Style, qualité d'écriture |
 |
Originalité des situations |
 |
Description des scènes d'amour |
 |
Intérêt de l'histoire |
 |
Note Générale |
 |
Les plus : Contes indiscrets et licencieux, jeux de mots, quiproquos, épicurisme du 17 eme
les moins : La langue du 17 eme peut gêner
On connaît bien souvent La Fontaine pour ses fables, on le connaît moins pour ses contes et nouvelles érotiques. Cela me tentait donc de faire un petit compte rendu sur ce texte d'un des plus grands poètes français.
Les "Contes et Nouvelles" a été publié en plusieurs livraisons sur 20 années et n'a jamais été réuni, du vivant de La Fontaine, en un seul volume: en 1665 paraît un recueil intitulé "Nouvelles en vers tirée [sic] de Boccace et d'Arioste", et signé "M. de L. F." (à Paris, chez Claude Barbin). Quelques semaines plus tard, paraît chez le même éditeur un second recueil: "Contes et nouvelles en vers de M. de La Fontaine"; en 1666, la "Deuxième partie des Contes et Nouvelles en vers de M. de La Fontaine" paraît chez Claude Barbin et Louis Billaine; trois autres contes parurent en 1667, à Cologne. La troisième partie parut en 1671 chez Barbin toujours. La quatrième, en 1674, fut publiée à Mons, chez Gaspar Migeon, sous le titre "Nouveaux contes de Monsieur de La Fontaine": impression clandestine, sans privilège du Roi; le nom de Migeon, au reste, n'existe pas. La quatrième partie des Contes qui contient notamment le fameux et admirable conte: "Comment l'esprit vient aux filles", fut interdite en France par une sentence de police en date du 5 avril 1675: cet ouvrage, y lit-on, "se trouve rempli de termes indiscrets et malhonnêtes, et dont la lecture ne peut avoir d'autre effet que celui de corrompre les bonnes moeurs et d'inspirer le libertinage". La cinquième partie, enfin, paraît en 1682; en 1684, La Fontaine est élu à l'Académie Française, déplorant, mais avec convenance, ses égarements passés... En 1685, de nouveaux contes sont publiés!
Comment présenter ces contes? Tâche plus que difficile quand il s'agit de parler de poèmes dont la langue est parfaite. Des contes indiscrets, malhonnêtes, licencieux: oui! Toujours enjoués et rusés: les mots y sont susceptibles de double sens, alimentant innombrables quiproquos et clins d'oeil; détourné par le contexte, le sens habituel devient friponnerie: "(...)Aussitôt qu'il aperçut l'énorme Solution de continuité, Il demeura si fort épouvanté, Qu'il prit la fuite (...)" La "solution de continuité", ici, désigne le sexe d'une femme qui explique au diable que son mari la battant lui a laissé une plaie béante entre les cuisses. Peu de termes par eux-mêmes érotiques: le coup de génie consiste à montrer que n'importe quel terme, selon le contexte, peut devenir érotique et libertin. Tout est voilé, mais en transparence: "Nuls traits à découvert n'ont ici de place Tout y sera voilé, mais de gaze, et si bien Que je crois qu'on n'en perdra rien"...
Cocuage (innocent ou volontaire), dépucelage, jalousie, revanche! Les femmes particulèrement sont montrées sous un jour défavorable: elles rendent cocu leur époux par bêtise, sont dépucelées par bêtise, acquièrent de l'esprit ... par bêtise!
Comme les fables, les contes et nouvelles se finissent le plus souvent par une pirouette, un retournement.
Boccace, Rabelais, etc., sont les modèles de La Fontaine. On pense aussi à des vers du genre: "Et la plaisir s'accroît quand l'effet se retire" (à lire à haute voix), ou encore: "Certe cuis, Venus, illa tremens"... (à haute voix également).
N'oublions pas que La Fontaine faisait partie du cercle des épicuriens gassendistes qui réunissait alors Cyrano de Bergerac, Molière, ou La Mothe Le Vayer.
|