Philo Editions Philosophie magazine N°11 - Dossier : Homme-Femme, la confusion des genres

Philosophie magazine N°11 - Dossier : Homme-Femme, la confusion des genres

Avis, Essais, Comparer Philo Editions Philosophie magazine N°11 - Dossier : Homme-Femme, la confusion des genres

Marque : Philo Editions
Date de sortie : 01/07/2007
Prix indicatif : 4.90 €

Format : A4

Notes moyennes des avis

Choix des thèmes sexo  Philosophie magazine N°11 - Dossier : Homme-Femme, la confusion des genres : Choix des thèmes sexo : 4,00/4 
Intéret des articles sexo  Philosophie magazine N°11 - Dossier : Homme-Femme, la confusion des genres : Intéret des articles sexo : 4,00/4 
Illustrations des articles sexo  Philosophie magazine N°11 - Dossier : Homme-Femme, la confusion des genres : Illustrations des articles sexo : 3,00/4 
Interêt général du magazine  Philosophie magazine N°11 - Dossier : Homme-Femme, la confusion des genres : Interêt général du magazine : 4,00/4 
Rapport qualité/prix  Philosophie magazine N°11 - Dossier : Homme-Femme, la confusion des genres : Rapport qualité/prix : 4,00/4 

 
avis utilisateurs  (1)
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par blue H 300
30.08.2007

Choix des thèmes sexo 4/4
Intéret des articles sexo 4/4
Illustrations des articles sexo 3/4
Interêt général du magazine 4/4
Rapport qualité/prix 4/4
Note Générale 4/4
Les plus : Qualité des intervenants, Bonne synthèse des positions, sujet très large sur la différence des sexes.
les moins : Un petit manque quant à l'équilibre du débat.

" Hommes - femmes ; la confusion des genres".
Le dossier est sérieux: 19 pages, avec des intervenants qui ne le sont pas moins. A lire absolument!
Le titre pourrait laisser penser que le sujet porte sur un phénomène de société, sur les tendances  type métro-sexuel, etc… Cela va bien plus loin que ça. Il s'agit d'aborder le fond de la différence entre les sexes.

                     -Deux positions s'affrontent pour répondre à cette épineuse question. La position la plus classique consiste à affirmer une différence essentielle entre les hommes et les femmes. On affirme alors, par exemple, que les polarités hommes femmes ont des rôles essentiels dans l'éducation. On retrouve sur cette position nombre de psychanalystes et d'anthropologues dans la lignée de Lévi-Strauss.
                     - A l'opposé se trouve le courant des "gender study". L'idée est que l'on a pris les polarités hommes femmes pour des données naturelles, alors qu'elles ne sont en grande majorité que des constructions sociales*. Ainsi, il faudrait considérer comme indépendant le sexe (donné biologique) du genre (masculin /féminin). Judith Butler propose encore une distinction supplémentaire en y rajoutant le désir. Ainsi on peut avoir un individu de sexe masculin, de genre féminin, mais qui désire les femmes par exemple. Cette caractérisation tripartite de la sexualité a le mérite d'offrir un large panel descriptif des sexualités.
   Cependant, le sexe en tant que qualification biologique est aussi soumis à l'interprétation, car si on s'arrêtait aux données génétiques, aucun changement de sexe ne pourrait être envisagé. Or, nombre de pays envisagent pourtant ce changement en exigeant qu'une opération fasse que l'anatomie de la personne soit plus en accord avec son sexe légal. Comme le dit Eric Frassin: "En fait le sexe lui-même n'est pas une donnée simple. Il résulte d'une construction sociale, voir d'interventions médicales (…)". **
            Lorsqu'un pays comme l'Espagne autorise le changement de sexe sans opération, cela est vécu comme une marque d'ouverture d'esprit envers la transsexualité, cause soutenue par les tenants des "gender studies". Ainsi, Judith Butler se félicite de cette évolution de la législation espagnole. Pourtant, il me semble qu'il y a une forme de contradiction, dans cette posture: car vouloir que le sexe puisse être changé sans qu'il y ait de modifications morphologiques, n'est-ce pas justement tomber dans la confusion du sexe et du genre ? Pour le dire autrement: une personne qui ne veut pas changer de corps, ne devrait elle pas accepter que son sexe ne change pas, mais plutôt militer pour que l'on intègre l'idée que l'on peut avoir un genre d'une polarité opposée à celle de son sexe ?  Le combat pour le changement de sexe sans modification morphologique, et celui pour l'affirmation de l'indépendance du genre avec le sexe, et donc l'ouverture au mariage et à l'adoption pour des personnes de même sexe, semblent avoir des affinités, mais ne me paraissent pas cohérents entre eux.

L'article est très riche, et bien des aspects n'apparaissent pas dans le commentaire que j'en fais ici. Ceux qui pensent que le sexe et le genre ne sont pas indépendants sont présents, mais un peu sous représentés. Françoise Héritier qui a succédé à Claude Lévi-Strauss à la chair d'anthropologie, a laissé un entretien fort intéressant, mais qui n'est pas destiné à répondre frontalement à ce dialogue. Son article se termine sur un point sur lequel tous se retrouvent: il y a toujours eu un fort enjeu de à travers les interprétations des différences entre les sexes. Sa conclusion m'est apparue fort intéressante:
" Les politiques n'ont pas suffisamment pris conscience de l'importance du problème de l'inégalité hommes-femmes. Elle est à la base de toutes les discriminations et de tous les racismes, elle a formé le moule dans lequel ils se sont coulés. Alors que nos dirigeants s'imaginent naïvement que quelques mesures adaptatives et une journée de la femme suffisent à l'évacuer, c'est en réalité le cœur de tous les problèmes de discrimination ".

* = Cependant il peut y avoir des différences essentielles qui ne sont pas naturelles. Le complexe d'oedipe par exemple serait un universel culturel et pas naturel. La question est alors de savoir si une donnée sur la différence des sexes est universelle, ou si il s'agit d'une construction qui n'a rien de nécessaire…

* * = La suite de ce court et passionnant article passe trop rapidement à mon sens du sexe à la sexualité. Or si on accepte la distinction du sexe et du genre, alors il faut fermement dissocier le sexe de la sexualité ; cette dernière désignant non seulement le sexe, mais aussi le genre et le désir.

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