Pertinence des conseils |
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Style, qualité d'écriture |
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Photos / Illustrations |
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Note Générale |
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Les plus : livre bien écrit, documenté, avec schémas, d'une lecture aisée, intéressant
les moins : ras
J'avais des a priori sur ce livre. Je pensais que ce serait un livre fastidieux. Un livre sur le clitoris, pensez donc ! J'imaginais un pavé illisible. Or, le livre est tout sauf un pavé, 133 pages, cela se lit vite. Et le livre est tout sauf fastidieux.
Un autre point qui me retenait de le lire : les auteurs. Et surtout ce terme de sex-perte pour désigner Maïa Mazaurette. Certes, je lis sexactu, je « connaissais » donc un des auteurs mais écrire un blog, ce n'est pas avoir un diplôme en sexologie, et ce mot sex-perte me sort par les yeux. Qui est expert dans ce domaine ? Il est déjà difficile de maîtriser parfois son propre corps, alors de là à généraliser à l'ensemble des clitoris de la terre... Le deuxième auteur ne me disait rien qui vaille non plus. Qui est Damien Mascret ? Je lis les quelques lignes de présentation qui lui sont consacrées. Ok, il est médecin-sexologue et journaliste. Mais écrire un livre sur Xavier Darcos, est-ce le plus court chemin pour parler du clitoris ? Mais apparemment, tous les chemins mènent au clitoris. Ou devraient y mener, puisque tel est le sujet de l'ouvrage : mettre le clitoris en pleine lumière, le sortir de cette caverne que les auteurs nomment « l'excision culturelle ».
Cette excision culturelle a été tout d'abord le fait de Freud et de ses adeptes : la femme en manque de pénis, la femme qui passerait enfin au stade de la féminité quand elle accepterait de déloger le centre du plaisir en oubliant le clitoris pour la seule pénétration et le plaisir vaginal. Cette nécessaire pénétration, seule scène réellement spectaculaire puisque le clitoris est trop petit, impossible à filmer, devient le but de tout film pornographique. Le clitoris y est oublié, sauf dans d'éventuels préliminaires pour permettre une lubrification qui permet d'enchaîner avec la pénétration. L'éducation des enfants, des adolescents, met l'accent sur la reproduction, donc la pénétration. On ne parle pas de plaisir, pas de clitoris. Et ceux qui cherchent une source d'information autre que venant de parents démissionnaires ou de l'école qui ne sait comment aborder le sujet se tournent vers la pornographie. Or, la pornographie, nous l'avons vu, exclut le clitoris. Suivent ensuite l'évocation de problèmes sexuels chez la femme et la constatation de la primauté de la pénétration, l'orgasme clitoridien étant considéré comme un orgasme de deuxième ordre. A ce mythe de la pénétration toute puissante s'associe le mythe de la jouissance simultanée. Il faut qu'une femme jouisse par pénétration et qu'elle jouisse en même temps que son partenaire. Que d'impératifs ! A côté de cela, la masturbation féminine est dévalorisée. Combien de femmes acceptent d'avouer (l'aveu, comme si c'était un péché !) qu'elles se masturbent ? La masturbation est perçue comme une « pratique de la « pauvre fille » plutôt qu'une autonomie sexuelle ». Cependant, les mœurs évoluent, les opinions changent, le clitoris fait de plus en plus l'objet d'articles de presse, de recherches, le clitoris sort de l'ombre, la révolution clitoridienne est en marche, et ce livre cherche à faire progresser cette marche.
Instructif, très bien documenté sans que ces références ne soient lourdes, sans que le sérieux du propos n'occulte un ton délibérément léger et sautillant, ce petit volume est une réussite.
Je ne trouve qu'une critique à formuler, cette idée qui me semble discutable exprimée à la page 109 et rappelée page 130 que je vous retranscris ici : « Mais la pénétration qui engage deux partenaires amoureux, demeure le point le plus proche et le plus régressif (sur un plan inconscient) de la fusion perdue des premières semaines de vie (époque où le nouveau-né ne perçoit pas encore sa séparation physique d'avec sa mère). Une communion des corps dont l'intensité émotionnelle explique peut-être le succès persistant. » « On l'a vu, la pénétration permet une intimité qui rappelle la fusion initiale avec la mère. »
Le mot de la fin avec cet extrait de la page 131 : « Il ne s'agit pas de choisir, encore moins de trahir : nous pensons qu'on peut avoir le beurre et l'argent du beurre, l'orgasme clitoridien et la pénétration vaginale, et que plus nous élargirons le champ des possibles de notre plaisir, plus nous aurons des chances de faire durer le couple. La revanche du clitoris, c'est aussi une question d'amour. »
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