Avis

Dvd L'Amant - Test par Anonyme26
par Anonyme26 F 2 06.03.2009 18:44
Scénario & Dialogues 3/4
Mise en scène & Réalisation 4/4
Jeu d'acteur 4/4
Scènes érotiques 4/4
Intérêt du film 3/4
Note Générale 3/4
Les plus : la moiteur de l'Indochine, l'éveil brûlant à la sexualité d'une adolescente
les moins : le phrasé insupportable de Marguerite Duras

J'ai vu ce film lorsque j'étais adolescente, il a eu un impact certain sur mes désirs. Bien sûr pour ma première fois je n'ai eu droit qu'à un jeune homme de mon âge, qui s'est débrouillé gentillement et honorablement, mais sans l'aisance et la dextérité que confère l'expérience. J'avais seize ans. C'était un mercredi après-midi, j'étais allée dans la grande maison vide au sol de marbre de ses parents. J'y étais allée pour ça, rien que pour ça. J'aurais voulu qu'il me prenne là, à peine passé la porte d'entrée, sur le sol de marbre dur et froid. Mais les adolescents sont pleins de convenances, il m'a aimablement et interminablement parlé puis emmenée à tâtons dans sa chambre et j'ai connu ma première pénétration sur un lit étroit, les volets clos, par lesquels passaient des rayons de soleil. C'est une chose que j'ai aimé. Après, je suis allée ouvrir ses volets, nue, mon corps en plein soleil. Il était terrifié que quelqu'un me voie. J'ai ri et refermé les volets. Je suis repartie tout de suite après, par le bus. Mon départ précipité l'a surpris. Je n'étais pas venue pour discuter. J'aimerais parfois reproduire cela. Ne venir que pour être possédée. Et repartir après. De cette première fois il me restera un éternel regret. Tan pis pour le sol de marbre. Dommage. On ne devrait jamais confier une première fois à un débutant.

Visiblement Marguerite Duras a eu plus de chance que moi. Ce film est l'adaptation de son roman autobiographique qui raconte les amours de la jeune Marguerite avec un homme fait, chinois de surcrois ô scandale. Nous sommes en Indochine dans les années 1930. Elle a quinze ans et demi et lui trente-deux. Elle vit dans la "Maison de Sadec", avec son institutrice passive de mère qu'elle aime et méprise, son frère aîné violent qu'elle craint et son frère cadet chétif qu'elle adore. La famille est ruinée, suite à la mort du père et aux mauvais investissements de la mère. La semaine elle poursuit ses études au lycée et loge à la pension Lyautey, du moins les rares nuits où elle ne va pas retrouver son amant dans la chambre obscure donnant sur la ruelle bruyante.

Elle ne l'aime pas, malgré les larmes des dernières scènes. J'aurai préféré la voir s'éloigner du rivage les doigts crispés dans la bouche et l'autre main serrant convulsivement son entre-jambe. Nous avons eu droit aux larmes du départ, plus conventionnelles. Tan Pis. Lui... éprouve de la tendresse et aimerait bien l'épouser, sans toutefois obtenir la permission de son père. Une putain blanche et pauvre? ô scandale. Mais l'aime-t-il vraiment? Hum, la question reste ouverte.

Ce qui les lie est ailleurs. "La jouissance qui fait crier". L'écriture de Marguerite Duras qui passe constamment du "je" au "elle" et semble ne pas connaître l'existence des mots de liaison est à vomir (la voix rocailleuse de Jeanne Moreau en voix off en rachète quelque peu le phrasé détestable), mais des petits bouts de lyrisme évocateurs sont à relever. Notamment cette jolie phrase: "Là où, chaque soir, les yeux clos, je me fais donner la jouissance qui fait crier." Elle met en exergue cette passivité face à un pourvoyeur de plaisir, mentor tout-puissant. Cette impuissance face à l'appel des sens, au mépris des conventions et autres bienséances. C'est aussi ce que j'aime dans ce film: leur différence d'âge scandaleuse, leurs milieux différents. Ils aiment s'égratigner au cours des dîners, elle lui jette ses honteuses origines chinoises à la figure, il lui répond que sans sa virginité elle ne pourra plus se marier. Double déshonneur qu'ils partagent comme ils partagent leurs corps enfiévrés. La famille de la petite vomira sur ce chinois tout en acceptant ses largesses, le père de l'héritier rejettera sans appel cette possible mésalliance.

 
   

Fiche Produit

  L'Amant

L'Amant

Avis, Essais, Comparer   L'Amant

Date de sortie : 22/01/1992

Réalisateur : Jean-Jacques Annaud
Acteurs : Jane March, Tony Leung Ka Fai
Durée : 1h55
Années : 1990-2000
Origine : Français
Public : Interdit -12 ans

Commentaires

par Marii F 300 07.03.2009 16:48

J'ai vu ce film à sa sortie et je ne l'ai pas revu depuis. Les souvenirs que j'en ai se sont pas mal estompés, mais l'impression qu'il m'a laissée est restée très forte. Je crois que c'est un des films que j'ai le plus aimé. Même si je suis loin d'être fan de Duras...Et même s'il n'a pas eu d'influence sur mes expériences personnelles. :-)

par LoupBlanc H 6 07.03.2009 18:24

à quel âge l'as-tu vu? moi je devais avoir 14-15 ans et effectivement il m'a laissé une impression TRES forte!

par Marii F 300 07.03.2009 18:32

Est-ce à LoupBlanc ou à Anonyme26 que j'ai l'honneur de parler? :-)
J'avais 19-20 ans. Forcément, j'avais déjà vu un certain nombre de films douteux. Mais je n'avais jamais vu un film qui mêlait beauté et sensualité avec autant de talent.

par Anonyme26 F 2 07.03.2009 18:35

euh, c'était à Anonyme26, connectée avec le mauvais avatar...

je suis ravie de voir qu'une deuxième clubiste ait apprécié ce film. je ne sais pas si il aurait eu le même impact sur moi si je n'avais pas été vierge. ceci dit, c'est avec émotion que j'ai décidé de le revoir dans les jours à venir.

par Marii F 300 07.03.2009 18:43

J'aimerais bien le revoir aussi. Ne serait-ce que pour voir quelle impression il me laisserait aujourd'hui.

par Anonyme26 F 2 08.03.2009 12:20

Ne serait-ce que pour voir quelle impression il me laisserait aujourd'hui.


j'ai exactement les mêmes intentions. Du coup d'un côté je suis excitée à l'idée de revoir ce film, d'un autre j'appréhende d'être déçue! Je ne le reverrai plus jamais avec les mêmes yeux...

par Marii F 300 12.03.2009 23:03

Tu nous diras quelles auront été tes impressions quand tu l'auras revu?

par blue H 300 17.03.2009 19:34

Rose m'a fait découvrir tardivement ce film qui avait elle aussi marqué son adolescence. Je l'ai trouvé inégal. Certaines scènes sont marquantes, mais je n'y ai pas trouvé la magie escomptée.
Mon coeur manque t-il du souffle de ses jeunes années ? Rose qui garde pourtant toute la fraicheur de l'adolescence, n'a pas non plus retrouvé la sensation de jadis. Ne pouvant me résoudre à pensé que le temps à joué sur elle, je me dit que c'est le film seulement qui en a subit les affres...

Dites moi Anonyme26 et Marii ce que vous aurez pensé de votre visionnage.

Anonyme26, même si c'est un souvenir de déception, l'image de la peau nimbée de soleil sans aucune pudeur est vraiment très belle. Comme quoi un souvenir décevant peut être une très belle image pour d'autres!

par Anonyme26 F 2 19.03.2009 14:51

je ne l'ai pas encore revu, à vrai dire je n'ose, j'ai si peur d'être déçue... ce film est vraiment nimbé d'une aura de découvertes luxurieuses pour moi... ceci dit, je reviendrais ici te livrer mes impressions Blue très cher dès que cela sera fait.