et Satan, peut-être est-ce la Femme, etc...

Les massacres (façon "massacre à la tronçonneuse", mais en moins bien, parce qu'on n'en assume pas la vulgarité) s'enchaînent mécaniquement: mutilations prévisibles, qui, du coup, n'ont rien d'insoutenable (2), mais virent au comique.
Dans la salle où j'étais, quelques gens ricanaient.
Il m'est aussi venu l'envie de rire (Normal?: Lars von Trier trouve, en effet, que son film est drôle (3)), sur le thème: "c'est pas vrai, il ne va pas nous infliger ça?! Si? Si!"

Finalement on ne sait plus. Un ami, partisan du "tout au second degré", tient que c'est du second degré... Soit, mais j'avoue que c'est fatigant de se creuser la tête pour savoir où on en est: premier, deuxième, troisième? et qu'est-ce que les symboles symbolisent? ceci, cela? rien?
Les procédés cinématographiques (ralenti, mélange noir et blanc/ couleur), le découpage en chapitres, sont vieillots. Et la durée paraît longue.

A la fin des fins, on s'ennuie de cette prétention intellectuelle: appelons un chat un chat, et un sexe un sexe.
Et allons voir un bon film d'horreur.
C'est ce qu'on a de mieux à faire.

 
   

Fiche Produit

  Antichrist

Antichrist

Avis, Essais, Comparer   Antichrist

Date de sortie : 03/06/2009

Réalisateur : Lars von Trier
Acteurs : Charlotte Gainsbourg, Willem Dafoe
Durée : 1h44
Années : 2000-2010
Origine : Danois
Public : Interdit -16 ans

Commentaires

par Mien H 300 18.06.2009 18:25

Merci Lavax ^^
Me fiant une fois de plus à vos avis lucides, objectifs et complets, je ne verrai pas, c'est certain, ce film. J'imagine que le Dogma95 a fini par monter à la tête du réalisateur. Quant à moi, très partisan du second degré aussi, je considère qu'il n'a de valeur qu'en opposition à un premier degré. Et force est de constater que si on fait le tour de l'oeuvre de von Trier, il faudrait à ce titre tout prendre au second degré, car chaque opus semble l'occasion plus d'une provocation supplémentaire que d'une élévation dans le degré. Or, il me semble que la plupart de ses films n'ont d'intérêt qu'au premier degré... Comme vous l'avez dit Lavax, appelons un chat un chat.

par KittyKat F 300 18.06.2009 21:18

pour ma part je n en ai pas entendu du bien, loin de la. la polemique qui est faite autour de ce film pourrait pousser certains a aller y jetter un oeil mais je ne fais pas partie de ceux la. merci a Lavax pour ce commentaire assez revelateur de ce que j ai entendu...

par Lavax F 300 18.06.2009 21:44

Merci pour vos remarques. Aviez-vous, de votre côté, vu d'autres films de Lars von Trier? J'avoue que c'est le premier que je vois.
Y en a-t-il un autre que vous pourriez me conseiller?

par KittyKat F 300 18.06.2009 21:46

j avais tente son film avec bjork (desolee mais le nom m echappe) et j avoue que son style tres special m avait ennuye. je n ai pas ete jusqu au bout. peut etre seras tu plus courageuse :)

par Angel69 F 300 18.06.2009 21:53

c'est "Dancer in the Dark", KittyKat - film que pour ma part j'avais beaucoup apprécié.
mais j'avais vu la bande annonce d'Antechrist, et même sans avoir lu ce bel avis de lavax, je n'y serais pas allé..

par titmym F 300 18.06.2009 21:54

avec Björk c'est Dancers in the dark?
Je l'avais vu d'un coin d'oeil sans en penser spécialement de mal. Mais le sujet n'est pas si..."torturé" il me semble

par Lavax F 300 18.06.2009 21:56

Ah d'accord, c'est lui le réalisateur du film avec Björk?
Merci beaucoup! :)

par blue H 300 18.06.2009 22:51

ON a vu Breaking the Waves, un film qui a un certain style, pas inintéressant, mais nous n'avions pas aimé... Ton avis ne me surprend donc pas Lavax.

par Mien H 300 19.06.2009 07:37

Un que je n'ai pas vu, c'est Dogville, mais dont j'ai entendu beaucoup de bien, avec une réalisation très surprenante, sans tomber apparemment dans la provocation...

par vestibulle F 44 19.06.2009 21:14

Non, effectivement, pas de provocation mais ce n'est pas non plus l'objet ; il n'y a rien dans le pitch qui y pousse en tout cas, pas plus que Dancer in the dark ; je pense plutôt à quelque chose de très littéraire dans l'évolution des personnages et la "chute" de l'histoire.. avec une réalisation "théâtrale", les personnages évoluant littéralement sur une scène de théâtre, des murs absents et les acteurs poussant des portes invisibles pour entrer dans des maisons sans murs. Cela m'a agacée au début avant de me rapeler mes jeux d'enfant. Cela dure 2h30, dans mon cas je suis passée de l'étonnement à l'agacement, puis l'ennui, puis l'intérêt.. La fin m'a interpellée, elle vaut la peine qu'on pourrait avoir à regarder ce film..
.. un film à voir seul et motivé, peut-être. Les sarcasmes d'un compagnon ou d'une compagne pourraient gâcher son plaisir..

Qu'on aime ou pas l'un ou l'autre de ces film, au moins, il faut reconnaître que ce réalisateur se renouvelle, dans ses sujets, ses traitements.. rien de comparable entre ces quatre films si ce n'est que l'univers fantasmagorique des personnages, sexualisé ou pas, mais obsessionnel au sens large, en tout cas, prime sur toute lecture objective des événements..

par Lavax F 300 20.06.2009 16:06

Merci!

Touchant le fait de voir seul "un" film de Lars von Trier (je mets des guillemets, puisque je n'en ai vu qu'un...): j'ai eu le même sentiment; les effets sur les spectateurs pouvant être variés, il vaut mieux y aller seul.
En revanche, le problème est qu'une salle de cinéma est publique, et qu'on entend ou voit nécessairement les réactions des autres spectateurs.

par vestibulle F 44 21.06.2009 12:21

Tu as raison, Lavax, et l'énergie qui se dégage d'un film, et même, le souvenir qu'on en a, n'est pas du tout le même selon que ce soit au ciné ou en dvd.. "Dogville", j'ai l'impression aussi que je l'ai apprécié parce que je l'ai visionné en 3 séances, en 3 jours de temps, aussi.. je n'aurais sans doute pas supporté de le voir d'une traite (j'ai dû être essoreuse 3000t/mn ou cyclone dans une vie antérieure). Au ciné, on est happé, emprisonné dans la projection du film, la sensation d'enfermement dans l'obscurité d'une salle close avec cette seule fenêtre de lumière, en face, ce seul échappatoire.. qui aspire et attire, ou repousse. On reste ou on part, on ne peut mettre le mode "pause".
La réaction du public, même si on est venu seul, peut conditionner l'état d'esprit aussi.. sans doute plus, sur un film aussi dérangeant que celui-ci. Je me souviens d'avoir assisté à la Première d'un film d'Almodovar à Madrid, dans un vieux cinéma du centre-ville : il y avait une ambiance de folie. A un moment donné, on voit, par un plan à la grue, un travelling sur le carrefour où se situait ce même cinéma où nous étions.. avec une affiche du film gigantesque, qui prenait toute la hauteur de l'immeuble.. comme c'était le cas dans la réalité, à cet instant. Télescopage d'un tournage et d'une projection en Première, un an plus tard ; les gens dans la salle hurlaient de joie à haque clin d'oeil de ce type. C'était la fête.
Quand j'ai revu ce film plus tard en France, au ciné, j'ai été saisie par le côté sombre du film. Les gens dans la salle, cette fois-ci, étaient recueillis ; c'était le public de 11h du matin un jour de semaine. Ce film, c'était "la fleur de mon secret"

par ETOILE36 F 6 04.07.2013 19:28

J'ai été très mal à l'aise en visionnant ce film... Très malsain !