Avis

Avis L'Homme qui Aimait les Femmes par Lavax
par Lavax F 300 24.03.2008 01:45
Scénario & Dialogues 4/4
Mise en scène & Réalisation 4/4
Jeu d'acteur 4/4
Scènes érotiques 3/4
Intérêt du film 3/4
Note Générale 3/4
Les plus : Beaucoup de charme, jeu de Charles Denner, sa voix, manière de filmer de Truffaut, charme des couleurs passées
les moins : De quelque façon, le thème même du film, mais je ne saurais dire pourquoi

Caractéristiques
Scénario: François Truffaut, Michel Fermaud, Suzanne Schiffman
Couleurs (quelques scènes en N&B)
Musique: Maurice Jaubert
Photographe: Nestor Almendros

Résumé
Le film s'ouvre sur l'enterrement du personnage principal...Un enterrement bien particulier, puisqu'il n'y a que des femmes pour l'accompagner à sa dernière demeure.
Un flashback retrace la vie, ou plutôt l'étrange passion de Bertrand Morane (Charles Denner) pour les femmes: avant de mourir, Morane avait écrit une autobiographie, Le cavaleur, où il racontait son irrépressible désir pour les femmes. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Morane n'a rien d'un séducteur, il aime les femmes, les inconnues, celles qui passent dans la rue; il les suit, les sent, les repère, les traque. Toutes se divisent en deux sortes: les "grandes tiges", et les "petites pommes"; de dos d'abord, il devine des formes, avant de se retourner sur les visages.

Avis
Ces femmes sont filmées anonymement, en masse; une caméra qui travaille comme dans un reportage, succession d'images en mouvement; l'oeil de Bertrand Morane est un oeil très spécial, oeil de cinéaste (Morane, la quarantaine, est cependant, ingénieur), oeil de quelqu'un qui est derrière une caméra, capable de gros plans sur les jambes des femmes. Une obsession, ces jambes qui marchent, des talons haut l'été, ces jambes qui se croisent, se décroisent.
Se dégage de cette masse de femmes et de jambes une sensualité incroyable - qui n'a rien d'un érotisme; il n'y a pas, en rigueur, de scènes érotiques dans ce film: ce qui intéresse Morane, Truffaut aussi bien, c'est la plastique, les corps dans leurs formes et mouvements.

Charles Denner est admirable: lui-même a un charme fou - malgré l'obsession maladive du personnage; ses regards, ses silences (qui contrastent avec le récit qu'il fait de sa vie en voix off), sa voix.

A sa sortie, l'Homme qui aimait les femmes avait soulevé les mouvements féministes: la femme, disait-on, apparaissait traitée comme un objet.
Quelque chose sans doute insiste de cette critique, que je ne partage pourtant pas: Morane n'aime pas telle ou telle femme, il aime la beauté de la femme, il aime la femme; c'est son oeil qui est amoureux, et il est incapable d'avoir une autre relation à une femme qu'à travers cet oeil qui n'est jamais neutre, mais toujours jugeant. Morane, au reste, n'est rien d'autre qu'un regard, une voix off: le seul caractère charnel du personnage, c'est la présence sur scène de Charles Denner, sa gestuelle. On pourrait dire encore que Bertrand Morane est entièrement découpé (aussi divisé que le sont les femmes qu'il poursuit): Morane, c'est le regard de Truffaut, une voix off (1), les gestes de Charles Denner.
(1) La voix de Denner certes, mais détachée des gestes de Denner, comme si Denner n'était plus Denner, comme si entre le Denner qui parle et le Denner qui agit, il n'y avait aucun rapport...Et justement, Morane est mort depuis le début du film, il n'y a plus, dissociés, que le récit sur Morane, et des images de Morane.

 
   

Fiche Produit

  L'Homme qui Aimait les Femmes

L'Homme qui Aimait les Femmes

Avis, Essais, Comparer   L'Homme qui Aimait les Femmes

Date de sortie : 27/04/1977

Réalisateur : François Truffaut
Acteurs : Charles Denner, Brigitte Fossey, Nelly Borgeaud, Geneviève Fontanel, Nathalie Baye
Durée : 1h58
Années : 1970-1980
Origine : Français
Public : Tout public

Commentaires

par SpongeBob H 300 24.03.2008 14:58

Bonjour Lavax,

D'après toi, le personnage de Bertrand Morane pourrait il bénéficier du même traitement aujourd'hui (charmeur, passionné...) ou faut faudrait il lui adjoindre pleins de névroses liées à son obsession compulsive : après tout, il s'agit d'un pervers fétichiste des jambes, collants et talons aiguilles !

Qu'en penses-tu?

SpongeBob

par Lavax F 300 24.03.2008 15:55

Bonjour SpongeBob,

Dès 1977, c'est un pervers fétichiste! Morane n'est pas sans faire peur, d'ailleurs. Ce n'est pas parce que son oeil est oeil de cinéaste que le voyeurisme n'est pas oppressant.
Mais la "réussite" du film, c'est qu'il a du charme! De même qu'il charme chacune des femmes dans la rue, il charme aussi le spectateur.

Au début du film, j'étais aussi à son enterrement! ;-)

par blue H 300 31.03.2008 15:52

Merci Lavax pour ce bel avis!

par davidfrance H 212 15.02.2011 01:39

Je suis un grand admirateur de ce film !
Bien sûr, François Truffaut, Charles Denner absolument magique, mais surtout ce monologue et cette voix si particulière.
"Les jambes des femmes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tous sens, lui donnant son équilibre et son harmonie".
Lavax, vous étiez à l'enterrement de Morane ou bien celui de Charles Denner ?