Avis

Bouquin Filles perdues - Test par alias
par alias F 300 26.02.2010 12:25
Style, qualité d'écriture 3/4
Originalité des situations 3/4
Intérêt de l'histoire 4/4
Description des scènes d'amour 4/4
Illustrations 3/4
Note Générale 4/4
Les plus : les illustrations lumineuses, les nombreuses références artistiques
les moins : les dialogues, certaines situations sordides

Quitte à acheter une première bande-dessinée érotique autant choisir un auteur-scénariste reconnu pour son talent : Alan Moore. Même si vous n’êtes pas BD-philes, vous avez certainement entendu parler de ses oeuvres via leurs adaptations cinématographiques : From Hell, la ligue des gentlemen extraordinaire, Watchmen, V pour vendetta pour ne citer qu’elles. L’illustratrice, je ne la connaissais pas  est Melinda Gebbie. Il leur aura fallu plus d’une dizaine d’année pour concevoir les Filles Perdues ouvrage paru aux Etats-Unis en trois opus. Cette collaboration a été très fructueuse puisque l’auteur et la dessinatrice se sont mariés.

L’édition française réunit les trois opus de 10 chapîtres chacun en un seul luxueux recueil aux pages très odorantes. Ce livre a faillli ne pas paraître à cause de problèmes de censure.

L’intrigue se passe en 1917 à l’hôtel Himmelgarten (nom qui n’est pas choisi au hasard) en Autriche aux abords de Vienne.  Le patron de l’hôtel met à disposition de ses clients un petit ouvrage de nouvelles érotiques.

Les Filles Perdues réunit trois personnages de la littérature enfantine anglo-saxonne : Alice (Alice aux Pays des Merveilles, Derrière le Miroir de Lewis Caroll, écrivain aux moeurs plus que douteuses), Wendy ( Peter Pan de Sir james Matthew barry ) et Dorothy (Le Magicien d’Oz de Lyman Frank Baum ).

L’entreprenante et désabusée Alice est Lady Fairchild, célibataire reniée  par sa famille à cause de scandales.
La timorée Wendy est mariée à Monsieur Potter triste sire de 25 ans son aîné, leur vie sexuelle est très endormie.  
La ravissante évaporée Dorothy Gale semble toujours prête à tenter de nouvelles expériences sexuelles.

Ces trois femmes se découvrent un passé semblable :  des expériences sexuelles difficilement avouables et pour certaines traumatisantes qui se sont déroulées au cours de leur adolescence. Elles vont peu à peu se raconter leurs histoires avec de nombreuses références aux contes originaux et parallèlement elles vont  devenir amantes.  Au fil de l’ouvrage les aveux se font de plus en plus sombres et sordides ainsi que leurs expériences au sein de l’hôtel.

Les illustrations aussi magnifiques qu’elles soient peuvent dérouter par la diversité de leur style. Elles ont du relief et sont très lumineuses, les « pleine page » sont sublimes.  
Les techniques utilisées par la dessinatrice sont diverses pastels, aquarelles, crayons… Elle utilise un artifice de mise en scène pour le récit des trois héroïnes , chacune à une mise en page spécifique : des ovales "miroir" pour Alice, de longues images verticales "phalliques" surmontées d’un théatre d’ombre panoramique horizontal pour Wendy et des longues images horizontales pour Dorothy qui n'hésite pas à s'allonger dans les bottes de foins très facilement.
Le style Art Nouveau est très bien traduit, les références picturales explicitées ou non sont superbes (Klimt, Schiele, Muncha…).

Le scenario est bon même si les répétitions ne sont pas absentes. Les dialogues manquent malheureusement souvent de finesse.  Les références à des auteurs contreversés sont nombreuses (Oscar Wilde, Pierre Louys, Colette, Sade..).
L’intrigue est ancrée historiquement (assassinat de l'archiduc) et artistiquement (le Sacre du Printemps par Nijinski, l’Art Nouveau) dans son époque. La première partie nous met en situation les trois héroïnes et leur rencontre, la deuxième constitue comme un âge d’or. La troisième partie est beaucoup plus sordide.  

L’érotisme et la pornographie sont très présents. Beaucoup de scènes sont très émoustillantes et la lecture à une main chère aux clubbistes n’est pas absente.

Il y a une grande diversité de situation ; lesbianisme, pédérastie, triolisme, orgies sexuelles, viols, masturbation, utilisation de sextoys, inceste, pédoph

 
   

Fiche Produit

Productions Guy Delcourt Filles perdues

Filles perdues

Avis, Essais, Comparer Productions Guy Delcourt Filles perdues

Marque : Productions Guy Delcourt
Date de sortie : 12/03/2008
Prix indicatif : 49.90 €

Auteur : Alan Moore, Melinda Gebbie
ISBN-10 : 2840558114
Nombre de pages : 317.00 pages

Commentaires

par alias F 300 26.02.2010 13:55

OUPS, j'ai fait une faute de frappe, il ne s'agit pas de Muncha mais Mucha Alfons.

par Marii F 300 26.02.2010 14:12

recueil aux pages très odorantes

C'est une BD pour moi, ça!
Si tu es puritaine, je dois l'être aussi car j'ai aussi des soucis avec l'inceste et la pédophilie.
Merci pour ce superbe avis qui me donne encore plus envie de le lire. :-)

par alias F 300 26.02.2010 15:04

Je connais ton amour de l'odeur des livres, c'est pour ça que je l'ai mentionné dans mon commentaire. L'odeur est vraiment très présente et voulue par l'éditeur.

L'ouvrage est vraiment intéressant et beau.

par Marii F 300 26.02.2010 15:18

C'est gentil d'avoir pensé à moi. :-)

par Leto H 664 26.02.2010 16:44

Dommage qu'il n'y ait pas moyen de le feuilleter. A priori, le dessin ne me plait pas trop, d'après la couverture, mais ton avis est très tentant, Alias :-)

par alias F 300 01.03.2010 13:15

La couverture n'est pas révélatrice de tout l'ouvrage. Si j'ai beaucoup de temps et si cela vous interesse, je peux essayer de prendre en photo quelques planches et vous les mettre à disposition quelque part.
Il y en a quelques unes disponibles sur internet : une simple recherche google images suffit. Mais ce ne sont pas forcément celles qui me plaisent le plus.

par Leto H 664 01.03.2010 18:46

Ce serait chouette, ça, Alias :-). Ca fait un bout de temps que tu mentionnes cet album et je suis vraiment curieux de savoir pourquoi il est si spécial et surtout si ça me plairait :-)

par freddyfour H 1 01.04.2012 20:31

Alias, c'est une bonne critique mais cependant il ne faut pas oublier le récit d'une perversion n'est pas la perversion elle-même.

Je trouve donc que c'est un livre qui aborde justement ces sujets très délicats avec toute la dextérité d'Alan Moore.

Je veux aussi parler de son livre "La voix du feu" qui contient un chapitre que j'ai trouvé assez érotique également. Un vieux juge dans l’Angleterre moyen-ageuse  qui de villes en villes et de procès en procès use et abuse des femmes du peuple. Le procès qui le conduit à Northampton (épicentre des tout les chapitres de ce livre et lieu de vie d'Alan Moore) prendra toutefois une tournure différente.

par Marii F 300 09.04.2012 22:54

Je n'ai toujours pas trouvé le temps de le lire, néanmoins je pense peut-être comprendre ce qu'a voulu dire alias. Il est évident que le récit d'une perversion n'est pas la perversion elle-même, mais ce récit peut être difficilement supportable à lire s'il aborde une perversion sur laquelle le lecteur "coince".