Style, qualité d'écriture |
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Originalité des situations |
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Description des scènes d'amour |
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Intérêt de l'histoire |
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Note Générale |
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Les plus : Pamphlet contre les humiliations subies par les prostituées
les moins : Edition non annotée, saynettes répétitives
Présentation de l'édition a été proposée ici: ClubDesSens.fr > /products/review.html?ID=4468 . Veuillez me pardonner de ne pas la reprendre.
Les Dialogues de l'Arétin ont deux ambitions: non pas seulement comparer les modes de vie qui se présentent à la femme du seizième siècle, mais dresser un tableau complet de la prostitution. Alors que la Vie des Courtisanes explicitait les ruses du putanisme, les Roueries des Hommes tente de légitimer l'attitude des prostituées: quand on subit les scélératesses les pires, on devient soi-même scélérate.
Voici l'avant-dernière journée...Il se fait tard.
L'argument Entre courtisans et courtisanes, c'est l'affrontement des ruses; chacun s'entre-vole. Au plus malin, donc! "Les putains d'à présent ressemblent aux courtisans d'à présent". Il y a parfaite symétrie entre canailles et pouilleux qui achètent les services de ces dames, et celles-ci. C'est d'abord une guerre économique: un métier qui coûte de la peine demande à être payé. Comme les métiers de soldat, de médecin, de palefrenier, le métier de putain exige paiement: il faut payer son loyer, manger, et avoir des loisirs. Il y va du simple bon sens: tout travail exige rémunération. Or, quelle rémunération demander pour une aussi sale tâche que mettre les doigts dans le trou du c... d'un monsieur? Comment être heureuse ensuite quand il y a toujours dépendance, quand il "faut s'asseoir avec le cul d'un autre, marcher avec les pieds d'un autre, dormir avec les yeux d'un autre, manger avec la bouche d'un autre"? La prostituée n'a pas de vie privée, c'est une femme publique, c'est-à-dire une femme dont le corps est public: il ne lui appartient pas.
De là, mépris, humiliations, viols, tortures insoutenables.
Il n'y a plus moyen de vivre, conclut la Nanna: voilà pourquoi elle a envie de cracher les mots, de les enfoncer comme des crocs dans la cervelle.
Avis La structure du dialogue (en petites histoires mettant en scène des vies de prostituées) donne une part plus active à la Pippa (1) que dans la précédente journée; elle rappelle à l'ordre sa mère, lui demande d'abréger, l'accuse de radotage - comme si l'Arétin avait lui-même conscience des faiblesses de son texte. Mais la Nanna (1) n'en veut rien savoir: elle enfonce le clou, la colère transperce les mots - puisqu'elle n'a plus que les mots, mots qu'elle écorche à plaisir, qu'elle invente. Ce n'est sans doute pas la journée littérairement la plus réussie, dans l'ensemble des Ragionamenti, mais la critique qui y est délivrée ne laissera pas indifférent, et va contre bien des opinions reçues. La dénonciation des viols (à plusieurs) et tortures montre un réel souci d'améliorer la condition de la courtisane.
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