Avis

Opinion Histoire d'O par lynette
par lynette F 106 04.02.2008 02:20
Style, qualité d'écriture 2/4
Originalité des situations 2/4
Description des scènes d'amour 1/4
Intérêt de l'histoire 1/4
Note Générale 1/4
Les plus : Style correct, sobriété de l'écriture, fin intéressante.
les moins : Répétitif, glauque, personnages éthérés, préface qui me semble malsaine.

Je ne peux pas dire avoir trouvé au livre le moindre intérêt érotique, mais j'avoue l'avoir lu plus par curiosité qu'autre chose alors c'est sans doute normal. Par contre, j'ai été dérangée pendant la lecture par un malaise presque permanent, ce qui m'a semblé étrange étant donné que les pratiques SM, même si je ne m'y adonne pas, ne me choquent pas en elles-mêmes. Et puis j'ai fini par comprendre d'où le malaise venait: O n'est rien. Elle n'a pas de pensées dignes de ce nom, ne manifeste pas d'intérêt pour quoi que ce soit (pas même pour son travail), n'a pas d'amis, et me semble-t'il presque pas de sentiment ou de ressenti non plus. O est une poupée, creuse, dénuée d'intérêt, et peut-être un peu peste. Pour tout dire, le personnage m'a rappelée... celui de Bridget Jones. Oui, je sais le rapprochement peut paraître aberrant :p mais j'ai eu l'impression d'avoir affaire au même genre de perso féminin inexistant qui attend d'un homme une vie ou même un simulacre de vie, faute d'existence intérieure.
Quant aux scènes de sexe en elles-mêmes, peu de variantes, ça tourne en boucle (de ceinture?) et on s'ennuie ferme. La sexualité féminine n'est décrite que par rapport à la sexualité masculine, et ne semble exister qu'en fonction de cette dernière. L'idée de désir est peu exploitée (un comble dans un roman qui se voudrait érotique)et est ramenée systématiquement à celle du pouvoir.
Le livre me semble présenter malgré tout deux qualités qui le sauvent un peu du marasme total à mes yeux: d'abord l'idée de présenter O comme "libérée" à la fin me paraît intéressante (au moment où elle devient totalement asservie) dans la mesure où elle rend possible une réflexion sur ce que ce personnage rechercherait vraiment. Etre "libérée" du poids de sa propre existence? Ensuite le personnage de Jacqueline, qui, bien que survolé, est une bonne esquisse de "survivante" et apporte un contrepoint appréciable au personnage de O (ce qui me parait démentir d'ailleurs, même du point de vue de l'auteure, la généralisation qui est faite dans la préface qui voudrait ramener "toutes les femmes" à O)

 
   

Fiche Produit

LGF - Livre de Poche Histoire d'O

Histoire d'O

Avis, Essais, Comparer LGF - Livre de Poche Histoire d'O

Marque : LGF - Livre de Poche
Date de sortie : 08/09/1997
Prix indicatif : 6.10 €

Auteur : Pauline Réage
Littérature : Française
Siècle : XXe
Collection : Livre de poche
ISBN-10 : 2253147664
Nombre de pages : 281.00 pages

Commentaires

par Lavax F 300 04.02.2008 13:16

Je ne partage pas globalement ton avis, quoique certaines formulations me retiennent, et me paraissent justes ("O n'est rien").

En tout état de cause, je trouve ton analyse très intéressante: merci donc!

par blue H 300 06.02.2008 01:55

merci pour ce bel avis !

par lynette F 106 06.02.2008 02:19

Merci à vous de m'avoir lue..
@Lavax: Ton compliment me touche d'autant plus que tu ne partages pas mon avis, même si je ne saurais exactement dire pourquoi :)
Je ne suis même pas sûre d'avoir bien réussi à exprimer mon ressenti exact. Avant d'avoir lu cet ouvrage, j'avais entendu dire que Mauriac l'avait trouvé "à vomir". J'avais pensé qu'il s'agissait peut-être d'une opinion quelque peu puritaine en face de la description de pratiques sexuelles non classiques. Après l'avoir lu par contre il m'a semblé comprendre pourquoi il avait dit cela. J'avais lu d'autres livres décrivant le don de soi, un amour non partagé, comme dans "se perdre" d'Annie Ernaux par exemple. Mais ici, l'amour que O met en avant pour expliquer ses actes (en utilisant au passage un vocalulaire amoureux qui m'a semblé plutôt niais et bizarrement conformiste, comme si , ne sachant pas ce que c'était , pour le décrire elle était obligée de se raccrocher à ce qu'on en dit) ne m'a pas paru réel, ce qui expliquerait pourquoi elle passe si facilement de René à Sir Stephen. Comme si sa volonté de s'autodétruire était préexistante, et que son amour n'était qu'un "alibi" qu'elle se donne à elle-même, s'attachant très vite à celui qui la fera disparaître le mieux. C'est surtout cela qui m'a déplu et mise autant mal à l'aise, le sexe ici m'a semblé pulsion de mort, et non pulsion de vie.
Désolée pour le commentaire un peu long ;)