Avis

Avis Mille et une Nuits Point de lendemain par Aretina
par Aretina F 399 25.04.2008 13:18
Style, qualité d'écriture 4/4
Originalité des situations 2/4
Description des scènes d'amour 4/4
Intérêt de l'histoire 3/4
Note Générale 4/4
Les plus : reussite de la mis en scene et la presentation somptueuse et sulfureuse d'un évènement assez commun, tres belle ecriture,
les moins : je n'y vois aucun (mais Denon sait voiler la vue! )

Je ne pense pas être la seule qui a pris connaissance de ce petit joyau littéraire grâce au roman La Lenteur de Milan Kundera.
Ce charmant conte imprégné de l'hédonisme du XVIIIe siècle fut écrit en 1777. En 1812 Vivant Denon réécrit le texte, en y opérant quelques modifications. La beauté séduisante de cette seconde version n'en est pas moindre, même si un brin différente...

La lecture de ce court récit est un véritable délice.
Aucun obstacle lorsque les mots nous transportent aux cotes du narrateur, un jeune homme de vingt ans (dans la seconde version, 25 ans dans la première) parcourt une fantastique aventure nocturne.
Notre jeune homme n'est pas instruit sur ce qui aura lieu dans cette magique nuit d'été. Et l'entier évènement ne lui révèle aucune morale.
Je trouve cela tout à fait splendide: parce qu'ainsi on est presque transplanté dans la peau de ce protagoniste qui n'en est pas un.
Absorbés - comme lui -dans un voyage nocturne, sans être prévenus sur les préambules, sans être édifiés sur l'issue, on reste avec cette sérénité ineffable qui suit l'éveil du plus merveilleux des rêves.

La séduction se déploie sous l'ascendant de la suggestion, de l'allusif. Tout est devinette, la lecture en est transformée en jeu. Et on s'y prend.
Chaque étape dégage l'harmonie des éléments: les premiers attouchements rythmés par le galop des chevaux, le pavillon qui ceint les corps s'entrelaçant lors des baisers fougueux...

Tout se confondit dans les ténèbres. La main qui voulait me repousser sentait battre mon coeur. On voulait me fuir, on retombait plus attendrie. Nos âmes se rencontraient, se multipliaient : il en naissait une de chacun de nos baisers.

Cette fougue initiale n'efface point les penchants hédonistes de l'époque, et la délectation langoureuse,  rappelle à l'ordre: il faut savourer doucement!

Tout ceci avait été un peu brusqué. Nous sentîmes notre faute. Nous reprîmes avec plus de détail ce qui nous était échappé. Trop ardent, on est moins délicat. On court à la jouissance en confondant toutes les délices qui la précèdent ; on arrache un noeud, on déchire une gaze ; partout la volupté marque sa trace, et bientôt l'idole ressemble à la victime.


Vivant Denon emploie un langage envoûtant, velouté. Sa plume est légère, raffinée. Le texte est comme un voile immatériel, il effleure sans se laisser saisir. Les personnages, leurs actions se laissent entr'apercevoir grâce aux contours qui se dessinent sous ce voile... Que c'est troublant!

En lisant Point de Lendemain, on goûte au plaisir sans aucun autre but que celui de passer un instant de plaisir. C'est un peu ça le luxe, n'est-ce pas? Et que peut-on demander de mieux à un échantillon de belles-lettres?

 
   

Fiche Produit

Mille et une Nuits Point de lendemain

Point de lendemain

Avis, Essais, Comparer Mille et une Nuits Point de lendemain

Marque : Mille et une Nuits
Date de sortie : 27/08/2002
Prix indicatif : 2.50 €

Auteur : Vivant Denon
Littérature : Française
Siècle : XVIIIe
Collection : La Petite Collection
ISBN-10 : 2842056884
Nombre de pages : 64.00 pages

Commentaires

par blue H 300 11.05.2008 16:34

Vouahh Arétina, tu as le chic pour présenter des choses qui vont plaire autant à Rose qu'à moi! Merci!
PS: tu dis que cela ne relève aucune morale. Il n'y a rien qui puisse choquer une âme très fleur bleue ?

par Aretina F 399 17.05.2008 22:05

Hello, Blue! :)

En fait, il n'y a rien de choquant dans le texte. La morale est à comprendre dans le sens de leçon, exemple, conclusion... :) La phrase est a lire: il ne tire aucune leçon de l'évènement... :)