Avis

Essai de Roman Les Sonnets Luxurieux par Lavax
par Lavax F 300 05.05.2008 18:58
Style, qualité d'écriture 3/4
Originalité des situations 2/4
Description des scènes d'amour 2/4
Intérêt de l'histoire 2/4
Note Générale 2/4
Les plus : Originalité de ce type de texte
les moins : Sonnets à clé, dimension ironique et satirique pesante

L'invention de la presse people au 16 eme siècle?!

Description
Composés vers la fin de 1525, à Mantoue, ces sonnets furent imprimés in-octavo, en 1531, à Venise, dans un volume contenant divers poèmes en vers - volume aujourd'hui conservé dans la bibliothèque de Gérard Nordmann.
La première édition française, par Alcide Bonneau, en 1882, chez Isidore Liseux et ses Amis, à Paris, a été tirée à 100 exemplaires, et porte la cote Enfer 67(5), à la Bibliothèque Nationale (consultable sur Gallica2). Quant à la première édition française avec la suite complète des dessins de Giulio Romano (1492-1546) - Romano était un élève de Raphaël -, gravés par Marcantonio Raimondi, qui avaient été imprimés pour la première fois en 1524 et avaient inspiré les Sonnets Luxurieux, elle paraît en 1904, sans lieu (à Paris), et porte la cote Enfer 927.

L'édition présentée, ici, est la traduction d'Apollinaire de 1909-1910, avec en postface un article de Maupassant, intitulé "l'Arétin", et publié dans Gil Blas, le 8 décembre 1885. Traduction Apollinaire consultable sur Gallica2, tome 2, p. 189 sq.
Article Maupassant consultable sur:
http://maupassant.free.fr/ Faire une recherche par le mot clé "Arétin".

Ces sonnets sont au nombre de 16 - il y avait 16 postures de Giulio Romano à illustrer. Et ont pour caractéristique formelle d'être des sonnets à queue ou colla coda: il s'agit de sonnets terminés par un tercet dont le premier vers est un hémistiche rimant avec le dernier vers du tercet précédent.
A noter que par rapport aux postures de Romano, les Sonnets Luxurieux proposent une interprétation toute personnelle.

Avis
Comme dans les Dialogues ***, on n'a nullement affaire, dans ces poèmes, à une pornographie neutre, badine, faite pour distraire le lecteur. La visée des Sonnets Luxurieux est immédiatement politique. L'Arétin utilise l'obscénité comme une arme de pouvoir. Ironie, satire, injures, ponctuent les vers, s'adressant à des contemporains, dont nous ne connaissons plus les noms.
Ce sont des textes à clé, inintelligibles pour des non-spécialistes. Des textes qui lassent quelque peu par la répétitivité des attaques: tel membre important d'une famille de Modènes est traité de poltron; telle courtisane est, avec ses partenaires, la risée - ceux-ci étant connus pour être impuissants. L'Arétin joue avec la rumeur, se fait véhicule de celle-ci.
Ces sonnets sont des portraits sarcastiques des troubles sexuels qui hantent les puissants, ou les fameux de l'époque. L'Arétin fait oeuvre de journaliste, comme le dit Maupassant.
Il a quelque chose encore d'un "parvenu de génie". Et certains vers sont trouvés; ainsi ceux que cite Aretina dans son compte rendu (mais faut-il rappeler que la traduction d'Apollinaire n'y est sans doute pas pour rien?)

Ces polémiques de presse, ces coupures de journaux, on les croirait aujourd'hui des textes de paparazzi!

Voilà, sans doute, la force et la faiblesse: l'Arétin invente un genre avec brio - la presse people! Mais quelle presse!

 
   

Fiche Produit

Editinter Les Sonnets Luxurieux

Les Sonnets Luxurieux

Avis, Essais, Comparer Editinter Les Sonnets Luxurieux

Marque : Editinter
Date de sortie : 01/03/2004
Prix indicatif : 12.00 €

Auteur : Pierre Arétin
Littérature : Etrangère
Siècle : XVIe
ISBN-10 : 2914227647
Nombre de pages : 74.00 pages

Commentaires

par SpongeBob H 300 05.05.2008 23:12

bonsoir Lavax,

Sais tu s'ils ont été publiés au fur et à mesure? comme la presse people? :)

ça veut dire quoi "in-octavo" ?

SpongeBob

par mercutioh H 209 05.05.2008 23:48

Chère Lavax,
muse des nuits de Chine,

Peux-tu me dire s'il existe un féminin à ce fabuleux écrivain? ;)

par Claire F 300 05.05.2008 23:49

Juste parce que j'ai fait ma curieuse aussi :

L’in-octavo, également noté in-8° et parfois prononcé in-huit, est une forme de livre où la feuille imprimée a été pliée trois fois, donnant ainsi huit feuillets, soit seize pages. L'in-octavo est plus ou moins grand, selon l'étendue de la feuille.

Au XVIIe siècle et au XVIIIe siècle, les in-octavo ont un format voisin du format A5 actuel (c'est-à-dire la moitié de la surface d'une feuille de papier habituelle des imprimantes informatiques de bureau).


Il me semble qu'un in-octavo neuf n'a pas les pages découpées au niveau de la pliures et qu'il faut le faire au fur et à mesure de la lecture...

par Lavax F 300 06.05.2008 18:33

à Spongebob: "in-octavo": c'était l'époque où les livres étaient systématiquement formés de cahiers dont chacun étaient cousus. Ensuite, selon l'époque, on les brochait (collait les cahiers ensemble) ou reliait.
Pour les cahiers: on prenait une feuille grand format, et on la pliait. Selon la taille de la feuille, et le nombre de pliages, on obtenait des formats différents.

Au dix-neuvième siècle et au vingtième siècle, dans les livres brochés in-octavo, les 4 1eres pages doivent être découpées selon la largeur, puis les 4 suivants, et selon la largeur (en haut, toujours), et 2 fois selon la longueur) (il n'y a que les feuilles du bas de l'ouvrage qui n'ont pas besoin d'être découpées).

Dans les livres reliés, il n'y a pas de découpage à effectuer, car les tranches du livre sont travaillées.

La définition d'un volume in-8° ne va pas de soi:
-il y a le critère que signale Claire; étant entendu que la dimension n'est pas prise en compte, et n'est pas déterminante pour classer un livre en in-4°, in-8°, in-12°, etc.
-mais il faut ajouter que certaines confusions sont possibles, notamment entre in-12° et in-8°. C'est pour cela qu'il faut examiner un certain nombre de signes, à côté du nombre de feuilles par cahiers (à noter que dans un livre relié ancien, et fragile, on a du mal à repérer combien de pages font les cahiers). Le premier moyen, c'est de s'orienter des pontuseaux, qui sont des rayures qu'on aperçoit sur le papier, a fortiori par transparence, quand on place le livre sous une ampoule. Tantôt elles sont horizontales, tantôt perpendiculaires (verticales, et perpendiculaires à d'autres lignes appelées vergeures). Dans le format in-8°, les pontuseaux sont perpendiculaires (elles sont horizontales dans le in-12°); elles coupent de toutes petites raies horizontales très rapprochées les unes des autres, les vergeures.
Ensuite, dans le in-8°, une signature, un B, apparaît à la page 17, en bas, sous la dernière phrase. (dans certains in-8°, on la trouve en page 13); dans le in-12°, le B apparaît à la page 25.

A titre indicatif, sur des volumes que je viens de mesurer:
-un in-quarto du 16 eme siècle fait 23 x 17 cm;
-un in-octavo du 18 eme siècle fait 19,5 x 12,5 cm (A5: 21,0 x 14,8 ---> assez proche en effet)

Très indicatif, puisque ça dépend de la taille initiale des feuilles, mais les dimensions se sont stabilisées, et pour plier x fois, il est nécessaire d'avoir des feuilles de telle ou telle taille.

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La publication s'est faite en 1531 dans un volume non consacré à l'Arétin; il s'agissait d'un volume de poésie - volume qui au reste a longtemps été considéré comme perdu...

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Mercutioh,
Que veux-tu dire par ta question? Tu cherches une "Aretina"?

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EDIT: en fait, j'ai fait un peu de brochure...

par Claire F 300 06.05.2008 19:08

EDIT: en fait, j'ai fait un peu de brochure...

Merci de le préciser, ça décomplexe ~_^
Et merci pour les informations sur la reliure ! Décidément, on se cultive de plein de façons au CDS !

par Lavax F 300 06.05.2008 19:59

Tu avais rectifié toi-même, Claire, à la place de "brochure", il fallait lire "reliure", même si je les couds avant, quand ce sont des feuilles simplement collées (décollées plutôt :D)!! C'est surtout pour relier des livres qui sont tout abîmés.

Mais pour du travail de qualité, sur des livres anciens et fragiles, je m'adresse à un relieur...

par mercutioh H 209 06.05.2008 20:34

Comme chacun, je guette la prose inspirée de notre Aretin_a , mais je me languis de lire ses alexandrins et me pâmer à ses pieds.

par Aretina F 399 18.05.2008 13:18

Hello, Lavax ! :)

Je suis trop contente d'avoir ton avis sur le sonnets aretiniens ! :) Gros merci, et surtout pour avoir si bien saisi la personnalité et les mobiles de l'Aretin. :)

Tu ecris :

La visée des Sonnets Luxurieux est immédiatement politique.

Pour le lecteur contemporain auquel le contexte du XVIe n'est pas connu, cela reste qu'une œuvre purement pornographique. :S Enfin, c'est ce que j'ai pu vérifier en échangeant avec plusieurs personnes par le biais des forums et chats.
La première édition française, par Alcide Bonneau, en 1882, chez Isidore Liseux et ses Amis, à Paris, a été tirée à 100 exemplaires


Luis Antonio de Villena, dans l'introduction aux Sonnets luxurieux, mentionne une probable première édition a Paris, djà en 1757.
(Je possède une version bilingue italo-espagnole des Sonnets luxurieux, achetée dans une librairie gay à Barcelone. Le volume contient aussi des notes explicatives avec des références historico-politiques.
Luis Antonio de Villena est un très connu auteur (poète, traducteur, essayiste) espagnol, qui s'est spécialisé dans la littérature érotique.)

par Lavax F 300 18.05.2008 13:33

Hello Aretina!
Merci de donner la référence espagnole: quel traducteur français Villena indique-t-il pour l'édition de 1757?***
Je vais me renseigner!
C'est très intéressant, d'autant que l'histoire de ce volume est semée de mystères!

***Ca t'ennuie de rapporter ses arguments?

par Aretina F 399 18.05.2008 13:56

En fait, Villena ne mentionne pas une traduction, si non une édition.
Le contexte est le suivant : il parle plutot d'edition pour le francais.
(d'emblée, pardon pour les éventuelles erreurs, je traduis de l'espagnol)

Tel que s'est mentionné dans une lettre de Jaime Balmes, lors d'un diner à Bruxelles, Monseigneur Pecci (le futur pape Léon XIII, défenseur de l'Aretin) fait référence a cette affaire, les sonnets luxurieux ne furent jamais édité lorsque leur auteur était en vie, bien que, selon les coutumes de l'époque, il en existaient des nombreuses copies manuscrites. La probable première édition de notre texte - édition rare - fut faite à Paris vers 1757, où les tendances des Lumières et les gouts de ce siècle élégant pour la galanterie érotique rendirent possible l'édition des 16 sonnets déjà très célèbres.


Quant aux traductions, il mentionne plutôt celles vers l'espagnol: la première traduccion semble d'etre celle effectuée par Juan B. Bergua vers 1933. (En 1933, Bergua fait imprimer la traduction des Ragionamenti, où il met les Sonnets en épilogue. )

Sinon, compte-moi parmi tous ceux qui guettent tout detail sur cette affaire. (Sur Gallica on peut aussi consulter l'œuvre sur la renaissance de Jakob Burckhardt. Il faudra voir comment avoir acces aux écrits d'Arturo Graf.)

par Lavax F 300 18.05.2008 14:00

Mille mercis! Je m'absente quelques heures, et je jette un oeil sur divers documents pour voir de mon côté ce que je trouve.
Tu as regardé chez Pia?

par Aretina F 399 18.05.2008 14:04

:( (commence presuqe a pleurer) J'ai pas le Pia... j'ai que le dictionnaire des œuvres érotiques... Qui ne traite pas les Sonnets luxurieux. :( C'est scandaleux !

par Aretina F 399 10.06.2008 19:55

Lavax !!! :D :D
J'ai réussi a trouver l'étude d'Arturo Graf ! En italien, mais je te passe le lien néanmoins, peut être que tu trouves des références suffisantes pour une recherche en français.
Le voici : http://www.archive.org/details/attraversoilcinq00grafuoft
(A gauche tu peux choisir le type de format (PDF, TXT, etc...)

Ah, quelle joie quand j'ai vu que ce texte a été numérisé ! :)

par Lavax F 300 10.06.2008 22:21

Merci, merci, merci! Et encore merci! :)